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France : Cette mobilisation des femmes contre les violences sexuelles et les féminicides s'est affichée sur les murs de Paris ces dernières semaines. Des femmes ont voulu sensibiliser l'opinion publique et faire réagir le gouvernement. #NousToutes pic.twitter.com/agnozZXAxB
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) November 23, 2019
Des tribunaux spécialisés contre les #violences faites aux femmes. C'est ce que nous revendiquons depuis 2006 dans notre proposition de #loicadre contre les violences. Hé oh là haut , y'a quelqu'un ? @Macron https://t.co/kB5lIi8wi0
— Coll. Droits Femmes (@coldroitsfemmes) December 28, 2019
Nous ne les oublions pas.
— #NousToutes (@NousToutesOrg) December 31, 2019
Nous continuerons de nous battre en 2020. Chaque jour.
Pour que ces violences cessent.
Rejoignez-nous.https://t.co/YPkpwhgZpp
https://t.co/P19RiJ7rxK pic.twitter.com/7BREjX7kJb
— Les effronté·es (@efFRONTees) December 30, 2019
Depuis 2016, un collectif de bénévoles, qui tiennent à rester anonymes, "Féminicides par compagnon ou ex" réalise un travail minutieux en comptabilisant les meurtres de femmes. Pour ses membres, l'objectif est de soutenir les familles de victimes et leur permettre de faire reconnaître cette mort comme un féminicide. Une manière aussi de sensibiliser l'opinion publique, au plus près d'une réalité méconnue et surtout d'une urgence que les chiffres officiels ne traduisent pas parce que publiés avec des mois de décalage (exemple, pour 2018, les statistiques avaient été livrées en juillet 2019 seulement). En juillet, le collectif de "Féminicides par compagnon ou ex" décide d'aller plus loin en saisissant les médias dits "mainstream" (grand public, ndlr), il lance un appel dans le journal Le Parisien, intitulé "Protégez-les" : "Elles s'appelaient Julie, Sandra, Aïssatou ou Dominique… Elles étaient nos filles, nos sœurs, nos nièces, nos amies. Elles ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Pour vous c'est un fait divers, pour nous un drame à jamais".
Depuis, plusieurs médias se sont attelés à ce sujet. L’AFP, l’une des principales agences de presse en France et dans le monde, a fait ce travail en s’appuyant au départ sur le travail du collectif avant de réaliser son propre décompte. Pour 2019, ses journalistes comptabilisent entre 122 et 125 féminicides.
Depuis mars 2019, une équipe d’une douzaine de journalistes du Monde est mobilisée pour enquêter sur les féminicides, ou meurtres conjugaux, commis en France. Il s’agit de documenter, de la façon la plus détaillée possible, comment et pourquoi plusieurs dizaines de femmes meurent, tous les ans, en France, tuées par leurs conjoints.
Auparavant, Libération avait déjà lancé début 2017 une enquête pour recenser les féminicides survenus en France. L'analyse de ces données avaient révélé que ces meurtres conjugaux étaient majoritairement commis au domicile de la victime, le plus souvent au moment d'une séparation.
Pour ne plus lire les expressions "crime passionnel", "elle s'est fait violer" et autres joyeusetés dans les médias français, @Prenonsla1 vient de publier une mise à jour de ses outils à destination des journalistes. Confrères et consoeurs, emparez-vous de ce document ! pic.twitter.com/8ktosWYLuy
— Arièle Bonte (@arielebonte) November 21, 2019
Difficile de quantifier le nombre de premières pages ou de gros titres consacrés aux féminicides ou aux violences conjugales ou sexistes dans les médias français en 2019. Mais cette année marquera sans aucun doute un tournant, encore faut-il utiliser les bons mots. C'est dans ce but que le collectif féministe de journalistes Prenons La Une publie un petit lexique. Première recommandation : bannir à jamais les termes "crime passionnel" ou "drame familial" qui minimisent l’acte de l’agresseur. Autre règle à suivre : privilégier la formule "victime déclarée" ou "accusatrice" plutôt que "victime présumée", qui met en doute la parole de la victime. Une dizaine de bonnes règles au total sont proposées par le collectif.
Les associations féministes militent pour la reconnaissance légale du "féminicide", un crime reconnu par plusieurs autres pays. Intégré dans le droit de plusieurs pays d’Amérique latine (Costa Rica, Guatemala, Argentine…), le terme - apparu au XIXe siècle et figure dans le Robert depuis 2015 - est utilisé par les instances internationales comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans une acception très large, pour qualifier la plupart des meurtres de femmes. Il ne figure pas dans le code pénal français.
Pour les féministes, cela permettrait de prendre en compte la spécificité des meurtres commis à l’encontre des femmes, mais les professionnels du droit se montrent eux plus sceptiques. Comme on le lit sur le site de Libération, certain.e.s magistrat.e.s estiment que cela pourrait ajouter de la confusion, et l'arsenal judiciaire français permet déjà de condamner les auteurs de féminicide. "Depuis janvier 2017 et la promulgation de la loi sur l’égalité et la citoyenneté, le code pénal français reconnaît spécifiquement les meurtres sexistes. (...) La circonstance aggravante de sexisme, très récente, est encore peu connue. On ignore combien de fois elle a été retenue dans des cas de meurtres depuis sa mise en place".
Au cours de l'été 2019, Charlotte Beluet, la procureure d’Auch dans le Gers, signe pourtant une première en évoquant officiellement et publiquemet "un probable féminicide suivi d’un suicide" lors d’une prise de parole après un nouveau meurtre de femme par son conjoint. "Quand on utilise ce terme, c’est pour nommer les choses, arrêter de reléguer ces femmes au rang de fait-divers ou d’une statistique indécente, pour contrebalancer tous ces discours récurrents sur ce fameux crime passionnel", argumente la procureure dans la presse, qui cependant ne se positionne "pas forcément " en faveur de l’introduction du terme de féminicide dans le code pénal.
L'association Osez le féminisme a mis en ligne une page spécialement dédiée intitulée "Reconnaître les féminicides dans la loi". Elle rappelle notamment qu'en Europe, la Convention d’Istanbul a pour objectif de "protéger les femmes contre toutes formes de violences" et implique un traitement différencié des crimes contre les femmes.
"Encore une fois, il ne s'agit pas de dire qu'un meurtre crapuleux est moins grave ou que le meurtre d'une femme est plus grave que celui d'un homme, mais de bien nommer les actes pour lutter efficacement contre", nous confiait dans un précédent article Valerie Rey-Robert auteure de Une culture du viol à la française (Editions Libertalia).
Au dela de l'aspect judiciaire, lutter contre les féminicides, c'est avant-tout ne plus se cacher les yeux face au fléau des violences conjugales dans notre pays et de tirer des sonnettes d'alarme, de lancer l'alerte, de venir en aide à une victime, une amie, une voisine, une inconnue. Ce que chacun.e d'entre-nous peut faire au quotidien. En première ligne de cette lutte, les professionnel.le.s de santé. A l'instar de Ghada Hatem, gynécologue et fondatrice de la Maison des femmes à St Denis, qui accueille des femmes victimes de violence. "La violence se manifeste d'abord par des signes physiques comme des coups, des hématomes, des brûlures. Parfois vous êtes mortes, c'est aussi un constat que l'on peut faire hélas", dit-elle. "La vraie prévention consisterait à détricoter les stéréotypes de genre", explique aussi la gynécologue, qui se rend également dans les établissements scolaires pour parler aux jeunes, comme elle le raconte dans cette vidéo sur Franceinfo.
"Dans une grande démocratie comme la France, certains hommes n’arrivent pas encore à supporter que leur compagne existe, autrement que 'pour eux'", déclarait lors de la conclusion du Grenelle le 25 novembre 2019, le chef du gouvernement Edouard Philippe. " La société a besoin d’un électrochoc", lançait-il solennellement face aux caméras.
Bel hommage du Président de la République aux 149 femmes tuées par leur conjoint ou leur ex. #Féminicides #VoeuxMacron2020
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) December 31, 2019
Cc @NousToutesOrg @feminicidesfr
Mardi 31 décembre, 20 h, le président Macron présente ses voeux aux Français.es comme le veut la tradition, en direct à la télévision. Dix minutes de discours, évidemment consacré à l'actualité sociale agitée du moment, mais sans aucune mention à la cause qu'il a pourtant faite de son quinquennat, celle de l'égalité entre les femmes et les hommes.
S'il y a un voeu à faire pour 2020, c'est que la lutte contre les féminicides et les violences conjugales ne reste pas un voeu ... pieux. Car comme l’écrit l’ONU, le nombre de féminicides constitue le thermomètre de l’égalité femme-homme dans un pays.
Selon les #NationsUnies le lieu le plus dangereux pour une #femme est son foyer @ONU_fr pic.twitter.com/ePjmg3VEDN
— Forum Économique Mondial (@wef_fr) December 26, 2019