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Reportage de notre équipe à Radio-Canada : Catherine François, C. Dumouchel, M. Turcot 2'12"
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Et pourquoi pas une librairie féministe à Montréal ? Aussitôt dit, aussitôt fait

« N’attendez plus de permission pour agir, parler, écrire comme vous l’entendez. » Cette phrase tirée d’un roman de science-fiction intitulé « L’Euguélionne », a inspiré les jeunes femmes qui sont à l’origine de l’ouverture d’une libraire féministe à Montréal, inaugurée en ce mois de décembre 2016, quelques jours avant Noël.
C'est en hommage à « L’Euguélionne », qu'elles ont d’ailleurs décidé de baptiser leur commerce. Ce livre écrit par la romancière et poétesse québécoise Louky Bersianik, nom de plume de Lucile Durand, en 1976 est peu connu. Il est pourtant considéré comme l’une des premières œuvres littéraires féministes au Québec.

Un message sur Facebook

La librairie a ouvert ses portes le 15 décembre 2016 mais l’idée d’en ouvrir une a pris naissance durant l’été 2015 lorsque la libraire Marie-Ève Blais a réalisé qu’un pamphlet de Virginia Woolf se trouvait dans la section roman, et non essai, de la librairie où elle travaillait. Elle s’en indigne sur Facebook  en concluant dans son message : « et pourquoi pas une librairie féministe à Montréal ? » Un message qui trouve un écho rapidement… les échanges qui s’ensuivent aboutissent à la formation d’un collectif, composé de cinq jeunes femmes accompagnées d’un jeune homme. Et ce collectif lance en mars 2016 une campagne de financement participatif afin de recueillir des dollars pour ouvrir ladite librairie.

Cette campagne a remporté un succès inespéré : l’objectif de 25 000$ a été rapidement dépassé pour atteindre près de 40 000$.

Il y avait beaucoup plus de gens qu'on le pensait qui avaient envie qu'il y ait une librairie féministe à Montréal

Stéphanie Dufresne, membre du collectif et libraire de l’Euguélionne

« On a eu le sentiment, d'abord par l'argent qui a été ramassé et par tout l'engouement et les commentaires, que cela répondait vraiment à un besoin, qu'il y avait beaucoup plus de gens qu'on le pensait qui avaient envie qu'il y ait une librairie féministe à Montréal » m’explique Stéphanie Dufresne, membre du collectif et libraire de l’Euguélionne.

Libaririe féministe de Montréal, l'équipe
Stéphanie Dufresne, Marie-Eve Blais et Nicolas Longtin-Martel font partie de l'équipe des 5 libraires de L'Euguélionne et du collectif qui a mené à sa céation
(c) Catherine François


La librairie L’Euguélionne affiche une mission simple : donner aux femmes qui ont écrit une place, une reconnaissance et une légitimité qu’elles n’ont pas toujours eues.

Faire dialoguer les féminismes ensemble, faire dialoguer des féministes ensemble
Marie-Ève Blais, membre du collectif et libraire de l’Euguélionne

« Il y avait vraiment une envie de créer un espace où on garde ces livres-là, un espace où on leur donne une place plus grande et où on leur donne une légitimité d'existence et de présence » déclare Marie-Ève Blais, autre membre du collectif et libraire elle aussi de l’Euguélionne. « L’idée c'est de mettre de l’avant des ouvrages écrits par des femmes, des ouvrages féministes, au sens très large, l'idée c'est de faire dialoguer les féministes ensemble et les féministes de facto en organisant des événements ».

Car l’Euguélionne ne sera pas qu’une librairie : on pourra très prochainement y prendre un café et des événements y seront organisés pour «  mettre de l'avant des voix de femmes, des visages de femmes, des paroles féministes et faire que la communauté puisse se rencontrer à travers ces événements-là » précise Marie-Ève Blais.

Libaririe féministe de Montréal, l'espace enfant
L'Euguélionne ne sera pas qu'une librairie, elle sera aussi un lieu de rencontres et d'échanges, et un coin café y sera bientôt aménagé, comme cet espace pour les enfants
(c) Catherine François

Un espace en tous genres

La librairie a pignon sur rue en plein cœur du village gai de Montréal, juste à côté d’une bouche de métro et à quelques centaines de mètres de l’Université du Québec. Le collectif a trouvé que c’était tout naturel d’ouvrir leur boutique dans ce quartier pour joindre les communautés LGBT et créer un dialogue avec elles.

Pour l’instant, près de 3000 titres en boutique mais la collection doit s'enrichir au cours des prochains mois de milliers d’ouvrages supplémentaires, incluant des livres anglophones.  

« On a pensé la collection de manière très diversifiée, ajoute Stéphanie Dufresne, parce qu’on a envie d'avoir des communautés très diversifiées qui viennent. Il y a donc des livres jeunesses qui déconstruisent ou évitent de reproduire les stéréotypes de genre, des bandes dessinées, des essais féministes, des romans, de la poésie et des zines aussi, qui est un genre littéraire important dans les communautés féministes ».

Libaririe féministe de Montréal, la façade
L'Euguélionne a pignon sur rue, au coeur du village gai de Montréal
(c) Catherine François


Les jeunes femmes sont bien conscientes que le marché du livre n’est pas facile à Montréal mais elles croient que leur librairie, indépendante et spécialisée, saura se trouver une niche, ce d’autant plus qu’elle ne sera pas qu’une librairie.

« Il y a justement tout ce mandat de créer un espace qui est ouvert pour les communautés, de créer un endroit qui n'est pas seulement un commerce mais qui est vraiment un lieu où les gens peuvent se rassembler, se retrouver et s’identifier » avance Stéphanie Dufresne.

La librairie est organisée sur le principe d’une coopérative à but non lucratif, elle emploie cinq libraires mais il n’y a pas de patron. Elle a bien sûr sa page Facebook, et des comptes instagram et twitter pour communiquer avec sa clientèle.  

On ne peut que souhaiter la meilleure des chances et longue vie à L’Éuguélionne et à son équipe ! Une réussite comme celle qu'ont connue la Librairie et les Editions des femmes à Paris, ou encore la Bibliothèque féministe de Londres.