Education et développement au 2ème Forum mondial des femmes francophones

Après une première édition à Paris, le Forum mondial des femmes francophone s’installe dans la capitale de la République démocratique du Congo pour deux jours, lundi 3 et mardi 4 mars. Une initiative lancée depuis la France par Yamina Benguigui, ministre déléguée chargée de la Francophonie, et depuis la RDC, par Geneviève Inagosi, ministre congolaise du Genre de la Famille et de l’enfant.. 800 participant-e-s sont attendu-e-s pour parler d’éducation, de développement économique et d’accès au pouvoir politique.
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Education et développement au 2ème Forum mondial des femmes francophones
Plus de 800 participant-e-s au Forum des femmes francophones de Kinshasa. AFP
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Cela peut sembler paradoxal. Alors qu’à Paris, pour la première édition en 2013, le Forum avait soulevé la dramatique question des viols perpétrés par les groupes armés dans l’Est de la République démocratique du Congo (en permettant à de nombreuses victimes et militantes de témoigner), à Kinshasa, il sera surtout question de développement. Les Congolaises, dit-on, en ont assez d’être constamment ramenées aux problèmes de violences et de guerre. Une réalité qui s’avère encore plus gênante pour le chef d’Etat congolais même, Joseph Kabila, attendu en personne à la cérémonie d’ouverture du Forum.

Résultat, les débats porteront sur des thèmes relativement consensuels mais qui restent pas moins déterminants dans la lutte contre les discriminations dont sont victimes les femmes (et les filles !) : l’éducation, le développement économique et le pouvoir politique. Avec une volonté forte de défendre le droit à la scolarisation des filles, « le premier des droits », ne cesse de marteler la ministre Yamina Benguigui. 
 
La scolarisation des filles, la priorité 
 
Aujourd’hui encore, 31 millions de filles ne vont pas à l’école (soit 54% des enfants non scolarisés dans le monde) et 34 millions d’adolescentes en âge de fréquenter le secondaire ne sont pas pas scolarisées. Or, instruction et développement vont de pair. Une fille éduquée a plus de chance d’obtenir un emploi et de participer à l’essor économique de son pays. Des rapports de l’UNICEF ont démontré qu'une année de scolarisation en moins dans le primaire entraine plus tard pour les femmes une perte de revenu de 10 à 20 % et qu’un point de pourcentage supplémentaire en termes de taux de scolarisation des filles se traduit en moyenne par une augmentation de 0,3 de point de pourcentage du PNB. 
 
En République démocratique du Congo, la scolarisation des filles reste un enjeu crucial comme le démontre un rapport national de 2013 sur les enfants non scolarisés. Dans ce pays francophone le plus peuplé, 73,5 % des garçons vont à l’école contre 68,3 % de filles et plus de filles que de garçons abandonnent en cours de route. En 2011, seulement 48% des écolières ont achevé le cycle primaire. Dans le secondaire, les écarts sont encore plus marqués. 60% des enfants non scolarisés sont des filles entre 12 et 13 ans, un taux qui grimpe à 64 % entre 14 et 17 ans.

Quand les enfants deviennent les reporters de leur éducation à Kinshasa

Mehdi Meddeb, Maxime Souville
En RDC la situation s’améliore, grâce à des programmes pour inciter les enfants, en particulier les filles, à se pencher sur les difficultés de la scolarisation. Portrait de Eunice Miba, l'une de ces apprenties reporters à Kinshasa qui rêve de devenir "femme d'affaires".
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La création d'un fonds mondial francophone
 
Dans ce contexte, l'un des objectifs annoncés du Forum est la création d’un fonds mondial francophone pour la scolarisation des filles. Pour l’abonder, la ministre Yamina Benguigui mise sur les Etats membres de la Francophonie, les instances internationales et les fondations privées. Mais faut-il encore réussir à convaincre. 
 
Or, pour l’instant, les personnalités de haut rang ne se bousculent pas au Forum de Kinshasa : Irina Bokova, la directrice générale de l’UNESCO (dont la principale mission est précisément l’éducation) n’a pas pu se déplacer jusqu’en RDC, ni même la directrice générale d’ONU-Femmes, la sud-africaine Phumzile Mlambo Ngucka. Les Nations-Unis marqueront leur présence uniquement par la participation de Mary Robinson, l’envoyée spéciale du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs. Côté français, la ministre aux Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, ne sera pas non plus au rendez-vous, pas plus que le ministre délégué au développement, Pascal Canfin. En revanche, celle qui incarne l'espoir de paix en Centrafrique, la présidente Catherine Samba-Panza, participera au Forum. Quant à la société civile de l'espace francophone, elle sera représentée dans sa plus large diversité : plus de 800 représentant-e-s de réseaux et ONG participeront à la séance plénière et aux ateliers.

Burkina Faso : maintenir les filles à l'école, le nouvel enjeu

Vidéo : Camille Sarret et Martin Vanden Bossche
Au Burkina Faso, la scolarisation des filles a fait des progrès considérables dans le primaire. Elles sont quasiment autant que les garçons dans les petites classes mais elles restent nombreuses à abandonner en cours de cycle et bien peu continuent dans le secondaire, nouvelle barrière à franchir. 
 
Explications avec Cécile Beloum Ouédraogo, ancienne ministre, responsable de l'association AMMIE (Appui moral, matériel, intellectuel à l'enfant), invitée au Forum mondial des femmes francophones à Kinshasa.

 


Forum 2014

A l'initiative de la ministre française déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui, le deuxième Forum mondial des femmes francophones se tient à Kinshasa en République démocratique du Congo, le 3 et 4 mars 2014.