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En 2009, Christine Dumont-Léger met sa carrière de chorégraphe entre parenthèses, retourne dans le monde rural de sa naissance, aux alentours de La Rochelle. « Le lien avec mon parcours de chorégraphe s’est coupé. J’ai ressenti une perte de sens » explique l’auteure.
Mère d’une petite fille de trois ans, elle cultive elle-même sa terre au milieu des marais sauvages. « J’aimais jardiner, être en contact direct avec les éléments. Une fois, peu avant l’aube, à l’instant de bascule entre la nuit et le jour, pendant mon travail un chant monodique a jailli de mon corps. » Une question la taraude : « qui chante de cette manière dans le monde ? »
Christine Dumont-Léger part à la recherche de ces « femmes de tous les jours » qui chantent, et travaillent à l’unisson. « J’étais en quête de témoignages de femmes de la campagne, pratiquant ce genre de chant. Je ne savais pas que j’allais écrire ce livre. J’ai suivi mon chemin. Ce besoin vital m’a guidé vers les Amazighes. Je voulais trouver des sœurs de terre ».
Une symphonie vibrante de chants de femmes à l'ouvrage dans le vent
Christine Dumont-Léger
Une amie documentaliste au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) joue un rôle prépondérant dans cette rencontre avec les femmes amazighes. « Un jour elle m’a déposé des documents sur l’Atlas marocain avec des chants : elle m’a fourni la bonne pièce du puzzle. Cela a été comme un tremblement de terre intérieur. Je me suis dit que c’était là que je devais aller. » En 2011, « son épopée » dans le grand Ouarzazate commence.
En terre amazighe, Christine Dumont-Léger découvre « une symphonie vibrante de chants de femmes à l’ouvrage, dans le vent, dans le bruissement du feuillage, dans le ruissellement de la rivière… »
Elle se considère modestement comme simple « porte-parole des femmes qui résonnent avec l’être qu’elle est », en immortalisant les instants vécus dans cet ouvrage.
Les photographies du livre décrivent la vie des Amazighes dans leur quotidien. Comme ce gros plan de Lalla Sofya Aït Moulay, déjà grand-mère, foulard rose jusqu’aux sourcils, oreilles découvertes. Des plantes lui cachent une partie du visage. Elle fauche au bord de la rivière, de l’herbe pour les brebis. Plus loin dans l’ouvrage, des clichés de Lalla Sofya Aït Moulay afférée à la préparation du petit déjeuner. Sur un autre cliché, assise à même le sol, elle élague des bambous pour réparer le toit écroulé d’une voisine pendant la nuit. Tous ces gestes participent également à la culture amazighe.
Des signes codés, tissés en secrets dans leurs tapisseries, racontaient leurs intimités. A l’époque, les jeunes filles fraîchement mariées, éloignées de leur village d’origine, relataient leur vie intime sur des tissages. Les bergers rapportaient alors les ouvrages à leurs mères. Elles les dépliaient et les déchiffraient comme autant de pages d’écritures.
Christine Dumont-Léger ne légende pas ces symboles amazighs disséminés à différents endroits du livre. À l’inverse, un texte explicatif accompagne les illustrations qui représentent les signes, comme la récolte ou les animaux : « Le bestiaire ».
Comme une aventure de la mémoire des sens
Christine Dumont-Léger
Les femmes Amazighes ont réussi à préserver leur patrimoine culturel. Elles se sont racontées à travers leur artisanat : poterie, tissage, chants, et décoration murales... Une culture qui découle d’une vie en osmose avec la nature et de ses cycles. Dumont-Léger offre à travers son livre, le ressenti de cette rencontre avec les femmes amazighes : « comme une aventure de la mémoire des sens. »
Elle envisage à présent de recueillir directement leur parole dans un film documentaire.
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