Il s’agit aussi ici d’efficacité. Que ce soit la marocaine Asma Lamrabet, l’égyptienne Omaina Abou-Bakr, l’iranienne Ziba Mir-Hosseini ou la malaisienne Zainah Anwar, toutes adressent de virulentes critiques aux dirigeants de leurs pays, à l’intégrisme, à l’organisation de leurs sociétés machistes orchestrée par des religieux qui interprètent à leur guise le Coran, les textes fondamentaux. Mais ces critiques, elles les formulent à partir de ces mêmes textes, et en proposent une lecture féministe, qui permettrait aux femmes des pays dirigés par des régimes islamiques, d’accéder aux mêmes places que les hommes ou de lutter contre les violences faites aux femmes.
Principe de réalité
En cela, elles pensent être tout autant, voire plus efficaces que ceux qui importent les combats féministes tels quels des pays « du Nord ». Du Pakistan, l’universitaire Ama Barlas croit « que les mouvements pour les droits des femmes dans les sociétés musulmanes trouveront leurs meilleurs armes de défense dans le Coran lui-même. »
Mais le féminisme ainsi inspiré pose aussi ses limites : pas question de liberté sexuelle ou d’homosexualité par exemple. Le féminisme islamique sacralise les normes et la famille hétérosexuelle.
Ces réflexions ne sont pas sans faire écho au rôle de certaines congrégations religieuses féminines, chrétiennes, dans le mouvement d’émancipation des femmes
en Europe, au
Canada ou en
Amérique latine par exemple. Comme d’autres avant lui et à d’autres époques, ce livre propose donc de ne pas opposer fait religieux et féminisme, mais plutôt de leur permettre de coexister afin de faire avancer la cause des femmes.