En France, le roi d'Arabie saoudite ne veut pas de femmes CRS sur "sa" plage

Des consignes auraient été données aux forces de sécurité françaises assurant la protection de la villa du roi d'Arabie saoudite dans le sud de la France : pas de femme CRS sur la plage. Depuis cette révélation, voix syndicales et officielles se contredisent.
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Vallauris
La plage qui se trouve sous la maison louée par la famille royale saoudienne à Golfe Juan Vallauris dans le sud de la France, le 17 juillet 2015.
©AP Photo/Claude Paris
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Des consignes auraient été données. Une source syndicale de la police française a indiqué à l'AFP qu'il a été demandé aux CRS qu'aucune femme des forces de l'ordre françaises ne soit postée sur la plage jouxtant le domaine qui a été "privatisée" temporairement pour le souverain à Vallauris (sud de la France). 

"Samedi, alors que le dispositif de sécurité était assuré par les policiers de la sécurité publique, il y avait une collègue féminine sur la plage, où il y a eu un incident, dont je ne connais pas les détails", a déclaré à l'AFP Sylvain Martinache, délégué régional UNSA Police CRS Sud.

Selon l'hebdomadaire français Marianne, qui a évoqué le premier cet incident sur son site et qui assure que l'affaire est remontée jusqu'au ministère de l'Intérieur, c'est un émissaire du roi qui a spécifiquement demandé à la policière en question de ne plus surveiller la plage.

Démentis en cascade

La préfecture des Alpes-Maritimes et le patron de la Sécurité publique ont démenti toute intervention royale et affirmé que des policières étaient toujours intégrées "dans le dispositif" sans préciser si elles se trouvaient toujours ou non en faction sur la plage.

"La famille royale ou son entourage n'a jamais demandé à ce que soit écarté du dispositif un personnel féminin", a déclaré à l'AFP le directeur départemental de la sécurité publique des Alpes-Maritimes Marcel Authier. "Des femmes policières sont régulièrement envoyées sur ce dispositif, sans aucune remarque de la famille royale ou de son entourage. J'ai demandé à ce que le dispositif soit reculé lorsque le roi et sa famille viennent se baigner, pour protéger leur intimité", a précisé M. Authier.

Dans un communiqué, la préfecture des Alpes-Maritimes souligne que "des personnels féminins agissent sur le dispositif depuis le début de la visite du roi (cortège, points de sécurisation) sans que cela n'occasionne le moindre problème. Jamais l'Arabie saoudite n'a demandé une adaptation du dispositif sur la base de tels critères" (de sexe, ndlr).

Interrogé sur France 3 Côte d'Azur, Ali Al-Qarni, chargé d'affaires de l'ambassade d'Arabie saoudite, a lui aussi confirmé la présence de femmes dans le dispositif de sécurité, sans plus de précision.

Ecarter un policier en raison de son sexe, c'est inadmissible

Secrétaire général de l'UNSA police

Selon Sylvain Martinache de l'UNSA Police CRS Sud, au lendemain de "l'incident" ayant eu lieu sur la plage, une compagnie de CRS a pris le relais des policiers de la sécurité publique pour assurer la protection de la famille royale "avec pour consignes claires de ne pas mettre de femmes sur la plage pour éviter un incident".

"Ces instructions ont été données très clairement par les autorités policières locales", a poursuivi auprès de l'AFP Philippe Capon, secrétaire général de l'UNSA Police. "Ce qu'on trouve absolument anormal, c'est qu'on puisse déterminer une mission en écartant un policier en raison de son sexe, c'est inadmissible", a-t-il dénoncé.

Le séjour du roi Salmane et de son impressionnante suite de quelque 700 personnes sur la Côte d'Azur, où ils sont arrivés samedi 25 juillet au soir, avait été précédé d'autres polémiques, notamment sur la privatisation temporaire de la plage jouxtant la villa, et sur les travaux qui y ont été entrepris sans autorisation pour en faciliter l'accès.