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©A.Herman
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Etats-Unis : le juge Kavanaugh et sa première accusatrice devant le Sénat

Brett Kavanaugh peut-il réellement devenir le nouveau membre à vie de la Cour suprême américaine ? Le dossier à charge contre le juge ultra-conservateur s'alourdit un peu plus chaque jour. Après les révélations d'une plaignante rendues publiques sur une chaîne de télévision américaine, ce sont désormais quatre accusations d'agression sexuelle qui pèsent contre lui. Même Donald Trump n'exclut plus de lâcher son candidat, auditionné ce jeudi par le Sénat américain.
Ce jeudi 27 septembre 2018 était une journée à haut risque pour Brett Kavanaugh. Le Sénat américain auditionnait le juge fédéral sous serment. Une audience publique retransmise dans tout le pays, et au-delà.

Le protégé (ou futur ex-protégé ?) de Donald Trump risque gros, accusé d'agression sexuelle, il pourrait ne pas accéder au siège de la Cour Suprême. Face à lui, son accusatrice, Christine Blasey Ford, qui fait ressurgir du passé une soirée arrosée de l'été 1982. Selon ses déclarations, le jeune Kavanaugh et un ami à lui, Mark Judge, étaient très éméchés ce soir-là. Après l'avoir isolée dans une chambre, le futur juge l'aurait plaquée sur un lit et aurait tenté de la déshabiller. Profitant de leur confusion, elle aurait réussi à fuir.
 

"Je croyais qu'il allait me violer", révèle-t-elle d'une voix étranglée, lors de son audition. "Je suis ici parce que j'estime qu'il est de mon devoir civique" de témoigner, "je ne suis la marionnette de personne."

Retour en images sur une audition chargée d'émotions et lourde de conséquences de part et d'autre : 

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Une quatrième plainte

Une ancienne camarade du juge, Deborah Ramirez, 53 ans, l'avait accusé quelques jours plus tôt d'avoir exhibé son sexe près de son visage lors d'une soirée arrosée à l'université de Yale.

Mais quelques heures avant l'audition devant le Sénat survenait un nouveau rebondissement à charge : la chaîne d'information NBC dévoilait une nouvelle plainte anonyme accusant de nouveau le juge fédéral.
 

Julie Swetnick, une fonctionnaire fédérale, livre, elle, une charge nettement plus lourde.

Dans une déclaration sous serment transmise au Sénat, elle explique avoir participé à une dizaine de fêtes dans la région de Washington entre 1981 et 1983 où se trouvaient aussi Brett Kavanaugh et Mark Judge. "Je (les) ai vu boire de manière excessive et avoir un comportement totalement inapproprié, notamment en devenant très agressifs avec les filles", écrit-elle, en les accusant notamment d'avoir "caressé et peloté des filles sans leur consentement... Brett Kavanaugh et d'autres tentaient de soûler et de désorienter les filles à un point qu'elles pouvaient être violées en réunion", assure-t-elle encore.
 

Vers 1982, j'ai été victime d'un de ces viols collectifs où Mark Judge et Brett Kavanaugh étaient présents. Peu après, j'ai parlé de ce qui s'est passé à deux autres personnes. Je n'étais pas consentante, et j'étais incapable de lutter contre les garçons qui me violaient.
Julie Swetnick

"En 1982, j'ai été victime d'un de ces viols collectifs", confie-t-elle, en expliquant avoir été incapable de se défendre probablement sous l'effet d'une drogue. "Mark Judge et Brett Kavanaugh étaient présents", affirme-t-elle sans donner plus de détails.

Le magistrat conservateur dément tout en bloc, et dénonce une attaque venue de la "quatrième dimension".

L'opposition ne manque pas de monter au créneau :
 
Je crois fermement que le juge Kavanaugh devrait se retirer. Et le président devrait retirer cette nomination si Kavanaugh ne le fait pas volontairement.

Chuck Schumer, responsable du groupe démocrate au Sénat
Des accusations qui fragilisent encore un peu plus le prétendant à la Cour Suprême, si bien que même le Président Trump semble faire un pas en arrière.

Le soutien pas si indéfectible de Trump

Il y a deux semaines, le juge Kavanaugh semblait pourtant en bonne voie pour obtenir le feu vert du Sénat pour faire son entrée au sein de la plus haute cour, arbitre des questions de société les plus épineuses (droit à l'avortement, armes à feu, mariage homosexuel...).

Soutien indéfectible du juge Kavanaugh, Donald Trump a dénoncé une "belle grosse arnaque" orchestrée par les démocrates pour faire dérailler la confirmation de son candidat et loué "un gentleman", un "génie extraordinaire".

Mais pour la première fois, une faille est apparue dans son discours : il a assuré qu'il pourrait "changer d'avis" après avoir entendu le témoignage de Christine Blasey Ford. "Il semblerait que vous êtes en train de dire qu'il se peut que vous retiriez la candidature de Brett Kavanaugh. Est-ce correct ?" lui demande une journaliste.  "Si je pensais qu'il était coupable, oui c'est certain", répond-il.

 
Si je pensais qu'il était coupable, oui c'est certain. 

Donald Trump, président des Etats-Unis

Donald Trump a suivi les débats à bord de l'avion présidentiel. Et il a trouvé Christine Blasey Ford crédible, très crédible, même, comme l'explique notre correspondante aux Etats-Unis Elisabeth Guédel :



Et il va même jusqu'à évoquer la possibilité de choisir une femme pour le remplacer à la Cour Suprême, si nécessaire.