Fil d'Ariane
Autoriser la présence de la personne de son choix lors des échographies et du séjour en maternité après l'accouchement, un acte banal "avant", interdit pendant le Covid et peut-être possible rapidement si les autorités sanitaires suivent les recommandations du Collège national des gynécologues et obstétriciens français.
Si cette décision semblait acceptable au moment le plus aigu de la crise sanitaire, il apparaît aujourd'hui difficile de garder la même doctrine.
Collège national des gynécologues et obstétriciens français.
Jusqu'à présent, dans la plupart des maternités, la personne accompagnant la mère n'est autorisée à rester que pendant l'accouchement et deux heures après la naissance. "Si cette décision semblait acceptable au moment le plus aigu de la crise sanitaire, il apparaît aujourd'hui difficile, alors que se prépare le déconfinement et que la situation s'est stabilisée avec une circulation moindre du virus, de garder la même doctrine", explique le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) dans un communiqué.
Pour beaucoup de femmes enceintes, l'isolement imposé par le confinement a terni la joie de la naissance prochaine. Séances de préparation à l'accouchement par visioconférence, téléconsultations après sept mois et demi de grossesse, rendez-vous avec l'anesthésiste remplacé par une discussion téléphonique, visite à la maternité annulée : les professionnels de la naissance ont rapidement pris des mesures tout en maintenant les examens essentiels, mais à distance.
Le CNGOF, conscient de la difficulté pour les futurs parents de vivre séparés ce moment, recommande, depuis l'annonce du déconfinement, de "faciliter la présence de l'accompagnant" tout en maintenant les mesures barrières. Et ce du fait de "la particularité qu'est l'événement de vie que représente une naissance, l'importance pour un couple de préparer ensemble les différents temps qui la précèdent et qui la suivent, et le nécessaire accompagnement autour des enjeux psychiques de la périnatalité", explique le Collège national des gynécologues et obstétriciens français.
"Les consignes évoluent, explique Jacky Nizard, président de l'association des gynécologues-obstétriciens européens et obstétricien à la Salpêtrière à Paris. Pour le moment la plupart des maternités acceptent un accompagnant en salle de travail, mais il n'y a pas de règle générale". Car pour ne pas augmenter les risques de transmission du virus, certaines maternités, jusqu'à récemment, filtraient les futurs papas.
Pour ce grand moment de la vie qu'est la naissance d'un enfant, nombre de futures mamans ont fait état d'un profond vague à l'âme. Pour celles qui ont dû se résoudre à accoucher sans leur conjoint.e, la déception est cruelle. Karin Karam, 32 ans, fait le compte de tous les rendez-vous, médicaux, mais aussi de bien-être, qui ont dû être annulés : "Ce sont six semaines pendant lesquelles on doit se concentrer sur cet événement heureux, mais là on est concentrés sur le coronavirus. J'ai l'impression qu'on m'a volé mon début de congé maternité," confiait-elle.
Afin d'accompagner les futures mamans durant cette période cruciale de leur vie, le professeur Jacky Nizard, avait publié sur internet de petites vidéos à leur intention. Tournées dans la cour de l'hôpital sur un ton délibérément badin, elles devançaient les questions : "Pour les consultations, zéro accompagnant : le père reste dehors"; "Pour l'accouchement, pour l'instant, un accompagnant - ça pourra changer - et s'il sort, il ne revient plus". "Après ? Personne : on sait, c'est compliqué".
Plusieurs pétitions avaient réclamé la présence du coparent en salle d'accouchement : "La situation est critique et chacun doit prendre ses précautions... Cependant interdire l'accès à la salle d'accouchement au papa ne résoudra rien. La maman vivant déjà avec le papa, s'il est porteur, elle le sera tout autant. De plus, des mesures d'hygiène peuvent être instaurées aux papas," écrivait Stéphanie Laufer, à l'origine d'une pétition en Suisse.
Même si la grossesse les rend plus vulnérables aux infections virales respiratoires, les femmes enceintes peuvent être rassurées quant au risque de transmission du virus à leur bébé. "Il n'y a pas de transmission verticale et l'allaitement est permis," assure le Dr Thierry Harvey.
Les futures mamans ne doivent pas oublier que certains troubles assimilables à des symptomes de coronavirus peuvent aussi avoir d'autres causes. "En fin de grossesse, le volume de l’utérus qui comprime le diaphragme et le thorax rend la respiration parfois difficile", rappelle le professeur Yves Ville, chef du service d’obstétrique et de médecine fœtale de l’hôpital Necker-enfants malades.
Tous les médecins et obstétriciens alertent néanmoins les femmes sur l'impérieuse nécessité des gestes barrières : lavages de main fréquents, éviter les contacts, tousser dans son coude, utiliser des mouchoirs jetables et les jeter dans un contenant fermé.
Comme c'est déjà le cas, recherche des symptômes de la maladie (fièvre, toux...), masques et solution hydroalcoolique sont de rigueur, et l'accompagnant s'engage à rester "confiné" pendant toute la durée de sa présence en salle de naissance, afin d'éviter au maximum les allées et venues.
Après l'accouchement, "il semble préférable d'envisager une absence totale de sortie de l'accompagnant qui reste auprès de la mère. Si le séjour est plus long ou que l'accompagnant ne peut rester dormir sur place, une seule venue est autorisée par jour, toute sortie est considérée comme définitive et seul un retour le lendemain peut être autorisé", préconise le CNGOF.
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Note positive, cette information rassurante : à ce jour, aucun cas de transmission du Covid-19 au fœtus n’a été observé dans le monde.
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