
Le débat autour des répercussions du massacre de d'Utoeya commis le vendredi 22 juillet se cristallise autour de l'islamophobie de Anders Behring Breivik et de son appartenance réelle ou idéologique aux mouvements d'extrême droite. C'est oublier que dans le manifeste (plus de 1500 pages) rédigé par le meurtrier, sobrement intitulé 2083, une déclaration d'indépendance européenne, il est largement reproché à l'Europe de s'être laissée "féminiser".
Tuer la "Mère de la Patrie"
Selon lui, "la transformation culturelle européenne souhaitée par les marxistes culturels va plus loin que la poursuite de l'égalité des sexes." En cherchant à tendre vers une égalité des genres, en promouvant des canons masculins d' "homme féminisé" (les métrosexuels), bref, en "émasculant les derniers bastions de domination masculine" (la police et l'armée), l'Occident s'est démuni de tout moyen de se défendre contre l'islamisation de sa société.
Tuer la "Mère de la Patrie"
Selon lui, "la transformation culturelle européenne souhaitée par les marxistes culturels va plus loin que la poursuite de l'égalité des sexes." En cherchant à tendre vers une égalité des genres, en promouvant des canons masculins d' "homme féminisé" (les métrosexuels), bref, en "émasculant les derniers bastions de domination masculine" (la police et l'armée), l'Occident s'est démuni de tout moyen de se défendre contre l'islamisation de sa société.

Le féminisme et l'égalité femme/homme sont donc, toujours d'après Breivik, le terreau de l'islamisme. La dissolution de la culture européenne aurait commencé par le féminisme plus que par les politiques migratoires.
Aussi, il rejette les mouvements féministes et ses sympathisants, les tenants pour responsables de la destruction imminente de la civilisation occidentale. C'est pourquoi, lorsqu'il a tiré sur la foule d'Utoeya, il cherchait avant tout à tuer Gro Harlem Brundtland, la Landsmoderen (Mère de la Nation). Cette femme, ancienne cheffe du gouvernement norvégien (à trois reprises), a été la première personnalité politique à procéder à une distribution des ministères selon le principe de parité entre hommes et femmes. D'après le tueur, elle était plutôt la Landsmorderen, l'assassin de la Nation (pour avoir ouvert largement les portes du gouvernement et du pouvoir aux femmes).
Aussi, il rejette les mouvements féministes et ses sympathisants, les tenants pour responsables de la destruction imminente de la civilisation occidentale. C'est pourquoi, lorsqu'il a tiré sur la foule d'Utoeya, il cherchait avant tout à tuer Gro Harlem Brundtland, la Landsmoderen (Mère de la Nation). Cette femme, ancienne cheffe du gouvernement norvégien (à trois reprises), a été la première personnalité politique à procéder à une distribution des ministères selon le principe de parité entre hommes et femmes. D'après le tueur, elle était plutôt la Landsmorderen, l'assassin de la Nation (pour avoir ouvert largement les portes du gouvernement et du pouvoir aux femmes).

Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux de Marc Lépine, "masculiniste" canadien. Le 6 décembre 1989, il avait ouvert le feu sur le campus de l'école polytechnique de Montréal, ne prenant pour cible que des femmes. Il fit 14 victimes. Dans la lettre qu'il écrivit avant de se donner la mort, il répètait sa hargne contre les féministes. Il jugeait ces dernières opportunistes et passéistes, voulant "conserver les avantages des femmes [...] tout en s'accaparant ceux des hommes". Se réclamant, comme Breivik, de l'ordre des hommes, il vouait lui aussi une haine envers les femmes, destructrices du modèle patriarcal. Au Canada, la population a été saisie d'une vive émotion et indignation. Depuis, la législation sur le contrôle des armes à feu au Canada s'est durcie (Lépine s'était procuré le fusil semi-automatique légalement). Par ailleurs, le 6 décembre est devenu la journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes.
Extrait du journal télévisé de Radio Canada en date du 6 décembre 1989, sur la tuerie de l'école polytechnique de Montréal

Le "masculinisme", ou la haine déguisée des femmes
Au Québec hier, en Norvège donc aujourd'hui, ces violences sont portées par ce que l'on appelle le "masculinisme". Cette idéologie prend racine en réponse au jeune mouvement féministe, au début du XXème siècle. On considère traditionnellement qu'il naît en 1913, avec la publication de The Fraud of Feminism, ouvrage vivement antiféministe, écrit par Ernest Belfort Bax. Le rejet, voire la haine, des femmes a traversé bien des courants, fascistes ou révolutionnaires, à la fin du XIXème et dans la première moitié du XXème siècle. Certains courants anarchistes, à commencer par celui du Français Proudhon, ou du Russe Bakounine, affichent une véritable répulsion pour les femmes, sans doute la traduction de peurs, qui s'ancrent dans des siècles d'imprégnation chrétienne.
Saint Paul qui comparait le sexe des femmes à un cloaque, n'écrivit-il pas : "Comme cela a eu lieu dans toutes les Eglises des saints, que vos femmes se taisent dans les assemblées, car elles n'ont pas mission de parler ; mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la Loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent leurs maris à la maison; car il est malséant à une femme de parler dans une assemblée." Mais les groupes fascistes ou le nazisme érigent en fondement de leurs dictatures, les "mères-patrie" (pour reprendre l'expression de l'historienne féministe américaine Claudia Koonz). Ces femmes destinées avant tout à la procréation et au renouvellement des surhommes figurent parmi les plus ardentes défenseures des régimes qui les maltraitent. Le régime de Vichy fera de la fête des mères une célébration nationale.
Au Québec hier, en Norvège donc aujourd'hui, ces violences sont portées par ce que l'on appelle le "masculinisme". Cette idéologie prend racine en réponse au jeune mouvement féministe, au début du XXème siècle. On considère traditionnellement qu'il naît en 1913, avec la publication de The Fraud of Feminism, ouvrage vivement antiféministe, écrit par Ernest Belfort Bax. Le rejet, voire la haine, des femmes a traversé bien des courants, fascistes ou révolutionnaires, à la fin du XIXème et dans la première moitié du XXème siècle. Certains courants anarchistes, à commencer par celui du Français Proudhon, ou du Russe Bakounine, affichent une véritable répulsion pour les femmes, sans doute la traduction de peurs, qui s'ancrent dans des siècles d'imprégnation chrétienne.
Saint Paul qui comparait le sexe des femmes à un cloaque, n'écrivit-il pas : "Comme cela a eu lieu dans toutes les Eglises des saints, que vos femmes se taisent dans les assemblées, car elles n'ont pas mission de parler ; mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la Loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent leurs maris à la maison; car il est malséant à une femme de parler dans une assemblée." Mais les groupes fascistes ou le nazisme érigent en fondement de leurs dictatures, les "mères-patrie" (pour reprendre l'expression de l'historienne féministe américaine Claudia Koonz). Ces femmes destinées avant tout à la procréation et au renouvellement des surhommes figurent parmi les plus ardentes défenseures des régimes qui les maltraitent. Le régime de Vichy fera de la fête des mères une célébration nationale.

Comme pourrait l'indiquer son nom, le mouvement chercherait à promouvoir des droits des hommes égaux à ceux des femmes dans la société, la justice, la famille, le travail ou la discrimination. Cependant, bien souvent, pour ses adeptes, le "masculinisme" est avant tout là pour affirmer la supériorité de l'homme sur la femme, s'opposant de fait à l'idée d'égalité des sexes.
Les messages des "masculinistes" vont de la négation des droits sociaux acquis par les femmes à l'appel radical au meurtre des féministes (fort heureusement plutôt rare), en passant pas la victimisation des garçons à l'école ou le rôle du père dans le divorce.
Si au départ, le message "masculiniste" se contentait de renverser la rhétorique féministe, on constate qu'avec l'accélération de l'émancipation féminine, les démarches en faveur de la parité, et l'évolution des modèles familiaux, le mouvement s'est radicalisé.
Les messages des "masculinistes" vont de la négation des droits sociaux acquis par les femmes à l'appel radical au meurtre des féministes (fort heureusement plutôt rare), en passant pas la victimisation des garçons à l'école ou le rôle du père dans le divorce.
Si au départ, le message "masculiniste" se contentait de renverser la rhétorique féministe, on constate qu'avec l'accélération de l'émancipation féminine, les démarches en faveur de la parité, et l'évolution des modèles familiaux, le mouvement s'est radicalisé.