Il est pourtant évident que cette femme politique âgée de 83 ans fait référence à son propre parcours. En 1965, elle rencontre François Mitterand, et dès 1973 elle prend des responsabilités au sein du Parti socialiste. Élue députée européenne en 1979 sur les listes du PS, elle y fonde la commission des droits des femmes. L'éternelle engagée est ensuite maire et députée de Lisieux dans le Calvados. Et comme sa ministre idéale, elle a eu l’oreille de François Mitterrand,
Pierre Mauroy et
Laurent Fabius, qui furent tous deux des Premiers ministres du début de la première présidence Mitterrand. Certaines anciennes du Mouvement de libération des femmes (MLF), également présentes, ne sont pas convaincues. Pour elles, entrer au gouvernement, c’est accepter d’être une
apparatchick, appartenir au système et abandonner la lutte au nom du compromis.
"Quelle serait donc la place des associations dans l’action du ministère ?", s’interrogent-t-elles.
"Il faut avoir un pied dedans et un pied dehors", s’exclame Yvette Roudy qui a longtemps fait ce numéro d’équilibriste. Ce qui lui a valu de féroces critiques des deux camps.
"On me disait que j’étais une vendue." "Il va falloir s’unir pour avoir un vrai poids", lance quelqu’un dans l’assemblée. Sujet sensible. Le mouvement féministe a toujours été divisé en factions. Même aujourd’hui, s’unir semble une utopie. Même si cette conférence est organisée par
Féministes en mouvement, une fédération d’une quarantaine d’associations ayant toutes leurs propres combats et n’étant pas toujours d’accord. Les partisanes d’un rassemblement se manifestent :
"Il ne faut pas se concentrer sur les points qui nous divisent , il faut se concentrer sur les points qui nous unissent". Les esprits s’échauffent, le brouhaha monte.
"C’est comme il y a quarante ans", rit une militante au décolleté plongeant. Elles s’y croient déjà, il faut encore que François Hollande soit élu.