Samedi dernier, plus de 2000 femmes ont paradé dans les rues du Cap avec des sous-vêtements sexy sur leur robes, pour signifier que le fléau du viol n'est pas une question d'apparence. En Afrique du sud, un demi million de femmes se feraient violer chaque année. Et un homme sur 4 avoue avoir forcé une femme au moins une fois...
« Les violeurs violent des femmes, pas des vêtements », «Seuls les faibles violent » : tels étaient les slogans de la « marche des salopes », qui s'est tenue samedi dernier au Cap, en Afrique du Sud. Plus de 2000 femmes, selon les médias, ont participé à la manifestation, revêtues de sous-vêtements sexy sur leurs robes, pour montrer que l'habillement ne devrait rien avoir à voir avec le viol. L'idée est venue d'une manifestation similaire, organisée à Toronto, au Canada, par des femmes protestant contre une remarque d'un policier. Celui-ci avait déclaré en substance que certaines femmes portaient de telles tenues qu'on pouvait les prendre pour des « salopes ».... Un « appel au viol » en quelque sorte .... Alors que selon les dernières statistiques policières, les viols, en Afrique du Sud, ont augmenté de 20% cette année, ce serait, d'après les estimations, près d'un demi million de femmes qui se feraient violer chaque année, mettant le pays au premier rang mondial de ce triste palmarès. Une petite fille née aujourd'hui aura une chance sur deux de se faire violer, mais une chance sur trois seulement d'apprendre à lire et à écrire correctement. Pis, selon une étude menée en 2009 par le Conseil de recherche médicale sud-africain, un homme sur quatre avouait avoir violé, tandis que 62% des jeunes garçons de plus de 11 ans estimaient que forcer une jeune fille à avoir des rapports sexuels n'était pas « un acte de violence », un tiers d'entre eux considérant même que les filles appréciaient de se faire violer... Il est clair qu'avec un tel état d'esprit, il faudra plus d'une marche de « salopes »pour que les statistiques s'améliorent dans le pays - même si celle de samedi dernier a également été rejointe par des hommes, apparus en mini jupe, en solidarité...
Lysiane J.Baudu
Ancienne grand reporter à La Tribune, Lysiane J. Baudu a rencontré, pendant ses 20 ans de journalisme international, des femmes du monde entier.
Ces "rencontres" feront l'objet de billets, qui lui permettront de faire partager ses impressions, ses analyses, son ressenti au contact de ces femmes, dont l'action professionnelle fait sens pour toutes les autres, de même que pour la société.