Fil d'Ariane
Faut-il s'inquiéter pour l'avenir de la Commission «ENFADDA» ? Les embûches s'amoncèlent, et ses membres semblent quitter les uns après les autres le navire. Au total, sept personnes sont parties depuis début 2017.
Il s'agit du septième départ au sein de l'ENFFADA depuis le début de l'année. Waneek Horn-Miller, de la... https://t.co/JLrvZQeAx5
— Lodbrock Leblond (@Franck__leblond) August 8, 2017
Une autre membre de la commission démissionne - Waneek Horn-Miller faisait le pont avec les communautés. https://t.co/8v6IoMHxXd
— Miguel Leblanc (@LeblancMiguel) August 9, 2017
Dernière démission en date : celle de Waneek Horn-Miller début août. Cette militante Mohawk, avait été nommée le 7 février dernier pour épauler deux agentes de liaison de la Commission. Ce départ serait lié à sa situation familiale : la charge de travail pour cette mère de jeunes enfants était trop élevée.
Le 15 juillet, c’est la commissaire de la Saskatchewan, Marylin Poitras, qui présentait sa démission, se disant incapable de faire son travail dans la structure de la Commission qu’elle qualifiait de «coloniale». Deux semaines plus tôt, c’était la directrice générale, Michèle Moreau, qui jetait l'éponge, invoquant des raisons personnelles. Et en juin, Chantale Courcy abandonnait elle aussi ses fonctions de directrice des opérations.
Quelles que soient les raisons derrière ces démissions à la chaîne, elles ont eu un impact certain sur cette enquête dont la mise en place a été laborieuse et a pris du retard.
Une lettre ouverte signée par des membres des familles des victimes, par des universitaires et des militants vient également d’être envoyée au Premier ministre Trudeau. Les signataires réclament un nouveau départ pour cette Commission et déplorent le manque de transparence et de communication de ses membres. « Ils ont continuellement rejeté nos préoccupations, ont refusé de prendre des mesures pour rebâtir la confiance. Ils ont maintenu une approche profondément mal orientée, imposant un processus colonial blessant. Ceci a et continue de créer un traumatisme ainsi que de l’instabilité et un manque de sécurité pour nos familles, nos communauté et nos proches ».
MMIWG families slam 'colonial' inquiry process, demand restart on commission https://t.co/Qsz7BQsDxg pic.twitter.com/kIDg7BK5Vt
— CBC News (@CBCNews) 9 août 2017
Au Manitoba, province de l’ouest canadien, un groupe réclame ni plus ni moins la démission de l’ensemble des commissaires de l’enquête, en affirmant que les familles des victimes n’ont plus confiance en l’équipe en place. Les critiques envers la commission proviennent d’ailleurs en grande majorité du Manitoba et de la Saskatchewan.
« Je suis comme saturée […] J’ai besoin d’un changement social. »
— Radio-Canada Info (@RadioCanadaInfo) June 5, 2017
- Viviane Michel
Maïtée Labrecque-Saganash réagit à ce cri du coeur. pic.twitter.com/gtVU1IALup
«Je suis saturée ! » : le cri du coeur de Viviane Michel, la présidente des Femmes autochtones du Québec a fait la Une des médias en juillet dernier. Lors d'un autre entretien à Radio-Canada, elle déclarait néammoins qu’il était impératif de rassurer les communautés et les organisations autochtones. « La commission devrait réunir les familles. Assoyez-vous avec les familles. Dites-leur clairement c’est quoi la commission et où est-ce qu’elle s’en va » précisait-elle, souhaitant que l’enquête puisse mener à bien ses travaux.
Certains cherchent cependant à nuancer ces critiques et ces sorties publiques contre l’enquête, en y voyant des motivations politiques.
Du côté des membres de la Commission, on tente de se montrer rassurant. Selon eux, des mesures ont été prises pour contrer les effets négatifs de ces démissions en chaîne notamment en restructurant les équipes. Certains commissaires jugent même ces critiques normales. «Nous étions tous en désaccord, comme dans n’importe quelle famille. Ce n’est pas toujours l’harmonie. C’était prévisible et c’est ce qui fait qu’on évolue et qu’on grandit » a déclaré Marion Buller, la juge en chef de la commission. La ministre fédérale des Affaires autochtones, Carolyn Bennet, estime de son côté que la situation peut s’améliorer « grâce à une meilleure approche de communication ». Elle a rencontré les commissaires et leur a réitéré sa pleine confiance.
Les commissaires sont actuellement sur le terrain, partis à la rencontre des communautés autochtones du pays en vue des audiences publiques qui doivent commencer en septembre. «Près de 50 personnes travaillent sur cette enquête, nous avons des équipes en ce moment partout dans le pays, des rapports de recherches intérimaires sont en cours, précise Caroline Nepton-Hotte, conseillère en communication de la Commission. Ce n’est pas parce que nous ne communiquons pas tous les jours que nous ne travaillons pas ! On travaille d’arrache-pied et on avance. Mais on ne peut pas aller plus vite que le vent ».
Un premier rapport est attendu en novembre prochain, le rapport final devrait être rendu fin 2018.
C'est dans ce contexte quelque peu houleux, que le Premier ministre canadien Justin Trudeau a réaffirmé ses engagements à l'occasion de la Journée internationale des Peuples autochtones, le 9 août dernier.
Aujourd’hui, nous nous réengageons à protéger et à promouvoir les droits des peuples #autochtones. https://t.co/3xjZeAKlv1
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) 9 août 2017
Pendant trop longtemps, les Premières Nations, les Inuits et les Métis ont été exclus des décisions dans notre pays. Nous changeons cela. pic.twitter.com/LntAsQLiFa
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) August 9, 2017
En attendant, la mobilisation sur les réseaux sociaux se poursuit. Comme l'écrit cette Twittos, citant une organisation canadienne de femmes des Premières Nations, «les femmes ou jeunes filles autochtones ont quatre fois plus de risques de disparaître ou d'être tuées que les autres».
"Indigenous women and girls are four times more likely to go missing or be murdered than non-Indigenous" @ArticleEleven #Declaration #MMIWG pic.twitter.com/emaAqpyc1n
— Ellen Spence (@suddennuns) August 13, 2017
1 in 3 Native American women will be sexually assaulted—86% of assaulters are non-native men
— Qasim Rashid, Esq. (@MuslimIQ) August 10, 2017
500yr abuse continuespic.twitter.com/4bZ6zqTKak
Selon une autre enquête, une femme des Premières Nations sur trois est agressée sexuellement au cours de sa vie, 86% des agresseurs sont des hommes non autochtones.
Still Dancing by Jonathan Labillois#MMIW #MMIWG #INDIGENOUS #TAIRP pic.twitter.com/tUm31HwDPn
— Indigenous (@AmericanIndian8) August 12, 2017