Donner aux femmes victimes de violences les moyens de se reconstruire grâce à l'entreprenariat. Voilà la mission que mènent, Chiara Condi et son association Led By Her. Depuis trois ans, près de 80 femmes ont pu suivre gratuitement cours, ateliers de coaching, gestion ou management, grâce à des expert.e.s et des professeur.e.s bénévoles. Certaines sont aujourd'hui devenues entrepreneures.
Dès 10h30, heure de Paris, 9h30 GMT, ce mercredi 1er novembre 2017, rendez-vous en direct sur Facebook, depuis la conférence des femmes de la Francophonie à Bucarest pour vous proposer des rencontres exceptionnelles. Avec en ouverture Ameenah Gurib-Fakim, présidente de Maurice... et de la biodiversité > https://www.facebook.com/terriennes/ Signe particulier : altruisme. Chiara Condi n'avait pas encore 30 ans quand elle a crée
Led By Her. Une mission : rendre les femmes victimes de violences à nouveau maitresses de leur destin, via l'entreprenariat.
« Il n’y avait pas de structure pour permettre à ces femmes victimes d’avoir une nouvelle vie avec de l’ambition, et pas juste un travail pour survivre. Pour moi, le fait de créer quelque chose est la meilleure façon de se reconstruire », explique la jeune femme.
La violence, en tant que femme ou fillette, elle-même ne l'a pas connue. Elle a grandi en Italie, allait à l'école américaine, dans un cadre qu'elle présente elle-même comme privilégié. Elle rejoint ensuite les États-Unis, où elle entame des études au sein de la prestigieuse université d'Harvard. C'est l'appel de la rue qui va la faire bifurquer vers une autre voie, tout en allant en cours, elle gère un centre d’accueil de SDF, et va du coup créer un programme de soutien aux étudiants
sans-logis.
Un tiers des femmes sont victimes de violences, c'est là qu'il faut d'abord agir Chiara Condi
Arrivée en Europe, elle poursuit ses études à Sciences-Po à Paris et en économie internationale à la London School of Economics. Son premier stage à la Banque européenne de reconstruction et développement (BRED) à Londres sera sans doute déterminant. Elle participe à une étude sur l'état des droits des femmes, qui provoque chez elle une prise de conscience :
« Je me suis rendue compte que quel que soit le pays, les femmes subissent des violences, un tiers des femmes en sont victimes dans le monde. Je me suis dit que c’était là qu’il fallait agir. Je me suis dit cela parait difficile de faire avancer les droits des femmes si déjà on ne s’attaque pas à ce problème en priorité. »Ainsi naît l'idée de créer l'association
Led by her (dirigée par elle-même, traduction littérale).
« Ce qui je trouve triste, c’est qu’on s’arrête à ce qui est assistance sociale, psychologique, ou structurelle mais qu’on n’aide pas réellement ces personnes à se reconstruire, alors que c’est indispensable pour sortir de cette chaîne de violence, et aussi pour devenir des exemples pour d’autres femmes, pour aussi donner une vision différente de la violence faite aux femmes, à travers l’action, de ce qu’elles peuvent devenir, pour les sortir de leur état de victime, et devenir ainsi actrices de leur propre vie. Montrer que tout le monde peut le faire, et qu'on ne doit pas rester enfermé par son histoire et son passé. » 300 heures de cours par an
Le programme de
Led by her fait dans le concret et dans la bonne volonté: il propose à 20 ou 30 femmes un cursus de formation d'un an, soit près de 300 heures de cours, ateliers, dispensés par des experts et des professeur.e.s, tou.te.s bénévoles avec le partenriat de deux grandes écoles de management basées à Paris: l’IESEG, l’ESCP .
« On a créé un programme d’incubation destiné aux femmes victimes de violence pour les aider à monter un projet d’entreprenariat. On le fait avec deux écoles de commerce. Au total ce sont 250 bénévoles qui s’engagent autour de ces femmes au sein de mon association, ça montre aussi que tout le monde peut agir. »
Chaque femme est accompagnée tout au long de ce parcours par un mentor personnel. L'association organise aussi des opérations de communication, comme par exemple un hackaton solidaire l'an dernier avec des salariés d’AXA, d’Orange et Epitech
qui ont passé deux jours avec les participantes du programme pour les conseiller au mieux dans le développement de leurs projets. Autre opération, la création d'une robe de mariée dessinée par un grand créateur, pour dénoncer le mariage forcé et les violences faites aux femmes.
Une fois leur projet lancé, les femmes qui ont été accompagnées par l'association ne sont pas pour autant lâchées dans la nature.
« Nous fonctionnons un peu comme une communauté, on a continué de les suivre pendant trois ans. On sait l'importance des réseaux et c'est ce qu'on essaye de privilégier. On organise des journées avec des entreprises, sur les projets de nos femmes en présence de consultants. »
Depuis trois ans,
Led by her a permis de voir naître différents
types de projets, cela peut aller de la création d’une entreprise de meubles récyclés design, à la création de luminaires, ou à la diffusion d’artistes africains en Europe, ou encore à la création d'un garage dédié aux femmes.
Montrer que chacun peut faire quelque chose pour améliorer la vie des autres, c’est vraiment important pour moi. Chiara Condi
Chiara Condi travaille actuellement sur un nouveau projet : une plateforme pour soutenir les femmes qui montent une entreprise avec un réseau social et aussi envisager une forme académique de la formation de
Led by her afin de pouvoir le dispenser dans d'autres villes et pourquoi pas d'autres pays.
Qu'est-ce-que cela a changé pour elle ?
« Cela m'a apporté beaucoup d’espoir ! On voit le changement, la transformation de vie que l’on est en train de créer. Montrer que chacun peut faire quelque chose pour améliorer la vie des autres, c’est vraiment important pour moi. »