D'elle même, on sait juste qu'elle est sénatrice de l'Oise (département au nord ouest de Paris), qu'elle a fait des études de droit social, qu'elle fut brièvement journaliste à la Vie Ouvrière (l'une des publications de la CGT, syndicat proche du Parti communiste), et qu'elle a surtout fait une carrière politique au sein du Parti socialiste. Et qu'elle est, paraît-il, féministe... Une féministe qui a accepté que les droits des femmes soient accolés à ceux des enfants et de la famille, donc, en assurant face à ce tir croisé : « je me suis toujours définie comme une ministre féministe de la famille. Ce sera toujours le cas. Je suis suffisamment engagée sur ce sujet, depuis tellement longtemps, que je demande aux féministes de me faire confiance ».
La polémique a fusé à la vitesse des réseaux sociaux, sur twitter et facebook. Contrairement aux premiers engagements de François Hollande, cela fait déjà longtemps que les droits des femmes n'ont plus le droit d'avoir un ministère plein, sans doute parce que depuis le départ de Najat Valaud Belkacem de ce qui était encore une attribution entière en août 2014, ils ne sont plus prioritaires.
L'association Osez le féminisme a immédiatement réagi sur sa page Facebook, avant que la toile s'enflamme. Petit florilège explosif...

"Ministère de la famille, de l’enfance et des droits des femmes"
— Laurent Potelle (@Laurent_Potelle) 11 Février 2016
Une politique que l’on croyait révolue#remaniement pic.twitter.com/1N9bosvDKL
Hey les mecs, vs n'auriez pas oublié la cuisine et le ménage ds le ministère de la famille de l'enfance et du droit des femmes? #remaniement
— FEMEN France (@Femen_France) 11 Février 2016
Quand les droits des femmes retournent à la cuisine et aux enfants... #PrendreLeMaquis #Remaniement pic.twitter.com/SWPi7i2VEl
— Kizumbas Kaiowá (@Kizumbas) 11 Février 2016
#Remaniement "Ministère de l'enfance, de la famille, du droits des femmes" du ménage, du repassage, de la cuisine... #ToucheLeFond
— Bambolina (@LeonorMarBel) 11 Février 2016
En fait, les droits des femmes c’est un peu comme 1 autocollant repositionnable que tu sais pas trop où coller #remaniement
— Claire Serre-Combe (@ClaireS_C) 11 Février 2016
#remaniement Pas de femmes aux postes régaliens, les hommes se gardent les choses sérieuses #Ouf
— Hypathie (@HypathieBlog) 11 Février 2016
"Le ministère de la famille, de l'enfance et des droits des femmes" des tâches ménagères, du rose et des talons hauts #remaniement
— Comic Sans Inès (@ComicSansInes) 11 Février 2016
Donc, un ministère de la famille, de l'enfance et des droits des femmes. #remaniement pic.twitter.com/twtZOjJZFq
— Flore Galaud (@floregalaud) 11 Février 2016
#remaniement Nous avons désormais un ministère de la Famille, de l'Enfance et du droit des Femmes. Bienvenu au 19ème siècle! @CausetteLeMag
— Juliette Plagnet (@JuliettePlagnet) 11 Février 2016
Il a été très difficile de dénicher des voix plus mesurées, on a a tout de même dégoter des neutres, ni pour, ni contre, bien au contraire..
#remaniement Un vrai ministère pour les Droits des femmes mais aussi de vrais stéréotypes #famille #enfance https://t.co/UlTNwEB8aJ
— Les Nouvelles NEWS (@LesNNews) 11 Février 2016
Rossignol est une féministe. Il fallait ça pour digérer le rattachement des droits des femmes à la famille et à l'enfance #remaniement
— Aude Constant (@AudeConstant) 11 Février 2016
#remaniement :Rétrecissement champ de compétence M.Touraine (Droit des femmes attribué à L.Rossignol qui devient Ministre de plein exercice)
— Muriel CARROLL (@murcarr) 11 Février 2016
Et, il faut bien le dire : une seule s'est lancée pour saluer cette nomination, enfin plutôt la parité du gouvernement, même si les élues n'occupent plus aucune fonction régalienne et sont désormais cantonnées, en dehors de l'Education et de l'Environnement (Mmes Najat Vallaud Belkacem et Ségolène Royal) à jouer les seconds rôles. Mauvais exemple...
Point positif et symbolique de ce #remaniement : saluons l'arrivée d'une nouvelle génération de #femmes au pouvoir. pic.twitter.com/HDpTZzdkh4
— Femmes d'influence (@FemmesInfluence) 11 Février 2016
N’est-ce pas enfermer les femmes dans le rôle stéréotypé qui leur est assigné depuis des siècles
Dans ce grand moment de solitude qu'elle va devoir traverser, Laurence Rossignol ne pourra guère compter sur ses paires. Danielle Bousquet, Présidente du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Chantal Jouanno, Présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du Sénat et Pascale Vion, Présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du CESE (Conseil économique, social et environnemental) ont aussitôt fait part de leur inquiétude, pour ne pas dire de leur colère, en mots bien choisis et diplomates mais sans ambiguïté :
"Parité au nouveau Gouvernement : nous nous en félicitons. Mais, mettre sous un même Ministère « la famille, l’enfance et les droits des femmes », n’est-ce pas enfermer les femmes dans le rôle stéréotypé qui leur est assigné depuis des siècles : celui d’épouse et de mère ?
La formulation et le périmètre de ce Ministère sont d’autant plus déconcertants que, depuis 4 ans, les avancées en matière d’égalité femmes-hommes sont incontestables. La Loi sur l’égalité réelle du 4 août 2014 avait, en effet, consacré l’enracinement de l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les politiques publiques. Pour autant, tellement d’inégalités perdurent.
A cette aune-là, nous nous interrogeons sur le périmètre du Secrétariat d’Etat chargé de l’égalité réelle. Nous attendons des clarifications et des assurances du Gouvernement quant à son engagement en matière de droits des femmes et d’égalité entre les sexes."
On retiendra cette affaire, sans doute comme la première "boulette" du troisième gouvernement Valls.
