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Un an après le mouvement MeToo, c'est un festival de musique d'un genre nouveau, si l'on peut dire, qui se tient sur 2 jours à Göteborg, en Suède. De la sécurité à la scène, en passant par le public, seulement des femmes, des trans ou des queers... et aucun homme. Du moins aucun homme qui s'identifie avec le sexe assigné à sa naissance. Voilà pour le "Statement" du Festival - ou Déclaration, en français - comme l'a baptisé son organisatrice.
Hormis les femmes, on accueille volontiers aussi les hommes non-binaires et transgenres. Mais ce Festival, c'est vrai, on l'a voulu et décidé comme une "zone libre", en réaction aux violences sexuelles qui ont eu lieu l'an dernier".
Emma Knyckare, fondatrice et organisatrice du festival Statement
Pas moins de 4 viols et 23 agressions sexuelles ont eu lieu l'an dernier à Bravalle, l'événement musical le plus important en Suède, qui a été interdit. Profiter de la musique en toute décontraction, sans crainte, dans l'entre-soi, répond donc à une demande réelle, selon ces femmes.
On se sent en sécurité ici. Les femmes peuvent se réunir, faire la fête et se sentir en sécurité.
Julia Skonneby, danseuse
Ce festival serait une premiere mondiale dans un pays - la Suède - pionnier en terme d'égalité des droits hommes-femmes, et où existe également un parti féministe depuis 4 ans. Reste à voir s'il trouvera à se financer durablement et s'il fera des petits ailleurs. Cette année, le festival Statement a été lancé grâce au crowdfunding : près de 50 000 euros de financement participatif.
"Ce festival était nécessaire en raison de tout ce qui s'est passé lors des festivals de l'année dernière", explique Matilda Hagerman, une étudiante de 27 ans, suscitant l'approbation de ses amies autour d'elle, rassemblées dans un bâtiment industriel du port de Göteborg, la deuxième ville de Suède.
"Que penseriez-vous d'un festival génial où seules les non-hommes sont bienvenues jusqu'à ce que TOUS les hommes apprennent à bien se tenir", avait lancé alors sur Twitter la comédienne suédoise Emma Knyckare, la fondatrice du festival.
Un festival interdit aux hommes .. les suedoises sont des génies!!!!! #statementfestival
— Clariice (@ClariceDvn) 1 septembre 2018
Des femmes bière à la main et souriantes évoluent dans le bâtiment. Les agents de sécurité et même les journalistes de sexe masculin ne sont pas autorisés à entrer. Deux scènes principales accueillent pour deux jours des musiciennes pour l'essentiel suédoises. Des sièges roses sont disposés à l'extérieur pour faire de cet événement un lieu de convivialité différent des autres festivals. Les participantes approuvent l'atmosphère et la programmation sur les réseaux sociaux : "Château gonflable pour adultes"! Enfin! J'ai attendu 37 ans !"
Hoppborg för vuxna! Äntligen! Jag har väntat 37 år!#hoppborg #statement #statementfestival #sweden #göteborg #gbg #hoppförfeminism https://t.co/1Txdu7xmkB pic.twitter.com/pcD6h8k3JH
— Alexandra Jau (@lwordish) 1 septembre 2018
Ella Music Education in Göteborg - Statement Festival! Ella Music students 2010, 2011 and 2018 <3! #ellamusiceducation #ellamusicnation #statementfestival #statementfestival2018 #gothenburg #formerellamusicstudents #ellamusicstudents2018 #love pic.twitter.com/r4x31qfUPC
— Ella Music Nation (@EllaMusicNation) 1 septembre 2018
Kul delux med geniet @Josefinito på underbara #statementfestival pic.twitter.com/6NSZWj0Hlx
— Clara (@jagundrarvarfor) 1 septembre 2018
"Cet endroit est comme un lieu où l'on se sent en sécurité et où les femmes peuvent se retrouver simplement, s'amuser et faire la fête... notamment après les agressions survenues lors d'autres festivals", se félicite Julia Skonneby, une musicienne de 34 ans.
"C'est comme si une certaine tension s'était évanouie... Nous sommes ici pour faire ensemble une déclaration", confirme Hanna Gustavsson, une designer de 31 ans, en faisant un jeu de mots avec le nom anglais du festival, Statement.
Lorsque l'on pose la question à une participante : "et si le festival était interdit aux musulmans, par exemple ?" La réponse fuse rapide : "les musulmans sont une minorité déjà discriminés, alors oui ce serait du racisme. Mais les hommes sont une majorité non discriminée".
Le festival a recueilli pour son lancement plus de 500.000 couronnes suédoises (47.000 euros) par le biais d'un financement participatif.
Les femmes transgenres, nées hommes, sont les bienvenues au festival, qui considère une personne transgenre comme une "personne qui ne s'identifie pas avec le sexe assigné à (sa) naissance".
La Suède est l'un des pays du monde les plus respectueux en matière de respect de l'égalité des droits hommes/femmes.
A la suite de plusieurs plaintes, l'agence gouvernementale pour l'égalité a demandé cependant au festival Statement de préciser ce qu'il entendait par "cis men", les hommes se considérant des hommes et donc interdits de festival.
"Nous voulons nous assurer que le festival est compatible avec les lois" contre la discrimination, a indiqué à l'AFP le porte-parole de l'agence, Clas Lundstedt, promettant une réponse dans seulement quelques semaines. Pour une participante au festival, l'interdiction des hommes est une bonne chose. "Je ne crois pas à la séparation complète (entre hommes et femmes), mais je pense qu'il est très important d'avoir spécialement aujourd'hui ce festival".
Selon le Conseil suédois pour la prévention de la criminalité, 4,1% des femmes déclarent avoir été victimes de violences sexuelles contre 0,6% des hommes.
Emma Knyckare souligne que la vague MeToo a mis au jour de "sérieux problèmes" en Suède, non seulement dans les festivals de musique mais aussi au sein de nombreuses institutions. "On a l'impression que les hommes ont ouvert les yeux sur l'énormité du problème de la violence sexuelle".
Le Statement Festival s'il est une première mondiale en tant que festival, n'inaugure certainement pas des spectacles uniquement par et pour les femmes qui existent depuis la nuit des temps, sur tous les continents, et qui continuent à faire des adeptes comme en Inde où ils sont vécus comme "de vraies bulles de liberté". Ainsi de la récente édition du spectacle Femapalooza dans un studio de la capitale indienne New Delhi, de l'humour aux femmes qui leur offre une respiration dans ce pays profondément conservateur et dominé, là comme ailleurs, par les hommes.