Election présidentielle américaine : les étudiantes noires, botte secrète de Kamala Harris

Dans sa jeunesse, Kamala Harris était membre d'une association étudiante de femmes noires. Aujourd'hui, elles sont des centaines de milliers de femmes, membres de ce réseau, à faire campagne en faveur de leur "soeur". 

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kamala for the people

Carla Wicks, de la sororité Alpha Kappa Alpha (AKA), porte un pull brodé "Kamala pour le peuple" à la soirée organisée pour écouter le discours de la vice-présidente Kamala Harris à la Convention nationale du Parti démocrate, le 22 août 2024, à Pleasanton, en Californie.
 

© AP Photo/Juliana Yamada
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Au début des années 1980, jeune native de Californie, Kamala Harris étudiait sur les bancs de l'université Howard, établissement historiquement noir, situé dans la capitale, Washington. Là, elle adhère à une sororité, l'une de ces associations typiques de la vie des campus américains réservées aux femmes - les fraternités sont leur équivalent masculin.

Nous allons nous démener pour mener à bien ce qu'elle a besoin que nous fassions. Tanya Baham

Mais, au sein du "Harvard noir", la sororité que rejoint Kamala Harris n'est pas tant un club pour faire la fête qu'un immense réseau constitué de femmes noires, étudiantes et professionnelles. Nommée Alpha Kappa Alpha (AKA), elle compte quelque 360 000 membres à travers le pays. Si la sororité est non partisane, nombre de ses membres sont prêtes à mouiller le maillot pour faire de leur "soeur" Kamala Harris la première femme noire présidente des Etats-Unis.

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Nikkya Taliaferro, étudiante à Howard, avec l'université en toile de fond, le 30 août 2024 à Washington.

© AP Photo/John McDonnell

Réseau d'entraide

"Nous allons nous démener pour mener à bien ce qu'elle a besoin que nous fassions", explique Tanya Baham, membre d'Alpha Kappa Alpha, lors de la récente convention d'un Parti démocrate très dépendant du vote des femmes et des Afro-Américains. "Nous allons faire en sorte que nos plus jeunes, comme les anciens, puissent s'inscrire et aller voter", ajoute cette travailleuse sociale de Louisiane.

C'est en 1908 qu'Alpha Kappa Alpha a été fondée au sein de l'université Howard, elle-même créée en 1867. D'autres sororités et fraternités sont, depuis, nées au sein des universités historiquement noires, une particularité bien américaine, héritage d'une histoire marquée par l'esclavage, la ségrégation, et les discriminations à l'encontre des Afro-Américains; et qui ont souvent fait office de refuge.

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"La victoire avec les femmes noires"

Ces associations transcendent l'éducation supérieure. Si elles comptent des groupes destinés aux étudiants d'aujourd'hui, elles comprennent aussi des cercles réservés aux diplômés universitaires.

En tant que vice-présidente, Kamala Harris a invité des responsables de ces réseaux d'entraide à la Maison Blanche. Et début juillet, juste avant qu'elle ne remplace au pied levé Joe Biden comme candidat des démocrates pour la présidentielle du 5 novembre 2024, elle s'est rendue à la convention d'Alpha Kappa Alpha au Texas. Elle s'est également déplacée depuis pour assister aux rassemblements de deux autres sororités noires.

Sa candidature a remotivé tant de monde ! Jeunes, Vieux, qu'importe la génération ou l'ethnicité. Donna Miller

Avec d'autres, les membres d'AKA ont levé par visioconférence 1,5 million de dollars sous la bannière "La victoire avec les femmes noires". La sororité a établi un fonds de financement électoral, une ancienne présidente a été intégrée à l'équipe de campagne des démocrates... La nébuleuse autour de ces sororités se mobilise pour faire battre Donald Trump.

"On est toutes prêtes à travailler pour y arriver", a déclaré au journal Chicago Sun-Times Donna Miller, une élue de l'Illinois qui a participé à cette visioconférence. "Ça a remotivé tant de monde ! Jeunes, vieux, qu'importe la génération ou l'ethnicité." 

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Les femmes de la sororité Alpha Kappa Alpha (AKA) écoutent le discours de la vice-présidente Kamala Harris à la convention nationale du parti démocrate, le 22 août 2024, à Pleasanton, en Californie.
 

©AP Photo/Juliana Yamada

Un soutien difficile à mesurer

Difficile néanmoins d'estimer l'impact réel d'une telle mobilisation sur les bulletins qui seront mis dans l'urne, d'autant plus qu'AKA verrouille sa communication. De nombreux membres interrogés par l'AFP ont refusé de s'exprimer sur l'élection. Le bureau national de la sororité n'a pas répondu aux messages de l'AFP, tout comme plusieurs de ses branches locales.

Le chercheur en sciences politiques Daniel Hopkins préfère tempérer leur influence électorale : "Il n'y a qu'un nombre limité d'électeurs américains qui font quatre ans d'université, et qui sont membre de ces associations." Même si l’électorat afro-américain a historiquement été très pro-démocrate, ce soutien s'est effrité ces dernières années, notamment chez les plus jeunes, souligne ce spécialiste à l'université de Pennsylvanie.

Kamala Harris est la première candidate dans son cas à être en mesure d'utiliser ces réseaux de soutien. Amanda Wilkerson

A l'inverse, Amanda Wilkerson, professeure à l'université UCF en Floride, qui a étudié l'électorat afro-américain, estime que les sororités et fraternités noires constituent des "outils cachés", souvent négligés par les instituts de sondages et les médias alors même qu'elles se sont déjà mobilisées pour des élections locales comme nationales.

Et elles sont rompues à l'art de faire campagne, souligne-t-elle. Kamala Harris est ainsi "la première candidate dans son cas à être en mesure d'utiliser ces réseaux de soutien". Mais pour les sororités, "ce n'est pas complétement nouveau".

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