La parité progressera-t-elle aux prochaines municipales ? Pour l'instant, elle reste à la traîne dans les communes de France: plus de 86% des maires sont des hommes, alors que les conseils municipaux ne cessent de se féminiser. Au soir du scrutin du 30 mars, une nouvelle page de l'histoire des femmes en politique s'écrira avec la probable élection de la première maire de Paris. Avec Anne Hidalgo (PS) ou Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), Paris viendra rejoindre le club encore restreint des capitales dirigées par des femmes (Hanna Beata Gronkiewicz-Walt à Varsovie, Ana Botella à Madrid, Yordanka Fandakova à Sofia, Halyna Hereha à Kiev, Fumiko Hayashi à Yokohama, Caroline Toha à Santiago du Chili, ou Ana Olivera à Montevideo).
Plus d'électrices mais toujours moins de femmes mairesMais dans les exécutifs locaux, les chiffres sont implacables quant à
"la force de la domination masculine", selon l'universitaire strasbourgeois Michel Koebel. Aujourd'hui, la France compte 5.104 femmes maires, moins de 14% du total des dirigeants de ses 36.769 communes.
Le taux de femmes maires est plus important dans les petites communes, celles de moins de 3.500 habitants (14,3%, soit 4.829 femmes). Il atteint 11,3% dans les communes de 30.000 à moins de 100.000 habitants (24 femmes maires) et 13,5% dans les villes de 100.000 habitants et plus avec cinq femmes (Hélène Mandroux (PS) à Montpellier, Martine Aubry (PS) à Lille, Adeline Hazan (PS)à Reims, Maryse Joissins (UMP) à Aix-en-Provence..), selon le ministère de l'Intérieur.
Pourtant, 53% des électeurs français sont des électrices, selon l'INSEE (chiffres 2010). Une large majorité de Français (70%) souhaitent davantage des femmes maires et 54% veulent que leur propre commune soit administrée par une femme, selon un
sondage Ifop pour Femme actuelle.
Dans les conseils municipaux, la parité progresse, mais parce qu'elle a été imposée. Le mouvement a été lancé par la réforme constitutionnelle de 1999 et par les lois de parité, à commencer par celle de 2000 qui obligeait au même nombre de femmes et d'hommes sur les listes et une alternance par tranche de six (trois hommes et trois femmes en ordre libre). Il faudra attendre la loi du 31 janvier 2007 pour que chaque liste ait le devoir de respecter une stricte alternance entre femme et homme dans les communes de plus de 3.500 habitants.
Désormais, la parité est quasiment atteinte dans les conseils municipaux de ces communes (48,5% de femmes) observe le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes dans son
"Guide de la parité".