A Tunis, un millier de personnes, en majorité des femmes, ont manifesté ce dimanche 11 mars 2018. Elles réclament l'égalité en matière d'héritage, et donc, une réforme du code successoral pour que les hommes n'héritent plus systématiquement du double de ce qui est légué aux femmes, comme le prévoit le droit islamique.
C'est la première fois, en Tunisie, que l'on manifeste spécifiquement contre l'inégalité en matière de succession, entre les femmes et les hommes. La question est éminemment taboue dans tout le monde musulman.
Plus de 1000 personnes marchaient dans le quartier du Bardo, à Tunis, dimanche 11 mars. Beaucoup de militantes féministes, quelques hommes aussi.
Aujourd'hui qu'on en parle, que cela soit sur la place publique, il y a un débat public autour de cette question. Je pense que l'on a déjà gagné la bataille.
Monia Ben Jémia, présidente de l'association des femmes démocrates.
Le code successoral tunisien est issu du droit coranique. Il prévoit que la femme n'hérite que de la moitié de la part de l'homme, du même degré de parenté.
"La femme est aux côtés de son mari toute sa vie et à la fin elle a un héritage qui n'est pas juste du tout. Elle peut même être discriminée par rapport à ses enfants! Elle n'a pas le choix et ce n'est pas juste. Et je ne suis absolument pas d'accord avec ça", explique Wassila Narmouchi, une manifestante venue de Jendouba.
La Tunisie, à l'avant-garde ?
La Tunisie a été, dès 1956 et son indépendance, à l'avant-garde des pays arabo-musulmans, en matière de droits des femmes.
Avec l'adoption du "code du statut personnel" abolissant la polygamie, permettant le divorce... Mais ne touchant pas à la question de l'héritage.
Aujourd'hui, les femmes représentent plus d'un quart de la population active. Elle contribuent donc, de plus en plus, à la constitution du patrimoine familial. Pour les féministes tunisennes, la loi doit évoluer. D'autant qu'elle est contraire à la Constitution de 2014 qui "garantit l'égalité des droits entre femmes et hommes".
Une commission a été mise en place par le président Caïd Essebsi. Elle doit faire des propositions pour réformer la loi, en juin prochain.