Entre la France et l'Algérie, le parcours d’une mère de disparu
Nassera Dutour est mère de disparu. En janvier 1997, son fils Amine Amrouche est sorti de chez lui pour faire des courses et n'est plus revenu à la maison. Il avait à peine 22 ans. À travers l'histoire de la disparition de son enfant, dans une Algérie déchirée par une guerre civile dans les années 90, Nassera Dutour s’engage dans le combat pour la vérité et la justice sur le sort des 8000 disparus enlevés par les forces de sécurité algériennes. Un combat qui dure depuis quinze ans.
Le 13 novembre dernier, Nassera Dutour, membre fondatrice et porte-parole du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), a reçu le prix Oscar Romero des droits de l’Homme de la Chapelle Rothko à Houston, aux Etats-Unis. Ce prix a été créé en l’honneur de l’archevêque de San Salvador, assassiné le 24 mars 1980, pour s’être opposé à la dictature militaire.
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Nassera est née à Marseille en 1955 et y a vécu toute son enfance. Elle est fille et petite fille d’immigrés algériens venus en France à la fin des années 40 pour y travailler.
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En 1965, après l’indépendance, ses parents décident de retourner en Algérie pour « participer à l’effort de construction de leur pays ». Mais la grande joie du retour au pays de ses parents s’est vite estompée.
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A l’âge de 16 ans ses parents décident que Nassera sait assez de choses pour arrêter ses études. Elle se marie à 18 ans avec son cousin avec qui elle a trois enfants puis divorce après cinq ans de mariage.
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En 1984, elle décide de refaire sa vie en France avec l’espoir qu’une fois bien installée, elle pourrait ramener ses enfants. Entre temps le code de la famille entre en application.
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A leur majorité, les enfants demandent un visa d’entrée en France. Mais au bout de deux ans de démarches et trois refus, elle écrit une lettre aux services des visas à Nantes qui lui répondent en novembre 1996 de suivre la procédure normale. Deux mois après la nouvelle tombe : Amine a disparu. Nassera monte dans le premier avion et débarque à Alger avec l’intime conviction qu’elle allait vite le retrouver.
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Au bout de six mois de recherche, Nassera prend conscience de la gravité de la situation et qu’elle n’était pas la seule à faire le même parcours. D’espoir en désespoir, de joies en déception ces mères de disparus s’accrochent au jour le jour à la moindre information ou à la moindre piste de recherche.
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C’est ainsi que leurs chemins se croisent dans les commissariats, les casernes et chez les deux rares avocats Maître Tahri et feu Maître Khelili qui ont accepté de les soutenir dans leurs investigations. De ces rencontres naîtra en 1998 l’association des familles de disparus et depuis chaque mercredi elles se rassemblent devant l’Observatoire des droits de l’homme en Algérie pour demander qu’ « on leur rende leurs fils morts ou vifs».