Fil d'Ariane
Le 26 mai dernier, l’Eglise protestante unie de France a élu sa première présidente, Emmanuelle Seyboldt, une pasteure de 46 ans, divorcée, remariée et mère de famille. Entretien.
Née en 1970 à Lunel, dans l'Hérault, c’est au sein de l’Eglise réformée de Saint-Etienne, où elle tient l'orgue pendant les cultes, qu’elle trouve sa vocation, entre catéchisme, chorales et groupe de jeunes. Elle s'engage ensuite vers une formation théologique à l’Institut protestant de Paris, puis à Montpellier.
Pasteure de l’Eglise réformée de France dès 1994 - la plus jeune pasteure de France - elle commence à exercer en Ardèche, puis à Châtellerault, dans le Vaucluse, à Besançon... Au fil d'un parcours très varié - paroisse disséminée, grande ville, aumônerie d'hôpital - elle a acquis l'expérience de différentes régions et ministères, à laquelle s'ajoutent, entre autres, la présidence de missions et de conseils régionaux, ainsi que des postes de responsabilité dans la presse protestante.
Héritière d'une Réforme qui fête cette année ses 500 ans, elle exprime son attachement à la laïcité : "C'est ce qui fait que, depuis 1905, en France, les protestants, comme tous les citoyens français, ont le droit de vivre leur religion sans être embêtés. C'est ce qui protège les hommes et les femmes, leur permet de vivre leurs convictions comme ils le souhaitent, dans la limite du respect des autres. La laïcité doit être protégée."
Lectrice passionnée, Emmanuelle Seyboldt se dit marquée par la lecture de Paul Tillich, théologien du dialogue avec la culture et la philosophie et du dialogue avec les religions non-chrétiennes. A son sens, le défi, en France, après les attentats, "c'est d'engager le dialogue avec des communautés musulmanes qui ont tendance à se replier sur elles-mêmes."
Elle s'intéresse particulièrement aux théologiennes comme Lytta Basset et Marion Muller-Colard, dont l'approche d'une foi ancrée dans la vie, dans le concret, trouve en elle une résonance particulière. Interrogée sur le port du voile et sa signification, elle souligne que "le problème, c'est le regard des autres. Or celle qui porte le voile n'en est pas responsable du regard porté sur elle."