Les ex-ministres françaises Rama Yade et Roselyne Bachelot, la philosophe Françoise Héritier, l'avocate Gisèle Halimi, l'ancienne otage des Farc en Colombie Ingrid Betancourt… En tout, 52 personnalités féminines ont signé
une pétition « sur les viols comme arme de guerre et l'instauration d'un Tribunal pénal international pour la République démocratique du Congo » , pour succéder au Tribunal pénal international pour le Rwanda, qui doit fermer ses portes fin 2014. La déclaration, initiée par l'avocat congolais Me Hamuly Réty, est présentée comme une « solution incontournable pour la paix et la justice dans la région des Grands Lacs ». Ce TPI serait « chargé de poursuivre tous les crimes répertoriés dans le rapport Mapping des Nations unies ». Le rapport Mapping Le rapport Mapping, de plus de 550 pages, concerne les violations des droits de l'homme commises entre 1993-2003 en RDC. Il répertorie 617 incidents violents mais en tout « des dizaines de milliers de personnes ont été tuées, de nombreuses autres ont été violées et mutilées - par des groupes armés congolais et des forces militaires étrangères », résume le site du centre d'information de l'ONU. Ne pas ouvrir de TPI pour la RDC « serait une discrimination à l'égard de la femme congolaise, un déni de justice internationale ainsi qu'un encouragement à commettre le "génocide" ou "fémicide". Car en effet, après publication du rapport Mapping et la multitude de rapports sur la situation de ces femmes, nul n'est plus fondé à prétendre n'avoir rien vu, rien su, ni rien entendu », est-il écrit dans la déclaration. « Tout doit être fait pour faire connaître et dénoncer ces abominations, ces crimes monstrueux perpétrés contre les femmes en RDC », a indiqué lundi à l'AFP Françoise Héritier, professeure d'anthropologie émérite au Collège de France. Le gouverneur de la province riche et instable du Nord-Kivu (Est), Julien Paluku, a pour sa part déclaré à l'AFP lundi que « ce genre de juridiction était nécessaire pour mettre fin aux crises récurrentes dans l'Est de la RDC ». « Il faudrait que tous les partis politiques, la société civile et les communautés locales s'engagent, que tout le monde s'investisse avec l'accompagnement de la communauté internationale, sinon je crains que tout ne soit bâclé. Or un tel tribunal pourrait vraiment décourager ceux qui veulent faire du mal », a pour sa part expliqué à l'AFP Angélique Kipu, présidente à Kinshasa de la Ligue pour le droit de la femme congolaise. La déclaration est adressée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, aux présidents français François Hollande et américain Barack Obama et à la présidente de la commission de l'Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, entre autres. Selon le site Change.org qui héberge la pétition, le gynécologue congolais Denis Mukwege - réputé pour son aide aux femmes violées dans l'est de son pays et pressenti pour le prix Nobel de la paix - soutient la création de ce tribunal pour la RDC.