Elections générales au Québec : les femmes plus nombreuses à se présenter, une promesse de parité ?

Au Québec parmi les candidats qui espèrent se faire élire, à l’occasion des élections générales du 1er octobre 2018 pour renouveler l’Assemblée nationale, se trouvent des candidates. Les quatre partis politiques en lice ont fait vœu de parité, une promesse presque respectée. Analyse.
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Députés sortants Québec 2018
Le 23 août 2018, le lieutenant-gouverneur a proclamé la dissolution de l’Assemblée. Les élections générales auront lieu le lundi 1er octobre 2018. Le déclenchement des élections a mis fin à la 41e législature.
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Ce sont Québec solidaire (QS) et la Coalition avenir Québec (CAQ) qui présentent le plus de femmes dans cette course électorale : avec respectivement 66 et 65 candidates sur 125 – l’Assemblée nationale du Québec compte 125 député.es. « Lors de notre processus de sélection, notre équipe a mis les bouchées doubles afin de recruter le plus de candidatures féminines. C’est la première fois qu’un parti politique officiellement reconnu à l’Assemblée nationale parvient à représenter plus de candidates que de candidats » a précisé l’un des attachés de presse de la Coalition Avenir Québec.

femmes québec élections
Un aperçu en graphique de la proportion des femmes candidates aux élections générales québécoises du 1er octobre 2018
Radio Canada

Presque 50 % de femmes présentées, mais pour des candidatures effectives ou des candidatures « poteaux » ? 

Québec solidaire, le parti de gauche et la formation de centre droit Coalition Avenir Québec proposent dont une majorité de femmes au choix de leurs électeurs et électrices. Puis vient le Parti libéral du Québec : 55 femmes parmi les troupes du premier ministre sortant Philippe Couillard. C’est le Parti Québécois, souverainiste, qui en présente le moins : 51. Toutes formations confondues, les femmes seront donc 47% des candidats à briguer un mandat.

La question maintenant est de savoir si ces candidates ont des chances de remporter l’élection dans les circonscriptions où elles se présentent. On a souvent critiqué les partis politiques pour promouvoir des femmes dans des comtés où elles n’ont aucune chance d’être élues, ce que l’on appelle dans le jargon québécois des candidatures « poteaux ». Dans la dernière législature, élue en 2014, elles n'étaient que 34 sur 125 député.es, soit 27,2%, une proportion bien éloignée de la parité (en 1961, il n'y avait qu'une seule élue...). Cette année, les quatre partis politiques affirment que leurs candidates ont vraiment toutes leurs chances là où elles se présentent. A voir...

L'analyse de Radio Canada n'est pas vraiment optimiste : les femmes sont en plus grand nombre présentées dans des circonscriptions perdues d'avance, tandis que les hommes le sont plus souvent là où ils sont assurés de leur victoire... En particulier chez les libéraux et avec la Coalition Avenir Québec...

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Pour s'entraider, en 2010, celles qui étaient en place se sont constituées en Cercle des femmes parlementaires, afin de : "Permettre la circulation d’idées et créer un lieu d'échange non partisan pour toute question touchant les femmes ou préoccupant les femmes parlementaires plus spécialement. Munir les députées des meilleurs outils et pratiques dans l'exercice de leur rôle de parlementaire.​"

Cercle des femmes parlementaires Québec
Les élues autochtones Anne Archambault, Marjolaine Etienne, Brenda Michel, Julie Rousseau et Françoise Ruperthouse sont parmi les plus motivées sur le thème Femmes, politiques, médias
Cercle des femmes parlementaires

Charlevoix-Côte-de-Beaupré, la circonscription qui aimait les femmes

« Nous croyons que toutes nos candidates et tous nos candidats ont des chance de gagner de par leur profil, leurs expériences, leur connaissance du comté et leur détermination à améliorer la qualité de vie des gens qui y vivent. Notre parti a tenu son engagement en étant dans la zone de parité en ce qui a trait aux candidatures féminines pour l’élection féminine cette année » précise Catherine Maurice, responsable des communications de la campagne du Parti libéral du Québec. 

Il y a une circonscription où on peut déjà affirmer qu’il y aura UNE députée, c’est celle de Charlevoix-Côte-de-Beaupré, au nord de Québec, car les quatre candidats sont des femmes !  

Mais tout le monde aura remarqué que le fameux et traditionnel « débat des chefs » de la campagne était encore loin d’être paritaire… Alors, la vague féminine qui a emporté les municipales en novembre 2017 va-t-elle revenir ?

débat des chefs
Les "chefs" politiques au Québec restent tout de même en majorité des hommes. De gauche à droite : Jean-François Lisée, chef du Parti québécois et chef de l'opposition officielle du Québec ; François Legault, Chef de la « Coalition avenir Québec » ; Manon Massé, Députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques depuis le 7 avril 2014, elle est co-porte-parole de Québec solidaire depuis le 21 mai 201 ; Philippe Couillard, premier ministre du Québec depuis avril 2014, chef du PLQ 
capture d'écran du débat des chefs

Des engagements concrets

Les quatre partis politiques promettent de présenter un gouvernement paritaire si les Québécois les choisissent le 1er octobre 2018. 

Le chef de la « Coalition Avenir Québec », François Legault, assure aussi qu’il mettra en place un principe de parité pour la présidence de l’Assemblée nationale du Québec. La CAQ veut également revoir le système d’allocations familiales, en offrant un programme plus généreux que celui qui prévaut actuellement : « avec cet engagement, les familles du Québec ayant deux enfants ou plus recevront une allocation supplémentaire » affirme l’attaché de presse Ewan Sauves. Il ajoute : « La CAQ s’est aussi engagée à déposer une première politique nationale sur les proches aidants. Nombreuses sont les femmes qui ont à jouer ce rôle » - on parle ici de personnes qui prennent soin à temps plein d’un-e conjoint-e ou d’un membre de leur famille lourdement handicapé-e ou en perte d’autonomie. 

Du côté du Parti Québécois, les troupes de Jean-François Lisée veulent mettre en place un congé maternité et paternité pour les député.es. Et plusieurs des mesures promises par la formation souverainiste auraient un impact concret sur le quotidien des femmes : « Nous proposons plus de temps pour les familles : des lunchs santé à prix modiques dans les écoles, des effets scolaires gratuits, des mesures pour encourager le télétravail, l’accélération de la création de places dans les services de garde et des tarifs abordables, 8,05$ ($ canadien, ndlr) par jour pour le premier enfant, 4$ pour le second et gratuit pour les autres » prend soin de préciser le service des communications du Parti Québécois.  

Chez Québec Solidaire, le féminisme et la parité sont des valeurs fondatrices du parti. Manon Massé, la porte-parole avec Gabriel Nadeau-Dubois, était d’ailleurs la seule femme à participer au débat des chefs du 13 septembre 2018. Le parti s’engage, s’il est élu, à présenter un projet de loi pour que le conseil des ministres soit paritaire. QS propose aussi plusieurs mesures qui pourraient aider les femmes dans leur vie de tous les jours, comme la gratuité scolaire de la maternelle au doctorat et le renforcement de la loi sur l’équité salariale pour étendre son application à tous les milieux de travail. Québec solidaire compte également bonifier l’aide financière pour les personnes qui s’occupent à temps plein d’un proche malade ou en perte d’autonomie. 

Manon Massé avait aussi fait la Une en dénonçant, avec une autre élue, la libérale Karine Vallières, les agressions sexuelles dont elle avait été victime comme parlementaire et femme politique.

En 2014, un peu moins du tiers des élus étaient des femmes. Cette année, il y a donc place à l’amélioration. Et il faudra voir également au lendemain du 1er octobre si le parti élu par les Québécois va remplir ses promesses de gouvernement paritaire et de nominations de femmes à des ministères importants.  

assemblée nationale Québec symbole
La masse, symbole parlementaire québécois, représente l’autorité du président de l’Assemblée. Elle symbolise aussi le pouvoir de faire respecter les droits constitutionnels de l’Assemblée et des députés contre toute menace extérieure. Assez phallique n'est-il pas ? 
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