Trente mesures pour faire que l'égalité juridique devienne une réalité sociale en France. Voilà ce que proposent les féministes en mouvements dans leur manifeste au titre piquant, Mais qu'est-ce qu'elles veulent encore ?. Après les affaires Tron et DSK qui ont permis de dénoncer haut et fort le sexisme, les militantes cherchent à peser dans la campagne présidentielle de 2012. Sont-elles bien parties ? Vont-elles parvenir à faire de l'égalité hommes/femmes un enjeu électoral ? Réponses de la politologue Mariette Sineau, auteure de Femmes et pouvoirs sous la Ve République.
Dans le cadre de la présidentielle, le collectif des féministes en mouvements qui regroupe 45 associations, propose la mise en oeuvre de trente mesures. Qu'en pensez-vous ? Traditionnellement, en France, la campagne présidentielle a servi de tribune aux féministes pour faire valoir leurs revendications. Dans le passé, la campagne de 1965 a mis en avant les droits à la contraception, celle de 1974 l'IVG (interruption volontaire de grosses) qui sera légalisée peu de temps après sous Valéry Giscard d'Estaing et la campagne de 1994 a promu la parité qui sera légalisée en 2000 par le gouvernement Jospin. Pour 2012, il aurait été bien, je pense, de travailler en amont pour faire émerger une revendication et une seule qui soit de nature fédérative, capable à la fois de rassembler les associations et d'obtenir le soutien de l'opinion publique. Or il s'avère que l'égalité salariale est un thème qui émerge et qui, d'ailleurs, a été cité comme une mesure prioritaire par les interviewés lors d'une enquête menée en février. Il faut savoir être stratège. Parmi les trente mesures des féministes, une a été reprise dans les programmes de quasiment tous les candidats de gauche : la création d'un ministère du Droit des femmes. Est-ce une réforme qui, sur le terrain, peut changer les choses ?
“Le ministère des Droits des femmes, une mesure symbolique s'il n'a pas de vrais pouvoirs“
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Pour se faire entendre, les féministes ont invité les candidats à répondre à leurs questions lors d'une soirée publique à Paris. Que pensez-vous de cette technique d'interpellation ? Je crois que c'est une bonne stratégie. Cela a déjà été fait dans l'entre-deux-tours en 1981 par Choisir la cause des femmes. Gisèle Halimi qui menait alors ce combat, avait fait venir les deux concurrents, Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand. Valéry Giscard d'Estaing avait décliné l'invitation et seul Mitterrand s'était présenté. Le président sortant n'a pas répondu aux questions des associations féministes. Qu'en pensez-vous ? Je pense que c'est un mauvais signal donné aux électrices. Les candidats ont quand même pour mission de répondre aux demandes des Françaises. Elles ont pour elles la force du nombre. Elles sont 52,5% des électeurs, ce qui représente un excédent de 2,2 millions de voix. Par conséquent, elles peuvent faire la décision politique. Existe-il encore un vote féminin en France ?
“Les jeunes femmes urbaines votent à gauche, et les plus âgées sont conservatrices.“
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Comme dans la campagne précédente en 2007, quatre femmes se sont lancées dans la course à la présidentielle. Est-ce devenu un fait banal d'avoir des femmes candidates pour le plus important mandat électoral en France ?
“Ce qui surprendrait c'est de ne plus voir de femmes dans cette compétition.“
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Les féministes interpellent les candidats à la présidentielle
08.03.2012Reportage de Camille Sarret, Gérald Breistroff et Fabrice Emery
En France, à la veille de la journée internationale des femmes, le collectif des féministes en mouvements, qui regroupe 45 associations, ont interpellé les candidats à la présidentielle. C'était à Paris, salle de la Cigale.
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Mariette Sineau - Publications
Femmes et pouvoir sous la Ve République De l'exclusion à l'entrée dans la course présidentielle Presse de Sciences Po, réédition 2011