Fil d'Ariane
Cette quête, les Islandais l'ont mise en place à marche forcée, surtout depuis que la crise économique a frappé ce petit pays à la maigre population (320 000 habitants, à peine 1/6ème de la ville de Paris) et au climat austère. L'Islande fut frappée de plein fouet en 2008 par la déferlante des "emprunts pourris". Echaudé.es par des dirigeants au mieux incompétents, au pire corrompus, des hommes presque toujours, ils/elles mirent en place de nouvelles pratiques politiques et balayèrent leurs gouvernants pour les remplacer... par des femmes.
En 2012, malgré la défaite de la journaliste Thóra Arnórsdóttir face à l'irrévocable Ólafur Ragnar Grímsson, réélu pour un cinquième mandat à la présidence de l'Islande, tous les postes clés de l'administration du pays sont alors aux mains d'Islandaises : la fonction de Premier ministre, la présidence du Parlement et la charge de premier évêque de l’Église protestante.
Mais le pouvoir économique, celui qui selon certains soumet le politique, reste alors la chasse gardée des hommes. En 2013, il manquait toujours 211 femmes dans les conseils d’administration des entreprises pour que soit respecté le quota de 40% prévu par une loi. Moins de la moitié des 285 conseils concernés respectent la règle. Tandis que les écarts de salaire entre les hommes et les femmes restaient en moyenne de 20 % au profit de la gent masculine. A peine mieux que dans toute l'Europe, en ces temps-là.
Quelques désillusions et scandales de corruption plus tard, il fallait donc donner un coup de fouet, l'acte décisif qui permettrait de basculer dans une nouvelle ère. Même si depuis 9 ans, et malgré les réserves indiquées plus haut, les Islandais.es caracolaient en tête du classement mondial établi par le Forum économique mondial (WEF), The Global Gender Gap Report, qui mesure l’égalité des genres en matière, notamment, de participation économique, d’influence politique, de santé et d’éducation.
En 2017, l'Islande figurait ainsi comme l’une des nations les plus respectueuses des droits des femmes, affichant l’un des plus faibles écarts de salaire entre les femmes et les hommes, entre 14% et 16 % en 2017. Mais cela ne suffisait manifestement pas, le Graal restait à quérir encore. Et depuis le 1er janvier 2018, toute entreprise de plus de 250 employées et employés qui paie un homme d'avantage qu'une femme pour un même emploi peut se voir infliger une lourde amende.
Mais l'égalité parfaite prendra un peu de temps, et une année butoir a été fixée : 2022.
A relire sur ce sujet dans Terriennes :
> L'Islande impose l'égalité salariale entre femmes et hommes
Dans le reportage de France Télévison proposé en ouverture de cette page, l'approbation et l'enthousiasme sont unanimes. Tant de la part des nationaux que de celle des étrangers résidants en Islande, heureux de braver les frimas pour participer à cette aventure moderne. On y voit ainsi un programmateur de jeux vidéos, né aux Etats-Unis, travaillant aux côtés de sa collègue islandaise, pour une identique rémunération. Le sourire aux lèvres, il explique pourquoi il a enfin trouvé la terre promise : "Je suis d’origine américaine, et je voulais venir en Islande parce que j’aime vraiment cette culture de la parité."
#yaduboulot mais #yaaussibeaucoupdespoir !