Aucun des défis mondiaux, à l'image du changement climatique, des mouvements migratoires ou de la lutte contre le terrorisme, ne pourra être réglé par un pays seul, lançait-elle alors. Selon elle, l'Allemagne se doit de militer pour des "solutions mondiales".
Après 16 ans au pouvoir, Angela Merkel quitte le pouvoir : comment les Allemands se souviendront-ils de "Mutti" ? La réponse en vidéo, à voir en entier juste ici : https://t.co/AZJ2nk1tCG pic.twitter.com/Bztv6YMok8
— Courrier inter (@courrierinter) September 22, 2021
Un départ mûrement réfléchi
Angela Merkel, 67 ans, songe depuis longtemps à sa retraite politique, elle y pensait déjà depuis octobre 2018. C'est en tout cas à ce moment-là qu'elle a fait l'annonce de son départ à la tête de son parti, la CDU, après avoir passé 18 ans à sa tête. Le parti, il est vrai, a subi dernièrement deux revers électoraux en Bavière puis en Hesse. Celle qui pilote la première économie européenne depuis seize ans, a aussi précisé qu'elle se retirera définitivement de la vie politique allemande, en 2021, au terme de son quatrième mandat de chancelière.
De quoi inquiéter car l'électorat d'Angela Merkel est sérieusement grignoté par l'Alternative pour l'Allemagne (AfD, extrême droite). Le parti est entré à la chambre des députés en 2017. Il compte bien emporter le morceau en mai 2019 avec les élections européennes et conforter ses bastions de l'extrême-droite après des scrutins, quelques mois plus tard, dans trois Länder de l'Est.

Un désamour avec la chancelière ?
Il faut dire qu'Angela Merkel a lourdement payé sa politique migratoire jugée trop généreuse.Entre 2015 et 2016, plus d'un million de réfugiés syriens ou irakiens sont entrés en Allemagne. Cet accueil répond pourtant à une nécessité : satisfaire les besoins économiques du pays confronté à un vieillissement très inquiétant de sa population. On rappellera que selon plusieurs études concordantes, l’économie allemande a été dopée par l’arrivée des réfugiés en 2015 et 2016. La hausse des dépenses de l’Etat et l’augmentation globale de la consommation ont permis au PIB de l’Allemagne de croître de 1,9 % en 2016.
Cette arrivée massive d'étrangers a exacerbé les fantasmes en Allemagne. Mais pas seulement. La question migratoire excite la xénophobie et le populisme en Hongrie avec Viktor Orban ou en Italie avec Matteo Salvini.

Et si Angela Merkel ne respecte rien tant que la liberté, c'est parce que la fervente démocrate a connu dans sa jeunesse un régime dictatorial dans l'ex-RDA communiste.
Quand le mur de Berlin est érigé, en septembre 1961, elle avait sept ans. Quand il est tombé, en 1989, elle en avait 35. Son doctorat de physique, c'est à l'université Karl-Marx de Leipzig qu'elle l'a obtenu en 1978.
Elle sait les manoeuvres dont peuvent être capables les régimes anti-démocratiques. Elle n'a jamais oublié qu la Stasi, la police secrète du régime communiste, a tenté de la recruter après un entretien d'embauche.
Liberté, liberté chérie
De même, question liberté, elle n'hésite pas à prendre publiquement la défense de la presse quand survient en Allemagne une polémique visant la police, après une
intervention musclée contre une équipe de la télévision pendant une manifestation d'extrême droite.
A Strasbourg, elle fustige les dérives des gouvernements par rapport à l’Etat de droit. " Ceux qui remettent en cause la légalité dans leur pays, la liberté de la presse, remettent aussi en cause l’Etat de droit dans l’ensemble de l’Union. Cette dernière ne peut fonctionner en tant que communauté de droit que si le même droit est respecté partout. Le nationalisme et l’égoïsme ne doivent plus jamais avoir de prise en Europe "
Le 11 novembre 2018, lors du Forum de Paris sur la paix organisé pour la commémoration de la fin de la Première guerre mondiale, elle est restée dubitative sur l'article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée en 1948 : " Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits… ".
Elle dit avec sa lucidité bientôt proverbiale : " Imaginez qu’aujourd’hui nous, communauté des nations, devions adopter une telle déclaration universelle des droits de l’Homme. En serions-nous capables ? Je crains que non. "
Elle qui se meuble chez Ikea, prise le football presque autant que Richard Wagner, qui ne réchigne pas à aller faire ses courses elle-même au supermarché a connu des années de fin de mandat agitées.
Quitter le pouvoir, Angela Merkel l'a prévu, anticipé et préparé, au grand dam de ses soutiens qui auraient aimé la faire changer d'avis. Imperturbable, elle fait un signe de la main à cette Allemagne, après autant de succès que de tempêtes. Quant à l'avenir, comme à son habitude, muette sur ses propres désirs, aucune indiscrétion n'a filtré. Alors Mme Angela, adieu ou au revoir ?
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