Eplucher des pommes de terre ou coucher les enfants, une richesse nationale ?

Selon certains économistes, si l'on prenait en compte le travail, invisible, des femmes à la maison, le calcul de la richesse des nations serait bien différent. 
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Eplucher des pommes de terre ou coucher les enfants, une richesse nationale ?
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Eplucher des pommes de terre ou coucher les enfants, une richesse nationale ?
Invitée au colloque des Nouvelles News, qui s'est tenu la semaine dernière à Paris, l'auteure Isabelle Alonso expliquait que si une pomme de terre est épluchée par un homme, dans un restaurant, et devient un cornet de frites vendu à un consommateur, la pomme de terre vient s'ajouter au calcul du Pib, autrement dit, de la richesse nationale d'un pays, puisque quelque chose a été produit. « Mais si la patate est épluchée par madame dans sa cuisine, pour nourrir ses enfants, elle disparaît des comptes »... Calculs biaisés On peut se demander qui a décidé, au sortir de la deuxième guerre mondiale, d'inclure ou non certaines activités dans le calcul de la production de richesse nationale. La réponse se précise quand on sait qu'en France, tondre la pelouse ou construire une étagère - deux activités éminemment masculines, sont reconnues comme ajoutant de la richesse au pays, mais qu'en revanche, produire un repas pour la famille ou aller chercher les enfants à l'école sont autant d'activités - plutôt féminines - qui ne sont pas incluses dans le calcul.... «Le chiffre est non seulement biaisé par pays mais aussi quand on compare le Pib de différents pays, explique de son côté Delphine Roy, chargée d'études économiques à l'Institut national de la statistique et de l'étude économique (Insee) à Paris. Ainsi, alors que les Italiennes sont parmi les moins nombreuses en Europe à travailler en dehors de chez elles, les tâches qu'elles accomplissent à la maison ne sont pas prises en compte (en Italie non plus, donc....) dans le calcul du Pib. En revanche, aux Etats-Unis, alors que d'une part les femmes participent plus amplement au marché du travail, et, que de l'autre, elles préfèrent acheter des services - ceux d'une baby sitter ou d'un livreur de pizza – la production de richesse nationale en est augmentée d'autant. « Mama » contre livreur de pizza « Selon les calculs actuels, la richesse nationale italienne ne représente dans son ensemble que 56% de celle des Etats-Unis, précise ainsi cette économiste, mais si l'on ajoute les tâches ménagères effectuées par les Italiennes et qui se substituent à des services achetés, alors le Pib italien monte à 79% de son équivalent américain. Par ailleurs, selon les calculs de l'Insee, 77% du travail domestique en France est réalisé par les femmes. Si l'on rapporte le travail des femmes aux 35 heures légales en France, payées au salaire minimum, par exemple, on pourrait calculer combien « valent » économiquement les tâches ménagères dévolues principalement aux femmes. Et les faire apparaître dans le calcul de la richesse nationale ! « Cela équivaudrait à la production de toute l'industrie française en un an, soit 17% du Pib », affirme l'économiste...

Lysiane J.Baudu

Lysiane J.Baudu
Ancienne grand reporter à La Tribune, Lysiane J. Baudu a rencontré, pendant ses 20 ans de journalisme international, des femmes du monde entier. 
Ces "rencontres" feront l'objet de billets, qui lui permettront de faire partager ses impressions, ses analyses, son ressenti au contact de ces femmes, dont l'action professionnelle fait sens pour toutes les autres, de même que pour la société.