Ellen Page, celle qui ébranla Hollywood par son coming out

A l'affiche de Free Love, Ellen Page incarne une lesbienne, ce qu'elle est dans la vie. Rare actrice hollywoodienne à avoir annoncé son homosexualité, Ellen Page est fière de cet "aveu".

Image
Ellen Page
Ellen Page pose lors du Festival de Sundance en janvier 2016
Danny Moloshok/Invision/AP
Partager4 minutes de lecture

C'est une nouvelle génération de comédiennes qui creuse son sillon dans la capitale mondiale du cinéma. Après Emma Watson qui affichait tranquillement, son féminisme à la tribune des Nations Unies, voici donc une autre jeune star, Ellen Page, homosexuelle revendiquée.

A l'affiche mercredi en France de "Free Love", la bataille menée par un couple gay pour la reconnaissance de ses droits, l'actrice de "Juno" Ellen Page estime que "la meilleure décision qu'elle ait jamais prise" est d'avoir révélé en 2014 son homosexualité.

"Pendant quelques années, j'ai vécu en me cachant. Et clairement quelque chose à Hollywood et dans l'industrie cinématographique me faisait sentir que je ne pouvais pas avouer mon homosexualité. Maintenant que je l'ai révélée, j'estime que c'est la meilleure décision que j'aie jamais prise", a indiqué l'actrice de 28 ans dans un entretien à l'AFP, lors d'un passage à Paris.

"Que des gens doivent vivre comme ça, ça craint. J'aimerais que personne ne connaisse une telle situation", a-t-elle ajouté.

L'actrice, qui est devenue célèbre dans le monde entier en 2007 en jouant l'adolescente enceinte de "Juno" --rôle qui lui a valu une nomination aux Oscars--, a fait son coming out il y a deux ans à Las Vegas.

Dans un événement organisé par une association de défense des droits des homosexuels, elle a dit en avoir "marre de se cacher" et "marre de mentir par omission". Elle est devenue depuis l'une des porte-parole de la communauté gay en Amérique du Nord.

Dans "Free Love" de Peter Sollett, inspiré d'une histoire vraie datant de 2005, elle interprète Stacie Andree, une jeune mécanicienne qui apprend que sa compagne Laurel Hester (Julianne Moore), une policière du New Jersey, est atteinte d'un cancer en phase terminale.

Le couple va devoir se battre bec et ongles pour que la pension de Laurel puisse revenir à Stacie, un combat devenu emblématique pour les homosexuels aux Etats-Unis.

"Des producteurs m'ont envoyé le documentaire ("Freeheld", sur cette histoire, Oscar du meilleur court-métrage documentaire en 2008, NDLR) quand j'avais 21 ans, pour savoir si je voudrais jouer Stacie. J'ai été incroyablement bouleversée et j'ai dit oui tout de suite", raconte Ellen Page, petite brune à l'air mutin.

Dans Free Love, il y avait une résonance personnelle pour moi

"Bien sûr, il y avait une résonance personnelle pour moi parce que je suis gay, donc je me sens concernée par l'égalité et les droits des homosexuels", explique la comédienne, qui a joué dans des blockbusters ("Inception", "X-Men: l'Affrontement final") comme dans des films indépendants ("Bliss" de Drew Barrymore).

Elle dit "espérer que le film puisse être une célébration du chemin parcouru". "Il y a eu évidemment des progrès" pour les droits des homosexuels aux Etats-Unis avec la décision historique de la Cour suprême en juin de légaliser le mariage gay dans tous les Etats américains, indique Ellen Page.

"Mais il reste encore beaucoup à faire", ajoute-t-elle, affirmant que "l'on peut encore perdre son travail et se voir refuser un logement" dans nombre d'Etats des Etats-Unis si on est homosexuel, et que les transsexuelles sont la cible "de violences qui sont terrifiantes".

"Le grand combat actuellement est d'obtenir une vraie égalité et des lois anti-discrimination dans tous les Etats", a-t-elle ajouté.

Je suis enthousiaste à l'idée de pouvoir relier mon moi créatif et mon identité

Depuis son coming out, Ellen Page a d'autres projets de personnages gays. "Je fais un film avec (l'actrice) Kate Mara (de la série "House of Cards"), qui est une histoire d'amour entre Kate et moi", indique celle qui se réjouit de "voir plus d'histoires gays" au cinéma.

Elle a également en projet avec la chaîne de télévision HBO "une mini-série sur l'astronaute Sally Ride, qui est également une figure historique gay".

Elle indique avoir également "passé l'année écoulée à faire un programme pour Vice, 'Gaycation'", une série documentaire qui sera diffusée sur Viceland, la future chaîne de télévision américaine de Vice, et dans lequel elle va à la rencontre des communautés homosexuelles au Japon, au Brésil, en Jamaïque et aux Etats-Unis.

"Je suis enthousiaste à l'idée de pouvoir relier mon moi créatif et mon identité, mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas continuer à jouer des hérétos", souligne-t-elle.