Nassira Ghozlaine, la cinquantaine, mère de cinq enfants, est à la fois femme et syndicaliste. Elle se définit comme une militante de gauche radicale et occupe aujourd’hui la fonction de secrétaire générale au sein du Syndicat National Autonome des Personnels de l'Administration Publique, le SNAPAP, un des syndicats autonomes les plus actifs et les plus représentatifs en Algérie, mais très mal vu par les autorités algériennes.
Nassira Ghozlane est née à Aïn Béïda dans le département de Oum El Bouaghi situé sur les hauts plateaux de l’Est algérien. Après de longues études à l’Institut National d’Administration, elle est recrutée comme responsable des ressources humaines des collectivités territoriales au sein de la préfecture de Oum El Bouaghi. Suite au harcèlement que subissent ses collègues elle prend les devants et décide de créer un syndicat autonome pour les défendre. C’est le début d’une longue et atypique carrière dans le syndicalisme.
Elle rejoint un syndicat national autonome, le SNAPAP et en l’espace de deux ans, elle réussit à élargir et à structurer 12 sous-préfectures de la région. Elle parvient même à supplanter en termes de représentativité le syndicat de l’Union Générale des Travailleurs Algériens, l’UGTA, proche du pouvoir.
En 2001, elle est élue au Conseil national du SNAPAP et propose aux instances dirigeantes du syndicat de monter un comité de femmes. Elle le dirige de 2003 à 2005 avant d’être propulsée au poste de Secrétaire générale du SNAPAP.
Mais son engagement pour le Comité des femmes reste entier : elle fut la première femme syndicaliste à faire une grève de la faim, qui dura 40 jours en 2008 en soutien avec les enseignants contractuels. A travers ce comité, les femmes syndicalistes du SNAPAP s’engagent dans la sensibilisation et la lutte contre le harcèlement sexuel et moral en milieu professionnel.
Aujourd’hui, Nassera Gozlane est très active sur la question du travail précaire qui touche les fonctionnaires contractuels. Payés entre 30 et 120 euros par mois alors que le SMIG est à 150 €, ils sont près de 500 000 à vivre dans la précarité. La plupart d’entre eux ne touche leur salaire qu’une fois par an.
Une situation d’autant plus révoltante à l’heure où l’Algérie voit ses réserves de changes atteindre des sommets, à près de 180 milliards de dollars.
Pour en savoir plus : maisondessyndicats-dz.com