Aouicha Bekthi est juriste, militante politique et féministe algérienne. Elle a milité au sein du Parti de l'avant-garde socialiste (PAGS). Elle lutte pour la démocratie et se bat contre l'islamisme.
"Je suis dans un collectif féministe laïc en Algérie. Le nom de l’association, AMEL, vient d’une jeune fille qui a été assassinée à 21 ans par les islamistes parce qu’elle ne portait pas le voile. On en a fait un symbole. C’est un hommage à toutes les femmes violées par les islamistes et assassinées. Amel signifie aussi espoir, cet espoir que nous avons d'avancer dans la laïcité."
A propos du Code de la famille algérien (qui spécifie les lois et les relations familiales, et inclut des éléments de la Charia) :
"Le code de la famille, ce sont surtout des lois qui régissent la vie des femmes. Il impose aux femmes qu’elles aient un tuteur pour se marier (père, oncle, cousin) et soient donc ainsi mineures à vie. Il a aussi fait monter le taux de polygamie. A l’indépendance de l’Algérie, en 1962, le taux de polygamie était proche de zéro, et l'on s’attendait à ce que cette pratique disparaisse complètement. Mais avec l’instauration du code de la famille, en 1984, on est passé à 7 %. La polygamie est en train de s’installer dans la société.
On dit que c’est le code de la famille, mais c’est surtout un code contre la femme.
Il y a tout dans le Coran. Les lois commerciales, pénales. Mais certains ne prennent que ce qui les intéresse, c’est-à-dire les lois concernant les femmes, mais elles ne répondent pas à nos attentes modernes. Nous, les féministes, revendiquons l’abrogation de ce code de la famille, ou "code de l’infamie", comme on l’appelle, ainsi que la suppression de l’article 2 de la Constitution, qui dit que l’islam est religion d’Etat."
"La laïcité n’est peut-être pas le but suprême pour un Etat, mais c’est un préalable pour avancer dans l’égalité des droits et la citoyenneté. Nous sommes des sujets du Coran, actuellement, pas d’une république. La laïcité est une question de survie pour les femmes en Algérie, si elles veulent s’épanouir, et pour les femmes dans tous les pays où la religion est très présente."
A propos de Najat Vallaud Belkacem en France, favorable à ce que les mères voilées soient autorisées à accompagner les enfants lors des sorties scolaires :
"Il faut respecter les règles du pays, et donc de la laïcité. Cette notion est utile pour l’ensemble de la société. Parfois la laïcité recule en France, elle cède aux pressions. Le seul pays au monde où on peut vraiment s’exprimer pour moi, c’est en France, grâce à la laïcité."