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Radio Canada (Sophie Langlois)
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Exilée au Canada, Shaparak Shajarizadeh continue à lutter pour les droits des Iraniennes

En Iran, Shaparak Shajarizadeh protestait ostensiblement contre le port du voile obligatoire pendant les "mercredis blancs". Condamnée à la prison pour infraction à la loi islamique, elle a quitté son pays et demande désormais l'asile au Canada.

En Iran, la contestation du régime autoritaire des ayatollahs, en place depuis plus de quarante ans, est généralement durement réprimée par les autorités. Plusieurs femmes, pourtant, continuent à lutter pour s'affranchir du carcan de la République islamiste.

Shaparak Shajarizadeh n'est pas la seule à s'opposer au harcèlement, au dénigrement et à la violence envers les femmes dans ce pays du Moyen-Orient. Elle n'est pas non plus la seule à avoir participé aux "mercredis blancs", un mouvement lancé en mai 2017 par Masih Alinejad, journaliste et activiste iranienne, en exil aux États-Unis. Objectif :  mobiliser les femmes iraniennes contre les règles misogynes de la société, symbolisées par l'obligation de porter un foulard.

Le hijab dans le paysage politique iranien

En 1936, Reza Shah Pahlavi interdit le foulard pour moderniser le pays. Avant la révolution islamique de 1979, de nombreuses Iraniennes portaient des vêtements occidentaux. Puis pendant la révolution, porter publiquement un hijab est devenu un symbole de protestation contre la monarchie pro-occidentale du dirigeant d'alors, Mohammad Reza Shah Pahlavi.

Le nouveau gouvernement théocratique, dirigé par l'ayatollah Ruhollah Khomeini, a progressivement imposé des codes vestimentaires interdisant aux femmes de montrer leurs cheveux en public. Beaucoup ont protesté, mais en 1985, le port du hijab est devenu obligatoire.

Cette loi reste en vigueur aujourd'hui. Selon le code pénal islamique iranien, les filles et les femmes qui ne se conforment pas au code vestimentaire risquent de se voir infliger une amende, d'être arrêtées, fouettées et emprisonnées pour avoir commis un haram (acte interdit par la loi islamique). 

CSDHI

D'une série de rassemblements où les participantes arboraient un hidjab (foulard) blanc, le mouvement des "mercredis blancs" s'est transformé en actes de défiance de l'État, lorsque des femmes ont commencé à retirer leur foulard et à en diffuser les images sur les réseaux sociaux sous les mots-dièses de  #WhiteWednesdays ou #TheGirlsofRevolutionStreet.

L'obligation de se couvrir la tête n'est que la partie immergée de l'iceberg, car en Iran, les droits des femmes sont très restreints. "Elles n’ont pas le droit d’avoir la garde de leurs enfants ni de divorcer, même si elles sont maltraitées à chez elles. C’est l’homme qui décide. Les femmes ne peuvent pas voyager, ne peuvent pas aller au travail ni à l’université sans la permission de leur mari", expliquait Shaparak Shajarizadeh dans un entretien au comité de soutien aux droits de l'Homme en Iran.

Arrêtée à trois reprises par la police, puis emprisonnée à Shahr-e Rey et Evine, Shaparak Shajarizadeh a été "violemment battue", confie-t-elle. J'ai eu peur, avoue la quadragénaire. Peur de mourir, sans doute, mais aussi peur pour son fils de 9 ans, qui sera d'ailleurs embarqué lors d'une rafle, tandis que sa mère sera de nouveau placée en isolement. 

Son avocate, la défenseuse des droits humains Nasrin Sotoudeh a été arrêtée en juin après avoir été inculpée de plusieurs infractions dans le cadre de son travail de défense des femmes, à commencer par Shaparak Shajarizadeh. Nasrin Sotoudeh est actuellement détenue à la prison d'Evine.

Depuis quelques années, ce sont les femmes qui font la révolution en Iran.

Shaparak Shajarizadeh

Finalement libérée, Shaparak Shajarizadeh s'enfuit en Turquie en juillet 2019, où elle retrouve son fils. Apprenant qu'elle était condamnée à deux ans de prison et à 18 ans de liberté surveillée en Iran, elle émigre au Canada. Son mari, lui, est resté en Iran. Installée dans la banlieue de Toronto, la quadragénaire apprend à découvrir son nouveau pays et rêve de pratiquer le droit. Histoire, notamment, de défendre toutes les autres femmes toujours persécutées par le pouvoir iranien. "Car depuis quelques années, dit-elle, ce sont les femmes qui font la révolution en Iran".