Festival du film et forum sur les droits humains 2019 à Genève : "Les femmes doivent prendre la parole"

La 17ème édition du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH)  se tient à Genève, en Suisse, du 8 au 17 mars. Réalisatrices, expertes ou simples militantes, les femmes y occupent une place de choix. Isabelle Gattiker, directrice du Festival, s'exprime sur plusieurs événements repérés par Terriennes.
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FIFDH 2019
(FIFDH)
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Dix jours. Dix jours pour essayer de comprendre ce qui ne va pas et, surtout, quelles pistes explorer pour redresser la situation. Chaque année, le FIFDH,  le plus grand événement mondial dédié au cinéma et aux droits humains, tente de relever ce défi. Il est immense.
 
FIFDH 2019

Le temps est loin où cette question des droits humains ne concernait que des prisonniers politiques détenus arbitrairement et torturés au soleil des dictatures !

Les droits humains embrassent aujourd'hui un champ beaucoup plus vaste, multiforme. Le réchauffement climatique, les technologies numériques, les migrations, les poussées populistes, autant de thématiques désormais incontournables, à commencer par... le mouvement #MeToo.

Là où les reportages télévisuels passent, glissent et effleurent les drames humains,  le FIFDH, lui, arrête l' image. Il nous les explique. En profondeur. Et le public suit, participe, pose des questions. L'interraction est parfois vive, souvent passionnée, jamais mièvre. Elle est l'une des clés du succès de cet événement.

40 % du public a moins de 35 ans. Le Festival fait vibrer toutes les classes sociales.
Isabelle Gattiker

Isabelle Gattiker
Isabelle Gattiker, directrice du FIFDH
Miguel Bueno / FIFDH

Le Festival se déroule dans soixante lieux à travers toute la ville de Genève. Les projections sont organisées en prison, dans les  foyers de personnes migrantes, dans les maisons de quartier... Tout le monde peut prendre la parole, s'interroger.

La curiosité est là, attisée par cette proximité humaine qui fait que chacun se sent davantage acteur que spectateur. "40 % du public a moins de 35 ans. Le Festival fait vibrer toutes les classes sociales," constate fièrement Isabelle Gattiker.

Depuis qu'elle est aux commandes de la  grosse machine FIFDH, c'est-à-dire depuis cinq ans, la directrice a su imprimer sa marque et insuffler une sensibilité fructueuse.  Elle est la capitaine d'une équipe toujours sur le pont.  Profondément féministe, elle veille au bon équilibre des programmes et des débats. Isabelle Gattiker : "Je crois que de plus en plus, il faut donner une place aux femmes. C'est important de mettre des femmes sur des débats, d'encourager les femmes à prendre la parole. Je crois qu'un regard de femme sur les questions, par exemple des populismes (cette année, nous avons un magnifique débat sur la question des populismes vue par des féministes) peut apporter un éclairage  interressant."

Vendredi 8 mars
Débat
Sur leurs épaules : les combats des défenseuses des Droits Humains

 

Un premier débat, autour du poids qui pèse sur les épaules des femmes engagées pour les droits humains, réunit Sareta Ashraph, avocate internationale travaillant sur la Syrie et l'Irak, Hajer Sharief, co-fondatrice de Together We Build It en Libye et Tetiana Pechonchyk, directrice du Centre d'information sur les droits humains en Ukraine.


Samedi 9 mars
Débat
Les femmes journalistes : cibles de choix du cyberharcèlement ?

Parce qu'il ne suffit pas d'éteindre son ordinateur pour oublier le cyber-harcèlement, parce qu'Internet est le prolongement de la "vraie vie" pas une "fausse vie" et que le harcèlement se traduit aussi par des actes concrets, des femmes journalistes réagissent. Le débat organisé dans la foulée de la projection du film A Dark Place réunit trois journalistes qui ont été victimes de cyber-harcèlement et qui ont tenu tête.


Lundi 11 mars
Débat autour du film "La virilité", de Cécile Denjean
Masculinités : des questions qui font mal

Un débat sur l'identité masculine, tel que celui qui a eu lieu ce 11 mars avec la journaliste de Médiapart Lenaïg Bredoux et le blogger Joao Gabriell, aurait-il été envisageable il y a trois ans ? "Ces questions étaient effectivement moins discutées. Elles sont maintenant au coeur de l'actualité avec, notamment,  la montée des "hommes forts". C'est MeToo qui a poussé ces questions autour des masculinités," dit Isabelle Gattiker.