Le hasard est parfois ironique : à une semaine d'intervalle, deux grands pays du Sud de l'Europe présentaient leurs nouveaux gouvernements, constitués à l'occasion de crises politiques. L'Italie devait composer avec une alliance des extrêmes, droite et gauche, autoproclamées anti-système ; tandis qu'en Espagne le parti conservateur chutait après de graves affaires de corruption au sommet de l'Etat. Les conséquences en terme de parité ont été diamétralement opposées : le mouvement 5 étoiles - M5S (gauche populiste) et la Ligue (extrême droite) proposaient à Rome une formation de 18 ministres, dont seulement cinq femmes, tandis que le chef de file du Parti socialiste espagnol annonçait un cabinet pro-européen et majoritairement féminin.
Côté italien, les cinq femmes ont été assignées à des fonctions plutôt "féminines" de la Santé - Giulia Grillo, de la Fonction publique - Giulia Bongiorno, des Affaires régionales - Erika Stefani, et du Sud - Barbara Lezzi, un seul ministère "régalien" leur étant octroyé, celui de la Défense - Elisabetta Trenta. Manifestement, le premier ministre Guiseppe Conte a été plus attentif à l'équilibre politique qu'à celui des genres.
Les ministres italiennes de la Fonction publique et de la Défense pourront échanger en tout cas avec leurs homologues espagnoles.
Parce qu'en Espagne, en revanche, pour la première fois, les hommes seront en droit de réclamer plus de parité. Avec deux tiers de femmes, le socialiste Pedro Sánchez Pérez-Castejón a sans doute voulu marquer les esprits.
Le gouvernement le plus féministe d'Europe
Ce qui frappe dans ce nouveau gouvernement espagnol n'est pas seulement le nombre majoritaire de femmes, mais aussi leur place dans la hiérarchie. Si la présidence du Conseil reste entre les mains d'un homme, la vice-présidence, essentielle dans les rouages constitutionnels de la péninsule ibérique échoit à une femme, María del Carmen Calvo Poyato, qui assurera aussi les charges de porte-parole, celles des relations avec les Cortes (le parlement) et ... l'Egalité. Cela revient à signifier que l'égalité entre les genres devient l'un des principaux axes de travail de cet exécutif.
"La composition de ce gouvernement est le reflet du meilleur de la société espagnole, paritaire, intergénérationnel et ancrée dans l'Union européenne", a commenté Pedro Sánchez Pérez-Castejón, assez fier de lui de secouer une société encore vécue comme ultra machiste par les Espagnoles. En témoignent les défilés massifs et spontanés après la requalification d'un viol collectif en abus sexuel (avril 2018), la grève générale et très suivie du 8 mars 2018, ainsi que les manifestations qui l'ont accompagnée.
El nuevo Gobierno de España es el reflejo de lo mejor de la sociedad a la que aspira a servir. Una sociedad paritaria, abierta, comprometida e intergeneracional. Un Gobierno progresista, modernizador y europeísta preparado para afrontar los desafíos del siglo XXI.
— Pedro Sánchez (@sanchezcastejon) 6 juin 2018
> En Espagne, la requalification d'un viol en abus sexuel fait descendre des foules de femmes dans les rues
> En Espagne, une mobilisation massive le 8 mars. Feu de paille ou tournant féministe ?

Les femmes aux finances et à l'économie, le nerf de la guerre
Le socialiste a surtout choisi deux femmes pour diriger son équipe économique qui, selon sa promesse de la semaine dernière, "devra avoir pour priorité principale de respecter les engagements européens" en matière de déficit public. Aux côtés de Nadia Calviño à l'Economie, Maria Jesus Montero prend le portefeuille des Finances. Assumant déjà cette responsabilité au gouvernement régional de l'Andalousie, elle avait ainsi dû pratiquer dans sa région les coupes claires dans les dépenses publiques ordonnées par le gouvernement conservateur.Mieux que la Finlande ou l'Islande, c'est dire
Sur les réseaux sociaux, il y a d'abord les enthousiastes, comme celle-ci : "64,7% du nouveau gouvernement de Sanchez est composé de femmes ministres, cela dépasse même les pays nordiques comme la Finlande, chefs de file dans #OlaFeminista et #Gender equality."64,7% del nuevo gobierno de @sanchezcastejon está constituido por mujeres ministras, superando incluso a países nórdicos como Finlandia, líderes en #igualdaddegénero #OlaFeministahttps://t.co/ATCjtMJiSQ
— Marisol Aguila Bettancourt (@Aguilatop) 7 juin 2018
Entre el Gobierno de viejos conservadores,de Rajoy,y el de Mujeres y jóvenes progresistas de Pedro Sanchez,no hay color.
— Jose E. Larrazabal (@joselarrazabal5) 7 juin 2018
Vamos Pedro!!
No es gobierno paritario, hay más mujeres que hombres. Si copiamos la lógica de las feministas progres que tanto te gusta, ahora deberíamos salir los hombres a pedir un 50% de hombres y que no nos representa este gobierno ¿no?
— Enrique Martínez (@QuiqueVal) 6 juin 2018
Se habla como algo grandioso de cuantas mujeres ha puesto @pedrosanchez en su Gobierno!.... Pero nadie habla de los 4 Ministerios más que ha creado....¿qué gasto publico nos supone?.... Empiezan a malgastar....pero ahora vale todo.....
— Araceli Caparrós (@aracelicap) 7 juin 2018
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