Femmes du XXIe siècle : à l'avant-garde des mouvements pour la liberté

Militantes, survivantes, lanceuses d'alerte ou aux commandes, ce sont des femmes qui font preuve d’un courage exceptionnel. La Québécoise Mélanie Loisel a recueilli leurs témoignages dans Ils vivent le siècle, des hashtags aux révolutions, un second volume à l'approche féministe assumée. Terriennes l’a rencontrée. 

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Mélanie Loisel coupée

La journaliste, autrice et spécialiste de relations internationales Mélanie Loisel, avril 2024, Montréal

Terriennes (Catherine François)
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Qu’elles militent pour les droits des femmes, l’environnement, l’égalité raciale, la communauté LGBTQ+ et autre cause sociétale, qu’elles défendent la liberté, la démocratie et la paix, qu’elles soient des actrices centrales des grands mouvements sociaux de ce siècle ou des survivantes de guerres ou de génocides, les femmes sont en première ligne des grands mouvements de ce début de XXIe siècle. 

J’ai cherché qui étaient les premières femmes qui avaient lancé le mouvement #MeToo, Black Lives Matter, les soulèvements à Hong Kong, au Liban... Mélanie Loisel

En mai 2023, la maison d'édition française "Les éditions de l'Aube" relance la journaliste et spécialiste des relations internationales Mélanie Loisel pour qu’elle donne une suite à Ils ont vécu le siècle. De la Shoah à la Syrie, publié il y a neuf ans, et qui présentait les témoignages d’hommes et de femmes témoins des grands événements du XXe siècle. 

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"Depuis, il s’en est passé des choses, constate la journaliste, la planète est en ébullition ! Lorsque j’ai commencé à faire la liste des derniers événements, je voulais garder ce même prestige d’invités et j’ai cherché qui étaient, par exemple, les premières femmes qui avaient lancé le mouvement #MeToo, quelles sont celles qui ont lancé Black Lives Matter, les soulèvements à Hong Kong, au Liban, etc. Et j’ai gardé les mêmes critères : que ce soit international, sur tous les continents, peu importe les religions et les langues. Tous ces événements sont encore en cours. Et ces hommes et ces femmes sont encore sur le terrain pour se battre pour les grandes valeurs universelles que sont la justice, les droits humains, la paix, la liberté, la démocratie." 

Ce sont surtout les femmes qui sont au front, parce que les grandes crises actuelles touchent les femmes en premier plan. C’est un changement par rapport au dernier siècle. Mélanie Loisel

Sur la trentaine de témoignages présentés dans ce livre, les deux tiers proviennent de femmes : "La première observation que j’ai faite, poursuit Mélanie Loisel, c’est que ce sont surtout les femmes qui sont sur le front et ce n’est pas surprenant parce que les grandes crises actuelles touchent les femmes en premier plan. Et c’est un changement par rapport au dernier siècle. Dans mon dernier livre, sur la soixantaine de témoignages que j’avais recueillis, j’ai eu quelques femmes à l’arraché. Alors que là, elles sont au premier plan, ce sont elles qui ont créé des ONG, comme Sophie Beau, qui a fondé l’ONG SOS Méditerranée pour venir en aide aux migrants qui traversent la Méditerranée. J’ai donc pris une approche féministe assumée dans ce livre."

Mélanie Loisel a fait défiler son carnet d’adresses récoltées au fil de ses voyages pour entrer en contact avec les un.es et les autres et organiser les entrevues, faites par vidéoconférence pour la plupart entre juin et novembre 2023. Elle a aussi fait appel au réseau de la plateforme InterviewHer qui lui a permis de repérer des femmes qui sont à la tête d’ONG ou de mouvements de contestation dans leurs pays, mais qui ne sont pas sous les projecteurs de la scène internationale. Ce livre nous permet de les découvrir. 

Mélanie Loisel

Mélanie Loisel présente son nouveau livre (avril 2024, Montréal) 

Terriennes (Catherine François)

Le courage, surtout

Ce qui frappe le plus à la lecture de ces témoignages, c’est le courage dont font preuve ces femmes. Beaucoup sont issues de pays où la guerre fait des rage, plusieurs vivent dans des dictatures ou des régimes autocratiques où le simple fait de prendre la parole publiquement peut avoir des conséquences tragiques, menacer leurs vies ou celles de leurs proches ; certaines sont des survivantes de génocides. 

Prenons par exemple le cas de cette jeune Malienne, Aminata Dicko, qui dénonce publiquement les exactions des djihadistes, des militaires et des mercenaires de Wagner dans son pays : je n’en reviens tout simplement pas que cette jeune femme ose faire ça toute seule. Mélanie Loisel

"Ces femmes ont un courage incroyable, une force de conviction inébranlable, souligne Mélanie Loisel. Prenons par exemple le cas de cette jeune Malienne, Aminata Dicko, qui dénonce publiquement les exactions des djihadistes, des militaires et des mercenaires de Wagner dans son pays : je n’en reviens tout simplement pas que cette jeune femme ose faire ça toute seule, elle pourrait vivre sa petite vie tranquille, mais non, elle pose des gestes qui pourraient l’amener en prison, subir de la torture et elle est maintenant seule en exil sans son mari et ses enfants."

Aminata Dicko a été jusque devant le Conseil de sécurité de l’ONU en janvier 2023, pour dénoncer les exactions et les violences commises par les djihadistes, les militaires maliens et les hommes du groupe russe Wagner. Ses prises de position ont mis en danger sa vie à un point tel qu’elle a dû quitter le Mali pour trouver refuge dans un pays qu’elle préfère garder secret. 

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La jeunesse, aussi

"Dans les grands mouvements de contestation actuels, ce sont des jeunes femmes qui sont au front," ajoute Mélanie Loisel. Prenons le cas de Zainab Waheed, jeune pakistanaise militante environnementaliste : être femme au Pakistan, ce n’est déjà pas facile, mais en plus oser militer en faveur de l’environnement et contre les changements climatiques alors qu’on a juste 18 ans, cela demande une tenacité hors du commun, surtout que ce n’est pas un pays où les préoccupations environnementales font partie des priorités. 

Je me demande pourquoi les politiciens ne nous font pas plus confiance et nous écartent des cercles décisionnels... Il s’agit de notre avenir, après tout. Zainab Waheed

Et pourtant, le Pakistan a connu des inondations catastrophiques en 2022, qui ont fait 1700 victimes et ont affecté 33 millions de personnes. Zainab milite sur la scène internationale pour que les pays du Sud puissent faire entendre leur voix et qu’elle soit entendue dans les grandes rencontres, COP et autres conférences : "Je me demande pourquoi les politiciens ne nous font pas plus confiance et nous écartent des cercles décisionnels. Nous devrions siéger dans les grands comités et avoir une tribune. Notre parole devrait avoir du poids dans la prise de décision. Il s’agit de notre avenir, après tout", confie la jeune fille à Mélanie Loisel. 

Et que dire du courage de la militante féministe syrienne, Lubna Alkanawati, qui, au début du soulèvement du Printemps arabe en Syrie, en 2011, s’est mobilisée pour faire parvenir de l’aide humanitaire aux populations assiégées. Elle a aussi été intoxiquée par une attaque au gaz moutarde une semaine avant les frappes au gaz sarin par le régime syrien. Elle a dû fuir la Syrie et a trouvé refuge à Paris où elle dirige l’ONG syrienne Women Now for Developpement

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Sans oublier l’Afghane, Jamila Afghani, fondatrice d’une ONG en Afghanistan, la NECDO (Noor Educational and Capacity Development Organization) et du Réseau des femmes afghanes. Plus de 100 000 Afghanes ont suivi son programme d’alphabétisation et elle a fourni une aide psychologique et juridique à plus de 10 000 femmes victimes d’abus et de violence. Le retour au pouvoir des Talibans en août 2021 l’a forcée à reprendre le chemin de l’exil. 

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Il y a aussi cette secouriste ukrainienne, Yulia Paievska, qui a filmé avec une petite caméra ses interventions dans la ville de Marioupol alors que la ville était bombardée sans relâche par les troupes russes. Ses images, qu’elle a réussies à donner à une équipe d’Associated Press, ont fait le tour du monde. 

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Yulia a été arrêtée par les Russes, torturée et détenue dans des conditions épouvantables avant d’être finalement relâchée. Mélanie Loisel a aussi recueilli le témoignage de cette journaliste russe qui a osé brandir une pancarte antiguerre à la télévision russe quelques semaines après le début de l’invasion russe. Marina Ovsyannikova raconte qu’elle a simplement voulu suivre ses convictions quand elle a posé ce geste qui a frappé par son audace. Elle a finalement dû s’exiler à Paris où elle continue à dénoncer la guerre que mène son pays d’origine et elle dit souhaiter que les Russes la perdent. 

"Ce témoignage me hante encore"

Plusieurs des témoignages présentés dans ce livre sont bouleversants. Mélanie Loisel dit avoir été particulièrement touchée par celui des jeunes femmes Yézidies transformées en esclaves sexuelles quand Daesch a pris le contrôle de la région où elles habitaient avec leur communauté, dans le nord de l’Irak notamment. "C’était important pour moi de donner la parole à des survivantes, et le témoignage de ces femmes a été terrible pour moi, se souvient l'autrice. Je suis allée les rencontrer à Toronto, et ce qui m’a frappé, c’est de voir à quel point elles étaient complètement traumatisées : comment peut-on les aider, les guérir, les intégrer dans nos sociétés ? Le témoignage de Dilveen me hante encore, je le porte en moi, elle est complètement démolie physiquement et mentalement". 

Dilveen n’avait que huit ans quand elle est tombée entre les griffes des hommes de Daesh, elle a été battue, violée à de nombreuses reprises, a subi des cruels sévices… La jeune fille a réussi à s’enfuir et à trouver refuge au Canada au terme d’un périple éprouvant. Elle avoue ne plus rien attendre de la vie, n’avoir plus envie de rien : "Est-ce que je parviendrai à aller de l’avant avec tout ce que j’ai vécu si jeune ? Je ne pense pas". 

La jeune fille s’insurge également contre l’inaction des pays occidentaux pour venir en aide aux Yézidis : "Qu’attendent-ils ? Depuis neuf ans, ils savent ce qui se passe, et ils n’agissent pas. Comment peuvent-ils laisser un peuple se faire martyriser en toute connaissance de cause ? Pourquoi ne viennent-ils pas en aide aux Yézidis ? S’ils étaient intervenus, s’ils intervenaient maintenant, ils pourraient sauver encore beaucoup de vie, mais au lieu de cela, ils nous laissent nous faire massacrer". 

Mettre fin à l’impunité

Justement, un autre concept qui transcende beaucoup de ces témoignages, c’est la nécessité de condamner les responsables d’actes de violence et mettre fin à la culture de l’impunité. C’est l’un des leitmotivs, par exemple, de Black Lives Matter, cofondé en 2013 par Patrisse Cullors, un mouvement qui dénonce toutes les injustices à l’encontre des communautés noires aux États-Unis et qui a, par la suite, trouvé un écho jusqu’en Europe.

C’est aussi ce que préconise la militante pour les droits des femmes au Yémen, Muna Luqman : "Si nous voulons arrêter les conflits et empêcher que d’autres ne surviennent, nous allons devoir mettre un terme à l’impunité de ceux qui nous dirigent. Si le manque de justice et de reconnaissance des responsabilités persiste, nous risquons de continuer à nous embourber dans d’autres guerres et affrontements"

Ceux qui ont commis des atrocités, des crimes, surtout des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, doivent faire l'objet d’une procédure judiciaire. Zahra Langhi

Un avis partagé par Zahra Langhi, militante libyenne des droits humains, qui commente la guerre civile qui ravage son pays : "Peu importe les antécédents des Libyens, leurs croyances ou leurs affiliations ou non au régime Kadhafi, il faut tourner la page et avancer pour créer un pays plus inclusif. Cependant, il est primordial de mettre fin à l’impunité des chefs de guerre. Ceux qui ont commis des atrocités, des crimes, surtout des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, doivent faire l'objet d’une procédure judiciaire"

Y croire, toujours

Le livre de Mélanie Loisel retrace les grandes crises internationales, les guerres, les mouvements et les enjeux sociaux des vingt dernières années, ce qui nous fait réaliser que notre monde ne va pas très bien. Mais il porte, malgré tout, nous dit-elle, un message d’espoir qui transcende tous ces témoignages. 

Parfois on ne voit pas la lumière au bout du tunnel, mais si on ne fait rien, cela ne changera pas. Mélanie Loisel

"Leur message principal, c’est de dire : on a le droit, on doit se battre pour que l’ensemble de la population puisse profiter de droits, de liberté et vivre en paix. Donc il y a beaucoup d’espoir de leur part : si ce n’est pas nous qui le faisons, qui va le faire ? Et si on ne le fait pas dans l’espoir que cela change, on n’aurait pas de raison de vivre en Irak et d'affronter le pouvoir, de militer pendant 50 ans en Colombie pour en arriver à une entente avec les FARC. Si on n’avait pas l’espoir que ça change, on ne trouverait aucun sens à notre action, à notre engagement. On a de l’espoir, mais ce n’est pas facile, c’est dangereux. Parfois on ne voit pas la lumière au bout du tunnel, mais si on ne fait rien, cela ne changera pas"

Regards du XXe siècle

Mélanie Loisel a aussi tenu à recueillir les témoignages de femmes qui ont été des actrices importantes de mouvements sociaux menés il y a des décennies, et qui commentent l’action des générations qui les ont suivies : "Par exemple, j’ai voulu rencontrer la prix Nobel de la paix, l’Iranienne Shirin Ebadi, qui a mené un mouvement d’opposition contre l’Ayatollah Khomeini après sa prise de pouvoir et qui porte un regard sur le soulèvement populaire après la mort de la jeune Mahsa Amini. Je parle de Black Lives Matter et je donne aussi la parole à JoAnne Bland qui a été l’une des actrices de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Cela permet de faire une comparaison entre le passé et le présent et de mesurer comment les générations se passent le relais"

Leurs paroles se font écho comme s’ils tenaient tous une seule et grande conversation. Mélanie Loisel 

Mélanie Loisel ne cache pas son admiration pour ces hommes et ces femmes qui sont venus lui raconter leurs histoires et leurs luttes : "Je suis surtout éblouie par la force tranquille de chacun, malgré les souffrances vécues, les batailles qui n’en finissent plus, les répressions sanglantes, les menaces, les critiques, les injustices, les incompréhensions et la peur du lendemain", écrit la journaliste dans son épilogue. Et de conclure : "Le plus saisissant est de constater à quel point la lutte de l’un est inextricablement liée à celle de l’autre. Leurs paroles se font écho comme s’ils tenaient tous une seule et grande conversation". Et c’est ce qui est fascinant à la lecture de ce livre qui est comme le kaléidoscope des grandes crises de notre monde. Comme une sorte de puzzle géant dans lequel chacun, chacune apporte son morceau dans l’espoir de le compléter et que le tableau final puisse briller dans toute sa beauté. 

Messages d’espoir

Zaina Waheed, jeune militante environnementaliste pakistanaise : "Ce n’est pas aux populations pauvres que nous devons demander d’agir. L’obligation incombe à ceux qui engendrent ce réchauffement et qui ont les ressources nécessaires pour y parer". 

Lubna Alkanawati, militante féministe syrienne : "L’humanité est malade en ce moment. La violence est omniprésente. C’est devenu une culture... Le Printemps arabe a donné l’espoir d’assister à une amélioration, mais la situation a empiré de façon vertigineuse". 

Aminata Dicko, représentante malienne de l’Observatoire des droits humains pour les pasteurs nomades, KISAL : "Mon portable déborde de photos de personnes assassinées, de corps décapités, de villages rasés, et brûlés. Mes enfants ont la stricte interdiction de s’amuser avec mon téléphone… Aujourd’hui, au Mali, nous allons nous coucher sans savoir si nous connaîtrons un lendemain. Nous vivons toujours dans la crainte d’être attaqués, où que nous soyons".

Patrisse Cullors, cofondatrice du mouvement Black Live Matters : "Tellement de défis nous attendent ! C’est difficile de passer la majeure partie de sa vie à lutter pour aider à édifier un avenir plus lumineux. C’est une longue bataille…". 

JoAnne Bland, militante pour les droits civiques aux États-Unis : "J’ai appris, dans ma lutte, que nous avons le pouvoir d’influer sur les événements. Les mouvements sociaux sont comme des puzzles. Chacun d’entre nous est une pièce essentielle pour amener le changement". 

Muna Luqman, militante pour les droits des femmes au Yémen : "J’ai vu combien les initiatives dirigées par les femmes font une réelle différence. (…) Chaque fois que je constate l’apport précieux des femmes, je me dis que nous avons la responsabilité de contribuer au bien-être des populations par tous les moyens et de nous employer à la paix". 

Zahra’ Langhi, militante libyenne des droits humains : "Il ne faut jamais perdre l’espoir qui est en nous, qui est notre foi, et c’est un acte révolutionnaire. C’est ce qui nous permettra de continuer malgré l’anarchie et la noirceur". 

Yanar Mohammed, militante des droits humains en Irak : "Je garde espoir parce que même le dictateur le plus terrible que nous ayons eu a fini par tomber". 

Jamila Afghani, militante pour les droits des femmes en Afghanistan : "Nous avons un pouvoir plus fort que nous l’imaginons et nous devons l’utiliser pour changer l’économie, la vie politique et sociale du monde, afin d’aller vers la paix, vers plus d’humanité, d’amour et d’unité".  

Sophie Beau, cofondatrice de l’association SOS Méditerranée qui vient en aide aux migrants : "Vers quoi allons-nous en laissant délibérément des milliers et des milliers de gens mourir en mer ? Il va falloir mettre fin une fois pour toutes à l’instrumentalisation politique de cette situation". 

Rosa Emilia Salamanca, militante pour la paix en Colombie : "Les femmes peuvent être une grande force de changement dans le monde. Elles peuvent avoir du pouvoir, des idées, des outils pour prendre une autre voie et pour parler différemment de notre humanité". 

Sandra Muller, journaliste française et initiatrice du mouvement #Balancetonporc : « Il faut utiliser des mots forts, comme "porc" pour que ça frappe. Les Américaines nous envient d’avoir oser traiter les prédateurs de "porcs". Elles m’ont dit : vous, vous allez plus loin". 

Carmen Lau, militante pour la démocratie à Hong Kong : "Si je devais choisir un mot pour décrire notre monde, je dirai qu’il est chaotique. En tant que défenseurs des droits humains, en tant qu’activistes prodémocratie, nous cherchons toujours à bâtir un monde meilleur, non seulement pour notre propre pays, mais aussi pour les autres. J’ai malheureusement l’impression que le monde n’avance pas dans le bon sens ces derniers temps". 

Dr Maria Van Kerkhove, responsable du programme d’urgences sanitaires de l’OMS pour la COVID 19 : "Nous n’avons jamais été confrontés à autant de défis en même temps. Cette convergence donne très peu de marge pour affronter chacun d’eux. Il y a des risques en santé, en économie, en environnement, en plus des guerres, des migrations forcées et des famines".

Merle Hoffman, militante pour l’avortement aux États-Unis : "Notre pays ne sera plus un État démocratique si nous continuons à suivre la direction dans laquelle nous allons. Nous irons vers un État fasciste si nous laissons croître ces mouvements extrémistes qui sont très bien organisés". 

Mihrigul Tursun, survivante du génocide des Ouïghours en Chine : "Ils veulent se débarrasser de nous, quitte à utiliser les moyens les plus sauvages pour y arriver. L’une des façons de nous aider est de combattre le gouvernement à partir de vos pays, de boycotter les produits chinois et d’arrêter d’investir en Chine. Les étrangers vantent souvent la Chine pour sa force économique, mais ce pays est aussi en train de commettre un génocide". 

Shirin Ebadi, militante pour les droits des femmes en Iran, Prix Nobel de la paix 2003 : "Le retour en arrière est impossible. La mort de Mahsa Amini a été comme une allumette qui a mis le feu aux poudres, causant une explosion inextinguible. J’aime dire que le train de la révolution iranienne a démarré, mais ce train ne roule pas à une vitesse constante". 

La Nobel iranienne Shirin Ebadi : « Le feu sous la cendre »

Yuiia Paiveska, secouriste ukrainienne qui a filmé le drame de Marioupol en 2022 : "J’oserai dire que nous assistons à une guerre entre les forces du bien et du mal. Mais ceux qui se croient à l’abri de ce conflit ne devraient pas se raconter d’histoires. Tout le monde est lié et touché d’une façon ou d’une autre, et ce serait une grave erreur de ne pas s’en préoccuper. Ma grande certitude est que la guerre se terminera avec la victoire ukrainienne".

Marina Ovsyannikova, journaliste russe qui a brandit une pancarte antiguerre à la télévision russe en mars 2022 : "Je veux que les Russes perdent cette guerre, parce que je ne vois pas d’autre moyen pour que la Russie reparte sur de nouvelles bases. Elle doit perdre cette guerre pour que nous puissions nous engager sur la voie de la démocratie, de la liberté, et que notre pays rejoigne le monde moderne".

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