Dernier né des Nobel, ce prix, officiellement "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel", a été créé en 1968 pour célébrer les 300 ans de la Banque de Suède. Cette année, il fait donc exception en revenant à une femme, la Française Esther Duflo, accompagnée de deux hommes, son mari, l'Indien Abhijit Banerjee, et l'Américain Michael Kreme. Tous trois sont récompensés pour leurs études sur la pauvreté dans le monde.
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— The Nobel Prize (@NobelPrize) October 14, 2019
The 2019 Sveriges Riksbank Prize in Economic Sciences in Memory of Alfred Nobel has been awarded to Abhijit Banerjee, Esther Duflo and Michael Kremer “for their experimental approach to alleviating global poverty.”#NobelPrize pic.twitter.com/SuJfPoRe2N
Esther Duflo est la deuxième femme sacrée par les Nobel cette année après le prix de la littérature, remis à la Polonaise Olga Tokarczuk pour l'édition 2018, reporté d'un an après un scandale d'agression sexuelle.
2019 Economic Sciences Laureate Esther Duflo, born in 1972, is the second woman and the youngest person to be awarded the Prize in Economic Sciences.#NobelFacts #NobelPrize pic.twitter.com/0Ek8E7kLRh
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Esther Duflo, un déjà si long parcours
A 46 ans, Esther Duflo devient la plus jeune Nobélisée d'économie et la seconde femme à obtenir ce prix, après l'Américaine Elinor Ostrom en 2009.Elle est née le 25 octobre 1972 à Paris. Sa mère est médecin pédiatre et son père est le mathématicien Michel Duflo. Pendant son enfance, sa mère participe régulièrement à des actions humanitaires. Un goût pour l'humanitaire dont elle va hériter. Durant ses études à l'Ecole normale supérieure, la jeune femme va travailler comme bénévole dans plusieurs ONG.
Après 10 mois passés à Moscou en 1993 suite à ses travaux sur l'histoire et l'économie de l'URSS, elle se tourne vers l'économie appliquée, sur les conseils d'un certain ... Thomas Piketty. En 1999, elle soutient sa thèse de doctorat au département d’économie du MIT, ( Massachusetts Institute of Technology, Etats-Unis) consacrée à l’évaluation économique des projets de développement. En 2002, elle a à peine 29 ans lorsqu'elle devient professeure associée dans la même prestigieuse école. Deux ans plus tard, elle est nommée professeure à vie à l’université de Princeton.
La française Esther Duflo récompensée par le #Nobel d’économie, avec l’Indien Abhijit Banerjee et l’Américain Michael Kremer. Elle est seulement la 2e femme de l’histoire à recevoir la distinction : entretien à retrouver sur notre site #EstherDuflo ⏯️ https://t.co/NhIDSrgG2P pic.twitter.com/jBdPWcDu7D
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En 2013, elle est repérée par l'équipe du second mandat de Barack Obama qui la choisit pour le conseiller sur les questions de développement, au sein du nouveau Comité pour le développement mondial, un organisme américain chargé de conseiller le président des États-Unis et les hauts dirigeants de l’administration.
Lutter autrement contre la pauvreté
Esther Duflo rencontre celui qui deviendra son mari Abhijit Banerjee, alors qu'il est son professeur. En 1997, il l'accompagne et lui sert de guide lors de son premier voyage en Inde. Ils ont eu un enfant en 2012. En 2015, le couple se marie.
Esther Duflo et Abhijit Banerjee, Repenser la pauvreté
Esther Duflo sur Radio Canada, le 1er juin 2011 >
"Depuis le début de mon travail de thèse, je me suis toujours attachée à des problèmes relativement bien définis. C'est-à-dire, pas à me poser des questions comment résoudre la pauvrete mais des questions plus précises comment permettre à des enfants d'aller plus à l'école, si construire plus d'école cela peut permettre aux enfants d'aller à l'école plus longtemps, et si ces années aditionnelles auront un bénéfice pour ces enfants. Je crois que ça correspond à ma sensibilité qui est plus de résoudre des problèmes les uns après les autres", déclarait-elle à la télévision canadienne il y 8 ans.
Dans un rapport sur les 17e rencontres économiques d'Aix-en-Provence, en septembre 2017, à laquelle Esther Duflo et son mari participaient, elle évoquait la question des migrations de Mexicains aux États-Unis. S'appuyant sur de nombreuses études scientifiques aboutissent à la même conclusion : même sur un marché du travail relativement fermé, l'accroissement du nombre de migrants n'a pas d'éffet négatif réel notamment sur le chômage. "Les migrants ne font pas que travailler, ils consomment également. Plus jeunes, ils dynamisent la démographie. Ils fournissent de nouveaux services porteurs d’externalités positives : les Mexicaines engagées comme nounous permettent aux femmes de réintégrer le marché du travail", répondait-elle à un étudiant l'interrogeant à ce sujet.
Lors d'une émission de France Culture en février 2018, la jeune économiste n'est pas tendre avec la grand-messe de Davos, le Forum économique mondial :"Davos, j'y suis allée deux ou trois fois. C'est vraiment 100% marketing ! Une combinaison entre marketing et tentatives de se racheter une bonne conscience. Ils parlent de fracture sociale, ce sont les même chefs d'entreprise qui sont par exemple derrière la réforme fiscale aux Etats-Unis, ils disent qu'ils vont donner des bonus à leurs employés pour faire passer cette réforme, alors que cette réforme, ça va tellement dans le mauvais sens du point de vue des inégalités que cela en est hallucinant !".
Esther Duflo, économiste : "Davos, c'est 100% marketing : il s'agit de se racheter une bonne conscience." @LaGrandeTable https://t.co/0zqIDMoFEO pic.twitter.com/3xolEBU67i
— France Culture (@franceculture) February 2, 2018
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