Espagne : femmes, arbitres de foot et mobilisées face au coronavirus

"Je ne suis pas Superwoman" : à l'image d'Iragartze Fernandez, plusieurs femmes arbitres de football sont mobilisées face au coronavirus dans les hôpitaux en Espagne, où cette infirmière basque et ses collègues font face à la fatigue, au stress et aux insultes... comme sur le terrain. 
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capture d'écran
Iragartze Fernandez, Elena Pelaez et Judit Romano sont arbitres semi-professionnelles et font partie du personnel médical espagnol... Elles sont donc mobilisées dans les hôpitaux pendant la pandémie. 
©Capture d'écran Instagram / liga_iberdrola

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Arbitres semi-professionnelles sur les pelouses espagnoles, Iragartze Fernandez, Elena Pelaez et Judit Romano sont également des professionnelles de santé en première ligne face à la pandémie. Au point d'avoir été mises en avant, considérées comme des héroïnes du quotidien en Espagne, même si elles rejettent cette étiquette.
"Je fais juste mon travail, confie Iragartze Fernandez. Je ne suis pas Superwoman, ni quoi que ce soit. Je fais un effort, comme tout le monde."

Cette arbitre assistante de 26 ans, qui officie sur des matchs de première division féminine et de troisième division masculine, exerce depuis cinq ans comme infirmière dans un centre médical de Bilbao, au Pays basque. Et face à l'ampleur de la crise sanitaire, elle est repassée d'un mi-temps à un plein temps pour gérer l'afflux de malades. Comme ses consoeurs, Judit Romano, assistante en deuxième division masculine, qui travaille à l'hôpital universitaire central d'Oviedo, dans le nord-ouest, en tant qu'anesthésiste au service réanimation, et Elena Pelaez, arbitre en première division féminine et sage-femme dans un hôpital de Palencia dans le nord du pays.

"Grands risques" 

"On a de grands risques de transmettre la maladie, parce que nous vivons à côté d'elle", commente-t-elle. Cela génère du stress, parce que tu luttes contre quelque chose qui t'est inconnu. Tu joues avec ce désavantage," explique Iragartze Fernandez.

Alors que le virus avait fait près de 3000 morts en Espagne, selon un dernier bilan publié mardi, l'infirmière reconnaît être sous pression face à des patients parfois aussi agressifs que des footballeurs sur un terrain : "Dans mon travail d'infirmière, malheureusement, il y a aussi beaucoup d'injures", confie-t-elle.

"Peut-être que dans le foot, on en parle plus, mais moi, comme infirmière, je souffre aussi beaucoup des insultes des gens qui ne veulent pas faire la queue, ou qui veulent être auscultés en premier parce que leur situation serait plus grave que celle du voisin", regrette la jeune arbitre.

Tous ces applaudissements tous les soirs, c'est incroyable.Iragartze Fernandez, arbitre et infirmière dans un centre médical de Bilbao

Mais tout n'est pas si négatif : elle savoure aussi les salves d'applaudissements qui retentissent aux fenêtres et aux balcons en Espagne pour saluer le travail des soignants : "Tous ces applaudissements tous les soirs, c'est incroyable, dit-elle. Cela fait chaud au coeur de voir que notre travail est enfin reconnu. Moi, ça fait deux ans que je travaille dans le même centre médical, et personne ne m'avait jamais remerciée."

Soupape 

Alors que le football espagnol est suspendu jusqu'à nouvel ordre face à la pandémie, Iragartze Fernandez regrette simplement de ne plus pouvoir exercer - une soupape indispensable dans sa vie : "Faire du sport, c'est mon échappatoire. Au travail, on vit avec le coronavirus, on le côtoie. Je rentre à la maison, j'allume la télé, on ne parle que de ça", souligne-t-elle.

"La seule chose à faire pour vraiment déconnecter, c'est le sport. Moi, ça m'aide beaucoup à oublier tout ça, précise-t-elle, expliquant qu'elle continue à s'entretenir physiquement. On nous envoie des vidéos, des exercices avec des décisions à prendre, on a aussi des tests physiques à passer, avec des conseils en fonction du matériel dont on dispose à la maison, si par exemple on n'a pas de bandes élastiques ou de vélo d'appartement... On s'adapte", explique-t-elle.