Et si la nageuse Kirsty Coventry devenait la première femme présidente du CIO ?

Dans moins d'un mois, la fumée blanche sortira des instances du Comité olympique international et elle pourrait écrire le nom de Kirsty Coventry dans le ciel de l'histoire de l'olympisme. Cette ancienne nageuse zimbabwéenne, médaillée olympique, pourrait devenir la première femme et la première Africaine élue à la présidence du CIO. 

Image
Kirsty Coventry, nageuse en or

Kirsty Coventry du Zimbabwe célèbre sa victoire dans la finale du 200 mètres dos féminin lors des compétitions de natation au Centre aquatique national des Jeux olympiques de Pékin 2008 à Pékin, samedi 16 août 2008. 

©AP Photo/Mark J. Terrill
Partager 2 minutes de lecture

"Les Jeux olympiques ont changé ma vie", et c'est pour cette raison que Kirsty Coventry, double médaillée d'or du 200 mètres dos aux JO d'Athènes en 2004 et Pékin en 2008, a choisi de s'élancer dans une course inédite pour elle, relevant ainsi un défi, et pas des moindres : devenir la première femme africaine à présider le CIO. A 41 ans, elle fait partie des sept candidats engagés dans la course à la succession de l'actuel président Thomas Bach.

"Pour moi, ce serait le meilleur moyen de continuer à promouvoir l'égalité des sexes auprès des entraîneurs et des dirigeants sportifs. Kirsty Coventry

Dans un entretien accordé à l'AFP, elle estime que son élection serait "une chose énorme" pour le continent africain et montrerait que le CIO est "véritablement une organisation mondiale". "Pour l'Afrique, cela ouvrirait de nombreuses opportunités à d'autres fonctions dirigeantes. Ce serait une façon de dire que l'Afrique est prête. Nous sommes capables de diriger. Nous avons le soutien nécessaire. Allons-y. Faisons-le", ajoute-t-elle.

Devenir la première femme présidente validerait en outre, selon elle, le travail déjà accompli par le CIO en matière de parité. "Pour moi, ce serait le meilleur moyen de continuer à promouvoir l'égalité des sexes auprès des entraîneurs et des dirigeants sportifs", explique la quadragénaire qui deviendrait, en cas de succès en mars prochain, la plus jeune présidente de l'histoire de l'instance olympique.

Des chances compromises ?

Ministre des Sports du Zimbabwe depuis 2019, Kirsty Coventry a été reconduite dans ses fonctions il y a deux ans par le président Emmerson Mnangagwa. Mais la Cour internationale de justice (CIJ) a estimé que les élections de 2023 n'avaient été "en aucun cas libres, équitables et fiables". 

J'ai énormément appris en entrant dans ce ministère. Je me suis employée à changer beaucoup de politiques et de pratiques dans mon pays. Kirsty Coventry

Faire partie d'un gouvernement dont la légalité est contestée pourrait nuire aux chances de la candidate à la présidence du CIO. Cette dernière estime à l'inverse que son poste lui a permis de réformer les choses de l'intérieur. "J'ai énormément appris en entrant dans ce ministère. Je me suis employée à changer beaucoup de politiques et de pratiques dans mon pays".

"Je pense que chaque pays a ses défis et ses problèmes. Les élections de 2023 ont été les premières sans violences depuis plus de vingt ou trente ans. C'est un pas dans la bonne direction", poursuit-elle.

Kirsty Coventry, ministre

Le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa serre la main de Kirsty Coventry après sa prestation de serment à Harare, le 12 septembre 2023. 

©AP Photo/Tsvangirayi Mukwazhi

Africaine et blanche

Née à Harare en 1983, Kirsty Coventry a rejoint les Etats-Unis en 2001 pour s'entraîner et poursuivre ses études. "Mon expérience d'athlète, ma capacité à naviguer dans des eaux politiques délicates au Zimbabwe, le fait que je vienne d'un pays de l'hémisphère sud, mais que j'aie étudié aux États-Unis et que j'y sois restée longtemps, m'ont permis d'avoir les deux points de vue", explique-t-elle.

Un journaliste m'a demandé si le pays serait heureux qu'une Blanche ait remporté la première médaille du Zimbabwe en vingt-quatre ans. Kirsty Coventry

Elle rejette par ailleurs l'affirmation selon laquelle des membres du CIO s'interrogent sur son "africanité" parce qu'elle est blanche. "Ils ne m'en ont pas parlé", assure-t-elle. "C'est une question que je me suis posée lorsque j'ai gagné mes médailles en 2004 et que le Zimbabwe était en pleine crise (politique et économique, alors que Robert Mugabe était encore au pouvoir, ndlr) . 

"Un journaliste m'a demandé si le pays serait heureux qu'une blanche ait remporté la première médaille du Zimbabwe en vingt-quatre ans, raconte-elle. Pour être honnête, j'ai été complètement interloquée, car je me considère comme Zimbabwéenne. Je suis née là-bas. Ma mère est née là-bas. Ma grand-mère est née là-bas".

Kirsty Coventry, médaillée olympique

Kirsty Coventry tient la médaille d'or du 200 mètres féminin au Championnat du monde de natation de Manchester, en Angleterre, le 12 avril 2008. Elle a réalisé le record de 2'06'13'

©AP Photo/Paul Thomas

(Re)lire JO-2024 : ces athlètes féminines qui ont marqué l'histoire olympique

Une philosophie "ubuntu"

Lors sa campagne pour la présidence du CIO, l'ex-nageuse a fait sienne la philosophie africaine "ubuntu" qui repose sur la devise : "Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous... C'est vraiment la base de ma profession de foi. Je veux un projet collaboratif", explique-t-elle.

Je pense que le monde olympique et sportif a une occasion unique de montrer ce que peut être l'humanité et comment nous pouvons respecter les différences des uns et des autres. Kirsty Coventry

"Je pense que le monde olympique et sportif a une occasion unique de montrer ce que peut être l'humanité et comment nous pouvons respecter les différences des uns et des autres", souhaite la double championne olympique. Athlète africaine la plus décorée aux Jeux, elle ne cache pas son ambition de voir le continent accueillir ses premiers JO en 2036, comme le précise le site d'info sport.360.ma.

Réponse dans un mois : l'élection au poste de président(e ?) du CIO se déroulera du 18 au 21 mars.

Lire aussi dans Terriennes : 

Jeux Paralympiques : Nantenin Keita, "toujours croire en ses chances de réussite"

JO-2024 : Imane Khelif et Lin Yu-ting, trop masculines pour combattre contre des femmes ?

Rifda Irfanaluthfi : première gymnaste indonésienne aux JO

JO-2024 : "faire étinceler le sport féminin"