Iman, du théâtre Ashtar, et Marina Barham, co-fondatrice et directrice générale du
théâtre al Harah (Beit Jala) se sont alors engagées dans la campagne One Billion Rising, en intervenant devant les futurs membres de la police palestinienne, à l’académie de police de Jéricho.
Onze volontaires ont ainsi écrit et produit, avec le théâtre Ashtar, une œuvre mettant en scène la nécessité d’une réponse des autorités aux cas de violences familiales. Dans la pièce intitulée « Even at home » – Même à la maison –, une jeune fille abusée sexuellement par son frère est assassinée par sa famille après avoir pourtant tenté de faire appel à la police et aux services sociaux. D’après Iman, les réactions à la pièce furent excellentes : « I
ls savent ce qui devrait être fait (…). Ces cinq dernières années, la sensibilisation de la police a fortement progressé. »
Le théâtre al-Harah a, quant à lui, présenté aux futurs policiers « Alone we Stand » – Seules nous restons –, une pièce écrite sur la base de témoignages de femmes célibataires, en collaboration avec le metteur en scène italien Pietro Floridia – avec lequel ils ont dû répéter via Skype, mais aussi en Jordanie en raison de son interdiction de séjour de 5 ans en Israël.
Les femmes palestiniennes célibataires – car jamais mariées, veuves ou divorcées – sont soumises à une forte pression morale de la part de la communauté : «
Elles ne peuvent pas sortir, elles ne peuvent pas s’habiller comme elles le veulent, elles ne peuvent pas avoir de relations [sexuelles] parce que tout le monde prétend qu’elles sont ‘faciles’, » explique Marina Barham. Dans le cas où elles auraient des enfants d’un précédent mariage, «
si elles décident de se remarier, elles perdront la garde de leurs enfants », en vertu d’un code de la famille toujours appliqué par des tribunaux religieux.
Cette pièce a soulevé quelques commentaires peu amènes de la part des futurs policiers : «
Que des hommes ! Alors bien sûr, ils sont jeunes, juste au début [de leur formation]. Beaucoup d’entre eux riaient et blaguaient pendant la représentation. Nous avons eu une discussion avec le public après. Certains ont nous ont dit : « Ce n’est pas vrai ; ce n’est pas notre société, c’est contre notre culture [de critiquer cette situation], c’est contre notre tradition. » Normal. » Pour Marina, l’important n’est pas de convaincre du premier coup : «
Pour nous, même si cela soulève un débat, des critiques, cela les fait réfléchir. Si au moins quelques personnes sortent du théâtre en réfléchissant, c’est un succès. »