En Turquie, victoire judiciaire pour une association de lutte contre les féminicides

"Vous ne pourrez pas nous arrêter !" : les militantes de la plate-forme féministe "We Will Stop Femicide" savourent leur victoire. Un tribunal d'Istanbul a décidé d'abandonner les poursuites contre cette association de défense des droits des femmes dont un procureur avait demandé la dissolution.

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Victoire judiciaire pour une association féministe turque

L'association féministe turque "We Will Stop Femicide" remporte une victoire judiciaire.

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"La plainte a été rejetée", a affirmé à l'AFP Nursen Inal, une des représentantes de la plateforme "We Will Stop Femicide".

Nous sommes très heureuses, même si rien de tout ça n'aurait dû avoir lieu au départ. Nous continuerons la lutte pour défendre les droits des femmes ! Nursen Inal, "We Will Stop Femicide"

"Nous sommes très heureuses, même si rien de tout ça n'aurait dû avoir lieu au départ. Nous continuerons la lutte pour défendre les droits des femmes !", a poursuivi la militante au milieu des applaudissements des soutiens présents au tribunal. "Qu'est-ce que nous disions ? Nous arrêterons les féminicides et vous ne pourrez pas nous arrêter !", s'est encore félicitée l'association dans un message sur le réseau social X.

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Un procureur d'Istanbul avait demandé l'an dernier la dissolution de la plateforme "We Will Stop Femicide", une des principales associations de défense des droits des femmes de Turquie, pour "activités contraires à la loi et la morale".

Les dirigeantes de l'ONG, fondée en 2010, dénonçaient un procès politique depuis son ouverture en juin 2022.

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"Détruire la famille"

A l'origine du procès, des plaintes déposées par des particuliers qui reprochent aux membres de l'association de "détruire la famille au prétexte de défense des droits des femmes".

La plateforme avait organisé plusieurs manifestations pour le maintien de la Turquie dans la Convention d'Istanbul, un traité international établissant un cadre légal et institutionnel pour lutter contre les violences sexistes et dont la Turquie s'est retirée en 2021.

Le gouvernement turc avait justifié sa décision en affirmant que ce traité encourageait l'homosexualité et menaçait la structure familiale traditionnelle.

Le soutien des familles de victimes

A l'inverse, des familles de femmes turques victimes de féminicides avaient pris la défense de la plateforme féministe. "Nous nous opposons à la dissolution de la plateforme. Elles nous ont soutenues quand il n'y avait personne pour nous soutenir", avaient-elles plaidé dans un communiqué lu devant la cour par une responsable de l'ONG.

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Dans la dernière ligne droite de la campagne pour l'élection présidentielle, en mai, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait également ciblé presque quotidiennement les LGBTQI+, qu'il qualifie depuis des années de "pervers".

Selon la plateforme féministe, 189 femmes ont été tuées depuis le début de l'année en Turquie, 403 en 2022.

L'abandon des poursuites contre l'ONG intervient sept jours après la visite à Ankara du commissaire européen à l'Elargissement. Ce dernier, le Hongrois Oliver Varhelyi, a conditionné la reprise des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne à l'accomplissement de progrès en matière de "démocratie et (d') Etat de droit".

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