Fil d'Ariane
En Égypte, où le football n’est quasiment pratiqué que par des hommes, une femme est nommée pour la première fois dans l’histoire du pays à la tête d’une équipe masculine. Faiza Heidar a grandi en jouant au football avec les garçons dans la rue, au risque de casser les codes et bravant les avertissements de sa mère qui redoutait pour elle moqueries et harcèlement.
Lorsqu'ils ont réalisé qu'ils pouvaient apprendre d'une femme des choses qui leur permettraient de progresser, les garçons sont devenus réceptifs.
Faiza Heidar
Fin octobre 2020, celle qui fut pendant plus de dix ans la brillante capitaine de la sélection égyptienne féminine s’est engagée avec l’Ideal Goldi à Gizeh, un club masculin de quatrième division. Faiza Heidar, à 36 ans, est également la première personne de nationalité égyptienne, femmes et hommes confondus, à obtenir le Premier Skills Coach Educator Status, un certificat de compétences attribué par la "Premier League", la prestigieuse Fédération anglaise.
#Sport : En Égypte, Faiza Heïdar devient la première femme coach sportif pour une équipe de football masculine du pays. Un grand bravo à elle pic.twitter.com/IYIBe9AQ4y
— Danièle SNG (@danielesng1) November 9, 2020
Même si elle confesse avoir parfois subi les moqueries redoutées par sa mère, la nouvelle coach de l’Ideal Goldi témoigne : "Au début, c'était difficile, car les hommes n'ont pas l'habitude d'avoir une femme comme entraineure. Bien sûr, j'ai eu quelques moqueries et certains n'étaient pas attentifs. Ils pensaient qu'une femme qui les entraine, ce n'était pas sérieux. Et puis lorsqu'ils ont réalisé qu'ils pouvaient apprendre d'une femme des choses qui leur permettraient de progresser, les garçons sont devenus réceptifs".
Joueur de l'Ideal Goldi, Abdelrahman Essam a adopté sa nouvelle coach : "C'est un sacré personnage, Faiza est unique en son genre ! On ne voit pas de différence entre un entraineur masculin ou une femme coach. Avec elle nous apprenons énormément."
Dans un pays où le football reste un univers presque exclusivement masculin, son exemple donne de l’espoir aux Égyptiennes qui rêvent de suivre sa trajectoire. La jeune entraineure veut effacer les stéréotypes : "Les traditions et les principes dans une société masculine avec leur lot d'intimidation sont tenaces, mais en quoi un entraîneur masculin serait-il supérieur à une femme coach ? Je ne vois pas de différence, pas plus qu'entre blanc, noir, chrétien ou musulman..." Pour la jeune femme, diriger une équipe masculine n'est qu'une étape. La prochaine : que le football égyptien ne voit plus en elle une femme, mais une coach, tout simplement.
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