“Certaines femmes se battent pour avoir un réel statut, pour pouvoir réussir professionnellement. Mais elles ne représentent que 3% des Palestiniennes”, déplore Norma Marcos. Dans son livre “Le désespoir voilé” la réalisatrice dresse le portrait de quelques unes de ces femmes remarquables par leur parcours ou leur engagement.
"J'ai rencontré beaucoup de femmes à travers la Palestine, raconte-t-elle. J'ai choisi celles qui ont eu un rôle intéressant à la fois sur le plan personnel, politique et social."
« D’abord un Etat, puis un statut »
Artistes, politiques, associatives. Les femmes décrites par Norma Marcos ont essayé de faire bouger les lignes mais la situation géopolitique a compliqué le combat féministe.
“L’occupation a vraiment relégué la question de la femme au second plan. Les hommes politiques ont toujours dit ‘laissez-nous avancer sur le plan politique avec la construction d’un Etat palestinien et après on travaillera sur le statut de la femme’. Or pour moi c’était une grande erreur, il fallait travailler les deux en même temps.”
En écartant les revendications féministes, les autorités palestiniennes ont fait involontairement le jeu du Hamas, selon Norma Marcos. “Si l’OLP avait pris au sérieux le statut de la femme dès le début, le Hamas ne pourrait pas faire ce qu’il fait en ce moment : dire à la femme de mettre un voile et de rester à la maison.”
Un repli sur les traditions
Les défaites militaires et politiques ont amené les Palestiniens à se replier sur eux-mêmes et sur leurs traditions. “La femme dans le monde arabe et dans la société palestinienne n’est considérée qu’un seul corps et ce corps n’appartient qu’à l’homme, à lui seul. Il appartient à son père, son frère puis son mari.”
Pour illustrer les mentalités, Norma Marcos raconte une fable très répandue en Palestine : “Le prophète dit à sa femme : vous n'êtes pas la femme la plus fidèle, c’est celle du bûcheron. Alors la femme du prophète va voir celle du bûcheron et lui demande comment elle fait pour être la plus fidèle. Cette dernière lui répond : ‘avant l'arrivée de mon mari je lui prépare un repas, à boire, le lit et un bâton. Quand il rentre, s'il a faim je lui donne à manger, s’il a soif à boire, s'il a besoin de mon corps je vais au lit avec lui et s'il sent que j'ai fait quelque chose de mal je lui donne le bâton.’”
Le
crime d’honneur n’est d’ailleurs pas rare dans la société palestinienne. Les femmes sont battues voire tuées par des membres de leur famille si ces derniers estiment qu’elles ont déshonoré le clan.
Cette conception de la femme soumise est tellement ancrée dans les esprits des hommes et des femmes, que Norma Marcos pense qu’une loi ne suffirait pas à faire changer les choses. Selon elle, c’est par tous les pans de la société (éducation, médias, arts...) qu’il faut essayer de changer les mentalités.