Féminisme et socialisme : les avis des prétendants à l'investiture PS

Lors du deuxième débat entre les candidats à l'investiture socialiste, à deux semaines du vote, seules  Martine Aubry et Ségolène Royal, les femmes donc, ont insisté sur "l'égalité salariale des hommes et des femmes", pour la première, et sur un "gouvernement paritaire d'hommes et de femmes irréprochables", pour la deuxième. Les questions de parité femmes/hommes, s'affichent pourtant au coeur des différents programmes. Décryptage
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Féminisme et socialisme : les avis des prétendants à l'investiture PS
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Féminisme et socialisme : les avis des prétendants à l'investiture PS
Les candidats à l'investiture socialiste
©SIPA
Depuis la présidentielle de 2007 et la candidature de Ségolène Royal, la parité entre hommes et femmes, dans la vie professionnelle comme politique ou sociale, fait partie des fers de lance socialistes, au même titre que le mariage homosexuel. A l'époque, la présidente du Conseil régionale de Poitou-Charente s'était imposée comme LA candidate des femmes. 5 ans plus tard, tout n'est pas si simple. Les candidats, par ordre de déclaration de candidature, sont Arnaud Montebourg, Ségolène Royal, François Hollande, Manuel Valls, Martine Aubry et Jean-Michel Baylet. Si les 6 candidats à l'investitures socialiste s'accordent à faire de la parité un de leurs thèmes de campagne principaux, tous ne comptent pas y mettre les mêmes moyens, alors que, d'après l'institut Mediaprism, 83% des femmes et 63% des hommes estiment que les questions paritaires doivent figurer à l'ordre du jour de l'élection présidentielle. Par exemple, tous se sont engagés à signer le Pacte pour l'Egalité lancé par le Laboratoire de l'Egalité. En quatre points (parité politique, égalité salariale, égalité domestique, partage d'une culture de l'égalité), cet organisme compte interpeller les différents politiques s'engageant dans la course à la présidentielle. A l'heure actuelle, seuls Manuel Valls et Martine Aubry ont effectivement signé le Pacte, signe fort d'une volonté d'engagement, et peut-être aussi pied de nez au pouvoir en place, qui malgré les promesses du candidat Nicolas Sarkozy en 2007, n'a eu de cesse de repousser les lois contraignant financièrement les partis ne faisant pas effort de parité. A ce titre, mesdames Royal et Aubry réaffirment leur volonté de voir un ministère au Droit des Femmes fort, abandonné en 2002 avec le premier gouvernement du deuxième mandat du président Chirac, celui de Jean-Pierre Raffarin. Un petit portefeuille consacré au Droit des Femmes a toujours existé, mais avec un pouvoir moindre, sous tutelle tantôt du ministère de la Famille, tantôt sous celle de la Cohésion Sociale. Les autres candidats à l'investiture, de sexe masculin, quand à eux, restent plus laconiques sur les moyens mis en place pour atteindre cette parité effective, se contentant de déclarations d'intention, s'alignant les uns sur les autres au sujet des impératifs liés à plus d'égalité pour tous.
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Martine Aubry lors de son meeting du 21 septembre 2011
©TV5MONDE
L'affaire DSK, une épine dans le pied du PS Sujet délicat à l'heure de l'unité politique mais des dissensions internes, l'affaire DSK reste une peau de banane politique que les différents candidats esquivent comme ils le peuvent. Une frise chronologique de OWNI répertorie les différents mots de 5 des prétendants à l'investiture PS pendant les événements consécutifs à l'arrestation de l'ancien directeur du FMI. Si la prudence reste dans l'ensemble de mise, seul Manuel Valls semble soutenir véritablement Dominique Strauss-Kahn. Il reste, aujourd'hui, l'un de ses derniers fidèles, même s'il a pris un peu de distance avec le personnage. Avec le retour en France de celui qu'on voyait déjà à une époque comme le successeur de Nicolas Sarkozy à la tête du pays, les langues se sont quelque peu déliées. Martine Aubry, dans le Grand Journal de Canal + du 30 août, déclarait penser « la même chose que beaucoup de femmes sur l'attitude de Dominique Strauss-Kahn vis-à-vis des femmes ». Elle essaye ainsi de faire oublier le Pacte de Marrakech liant DSK, Aubry et Royal, les trois promettant que celui ou celle obtenant le plus de faveurs des sondages s'engage dans la primaire socialiste, avec le consentement des deux autres. Arnaud Montebourg, de son côté, exige des excuses de Dominique Strauss-Kahn, excuses qu'il devrait formuler aux socialistes qui ont cru en lui, avant de plonger dans le silence. Les autres candidats ont été moins tranchés. François Hollande ne souhaite pas se montrer « désobligeant ». Ségolène Royal, comme Jean-Michel Baylet, décide pour sa part de ne pas se prononcer sur une affaire de vie privée. Elle a d'ailleurs durement refusé à plusieurs de reprises de répondre aux questions liées à ce sujet.
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Ségolène Royal face aux journalistes européens le 14 septembre 2011
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Entourage et petites phrases A moins de deux semaines du premier tour de la primaire socialiste, les candidats multiplient les apparitions publiques. Cependant, pour l'instant, seule Martine Aubry a organisé un rendez-vous sur le thème de l'égalité femmes/hommes (le 21 septembre, à Paris), rassemblant nombre de personnalités politiques (Elisabeth Guigou, Catherne Tasca, Anne Hidalgo, toutes trois ayant exercé de hautes responsabilités électives ou gouvernementales), européennes (Patric Jean, réalisateur belge de La Domination Masculine, Marie Arena, sénatrice belge socialiste) associatives et militantes (Martine Storti, l'une des fondatrices du MLF voilà 40 ans) des questions féministes ou paritaires. Elle est aussi la seule des 6 prétendants à compter dans son équipe de campagne des spécialistes chargées du thème précis des femmes (l'initiatrice de Osez le féminisme Caroline de Haas et l'anthropologue de la famille Françoise Héritier). Lors de ce meeting bien particulier, elle a réaffirmé sa volonté de faire de "l'égalité entre tous" son cheval de bataille, employant des expressions comme « Liberté, Egalité, Sororité » (rappel à la campagne socialiste de 2007), ou encore « République et France sont deux magnifiques mots féminins ; reste le mot Présidente. » Les intentions sont alors claires : Martine Aubry veut conquérir l'électorat féminin, jusqu'ici chasse gardée de Ségolène Royal. Pour sa part, Ségolène Royal peine à avoir les faveurs du vote féministe. Surtout depuis une remarque au sujet des femmes en politique. « Y'a du ménage à faire ; et si c'est une femme qui est élue, ça tombe plutôt bien pour faire le ménage », déclarait-elle le 12 septembre à Villeurbane, cantonnant ainsi l'image d'une femme ménagère, et s'attirant les foudres des associations féministes. On pourra aussi noter le « Que la meilleure gagne ! » lancé lors de la Fête de l'Humanité 2011 (rassemblement festif à l'initiative de ce qui reste du Parti communiste français), suggérant que la bataille à l'investiture PS serait un combat de femmes avant tout. Cependant, sur ce sujet, les coups ne sont pas trop bas, et les petites phrases restent dans la suggestions, à l'instar de François Hollande qui rappelle que, contrairement à quelques uns de ses adversaires dans la course, il s'était déclaré candidat avant l'affaire du Sofitel (taclant au passage Martine Aubry et son pacte avec DSK.) Quoi qu'il en soit, les questions de parité et d'égalité femmes/hommes à tous les niveaux de la société seront donc au coeur de la campagne PS à venir.

Les primaires socialistes, mode d'emploi

27.09.2011Par Thomas Hajdukowicz
Les primaires socialistes, mode d'emploi
Le premier tour des élections primaires socialistes se déroulera le 9 octobre 2011. Pour y participer, il faut s'acquitter d'une participation d'1 euro et signer un engagement de reconnaissance des valeurs de gauche. Peuvent voter les Français inscrits sur les listes électorales au 31 décembre 2010, les mineurs qui seront majeurs lors de l'élection présidentielle, les mineurs membres du PS et du MJS, ainsi que les étrangers inscrits au PS. Vous pouvez trouver votre bureau de vote via le lien suivant. Le vote du premier tour s'effectue à la majorité absolue des suffrages exprimés (50% des voix + une). Si aucune majorité absolue ne se détache, un deuxième tour entre les candidats ayant récolté le plus de voix se tiendra le 16 octobre, à la majorité absolu lui aussi. Le ou la vainqueur/e deviendra alors le candidat officiel du Parti Socialiste.