Eut-ce été différent si le comité chargé de "l'évaluation du
dispositif expérimental des abcd de l'égalité" avait été strictement paritaire. Le reproche peut sembler anecdotique et pointilleux mais dans un tel débat, il aurait sans doute été plus judicieux de confier cette tâche à six inspectrices et six inspecteurs et non cinq et sept... Et voici donc que ce qui apparaissait comme l'une des innovations advenues avec l'élection de François Hollande à la présidence de la République française en mai 2012, est désossée tout en étant maintenue. Une confusion sémantique à l'heure des alphabets de l'égalité qui fâche tout le monde.
La mallette merveilleuse
Voici ce qu'écrivait le décrypteur des images et des mots Daniel Schneidermann sur le site Arrêt sur images, ce lundi 30 juin 2014, juste après l'intervention du ministre de l'Education nationale sur les ondes de France Inter, radio française publique : "il y aura donc "une mallette" à disposition des enseignants. Dans la merveilleuse mallette, les baguettes, les foulards, les colombes, qui permettront de répandre partout la poudre invisible d'égalité : en maths, en histoire, en gym. Peut-être aussi de belles images de petits garçons jouant avec des camions (mais roses), et de Barbies plombières ou footballeuses. Mais si l'on a bien compris, pour les enseignants, se saisir de la "mallette", et a fortiori l'ouvrir, ne sera pas obligatoire.
Au total ? Cette mallette est-elle une extension du système, ou une capitulation ? La Manif pour tous, qui conclut à l'extension, appelle déjà à une manif (pour tous) de rentrée en octobre. Le collectif Droit des femmes, qui a noté que l'enseignement ne serait pas obligatoire, conclut à la reculade. Dans l'Education, conclut un Sage sur Twitter, quand le gouvernement veut enterrer un problème, il crée une mallette."
Dans cet entretien en direct, le ministre a beau rappelé que "Nous voulons éviter que dans l'école, on considère qu'il y a des matières pour les garçons et pour les filles" ou encore que "Nous voulons que les élèves se respectent entre eux, ce qui n'est plus le cas dans certaines écoles", au mieux ces déclarations sonnent creux, au pire, elles marquent une démission sur un sujet porté par la gauche.
Les "ABCD de l'égalité" avaient été mis en place dans 10 académies en 2013-2014 à grand renfort de communication conjointe par les ministres de l'Education d'alors Vincent Peillon et des Droits des femmes Najat Vallaud Belkacem. Il s'agissait surtout
de proposer des outils aux enseignants pour déconstruire les stéréotypes masculins/féminins afin de favoriser l'égalité dans la progression éducative entre filles et garçons, mais aussi de veiller au respect entre les sexes.
Depuis, la "manifestation pour tous" contre le mariage homosexuel est passée par là et après le vote de la loi autorisant l'union entre personnes du même sexe (bien après la Belgique, les Etats-Unis ou la très catholique Espagne par exemple), ses opposants ont enfourché un nouveau cheval de bataille, contre la "théorie" du genre, dont ces ABCD auraient été les vecteurs.