Etat des lieux des pratiques obstétricales : mieux lutter contre mortalité prénatale et violences gynécologiques

Césarienne, péridurale, épisiotomie... L'accouchement dans tous ses états. L'Agence régionale de santé d'Ile-de-France met en ligne une carte interactive recensant les chiffres des "pratiques obstétricales" dans les maternités de région parisienne. Parmi les objectifs de cette initiative : diminuer la morbi-mortalité maternelle et infantile mais aussi réduire les violences obstétricales.

Image
maternité luxembourg
©flickr
Maternité du Centre Hospitalier de Luxembourg.
Image
maternité trousseau
©Trousseau-APHP
La maternité de l’hôpital Armand-Trousseau : une maternité de type 3.
Partager4 minutes de lecture
idf stats accouchements
Statistiques sur les accouchements en Île-deFrance publiées sur le site ARS.

En Ile-de-France, 77,1% des accouchements en moyenne ont eu lieu en 2020 par voie basse, parmi lesquels 85,9% sous péridurale (contre 79,5% et 81,1% respectivement dans toute la France). Un peu plus d'une femme sur cinq (22,9%) a accouché par césarienne, soit un peu au-dessus de la moyenne nationale, qui se situe à 20,5%.

Au niveau mondial, le taux de femmes accouchant par césarienne est de 21% et "devrait continuer à augmenter au cours de la prochaine décennie" pour atteindre 29%, estimé l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'organisation internationale y voit le signe "d'un nombre croissant de procédures non nécessaires sur le plan médical et potentiellement néfastes". Car si cet acte chirurgical est parfois indispensable pour la mère et son enfant, il les expose aussi "à des risques pour leur santé à court et long terme". 

Cartographier pour affiner

La périnatalité étant l'une des priorités du projet régional de santé et "Ma santé 2022" de l'Agence régionale de Santé d'Île-de-France (ARS-IDF), cette dernière a mis en ligne une carte intéractive recensant les chiffres des "pratiques obstétricales" dans les maternités de la région, comme les taux de césarienne, péridurale ou épisiotomie. Développé aussi pour les mobiles, ce site, destiné au grand public et aux professionnels de santé, vise à "rendre accessibles, et de manière transparente, des données liées à l'accouchement". 

cartes hopitaux idf
Carte des maternités d'Île-de-France sur le site ARS.
©ARS





   
Pour chacune des 78 maternités listées, publiques et privées, figurent plusieurs statistiques sur les accouchements, ainsi que le nombre total d'accouchements en 2020 et la catégorie à laquelle elle appartient - niveau 1, 2 et 3 - en fonction des soins qui sont proposés.

"Les indicateurs disponibles informent sur le nombre d'accouchements annuels avec leur mode par voie basse (spontanée ou assistée par des manœuvres ou instruments) ou par césarienne, les analgésies péridurales et les épisiotomies. Si les informations transmises sont très bonnes en ce qui concerne les actes d'accouchement par voie basse ou par césarienne, elles restent encore à améliorer pour les actes complémentaires que sont les épisiotomies ou les manœuvres instrumentales," avertit l'ARS.

Des données à mettre en perspective

Ces chiffres, collectés à partir de la base de données des hospitalisations - le Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) - "sont à mettre en perspective avec votre situation particulière", avertit en préambule l'Agence régionale de santé (ARS).

En effet, les maternités de niveau 3, spécialisées dans la prise en charge des grossesses pathologiques, multiples et des grands prématurés, sont plus susceptibles de réaliser des accouchements nécessitant une césarienne. Mais même au sein de maternités d'une même catégorie, les pratiques peuvent beaucoup varier : parmi les quatre maternités parisiennes de niveau 3, le taux de césarienne varie ainsi de 18,7% à 30,6%.

stats hopital
Exemple d'une maternité parisienne de niveau 3 : la maternité Trousseau, Paris 12e. Capture d'écran des statistiques sur les accouchements fournies par le site ARS.

Lutter contre la mortalité périnatale

Chaque jour dans le monde, plus de huit cents femmes meurent des suites de complications survenues pendant la grossesse, l’accouchement et le post-partum. Si la grande majorité des morts maternelles se produisent dans les régions les plus pauvres du monde, entre un et dix de ces décès ont lieu dans les pays industrialisés. L'outil de comparaison de l'ARS doit aussi "participer à l'amélioration de la pertinence des soins afin de diminuer la morbi-mortalité maternelle et infantile", c'est-à-dire les complications et les décès.