C'est une belle victoire sur le terrain de l'égalité salariale femmes-hommes dans le sport, en l'occurrence dans le monde du football où cette égalité reste généralement clouée sur le banc de touche. Au Brésil, le pays où le "futebol" est roi, les joueuses vont toucher les mêmes primes et indemnités journalières que les joueurs lors des compétitions internationales, comme lors des prochains Jeux Olympiques en 2021.
Bientôt payée comme Neymar !
C'est le président de la Confédération brésilienne de football (CBF), Rogério Caboclo, qui l'a annoncé en conférence de presse. Désormais,
"le montant des primes et des indemnités journalières pour les hommes et les femmes", en sélection, sera le même.
"Ainsi, les joueuses vont gagner autant que les joueurs, il n'y a plus de différence de genre, la CBF traite hommes et femmes de façon égalitaire", a-t-il ajouté.
Une annonce à prendre avec un peu de recul, car si cette décision concerne les joueuses sélectionnées dans l'équipe nationale, l'égalité salariale est encore loin d'être appliquée au sein des clubs, la différence de salaires entre hommes et femmes, y est abyssale à l'instar du monde entier.
Mais, mais, ne gachons pas la fête, car cette annonce est malgré tout historique, et donnera peut-être le coup d'envoi à d'autres, qui sait... En attendant que les clubs prennent le relais, ces mesures annoncées par la CBF, vont permettre aux joueuses appelées en sélection féminine de gagner les mêmes montants que les hommes à chaque rassemblement, y compris pour les primes de match attribuées lors de compétitions internationales. Ainsi comme l'a précisé Rogério Caboclo,
"L'an prochain, elles gagneront les mêmes primes que les hommes lors des Jeux olympiques. Et lors de la prochaine Coupe du Monde (en 2023), les primes seront les mêmes, proportionnellement à ce qui est attribué par la Fifa". Cette annonce n'est pas totalement une surprise, en mars dernier, les joueuses brésiliennes avaient déjà touché des primes équivalentes à celles des hommes lors du Tournoi de France. En 2010, la CBF avait fait un premier geste en payant les mêmes primes aux hommes et aux femmes pour ses championnats nationaux.
Des femmes aux commandes
La Suédoise Pia Sundhage, sélectionneuse du Brésil depuis juillet 2019, a fait part de sa satisfaction à l'annonce de cette avancée historique pour l'égalité hommes-femmes dans un pays pourtant connu pour être traditionnellement machiste.
"J'espère que tout le monde arrive à voir le sourire dans mes yeux (elle portait un masque en conférence de presse). C'est historique. C'est très spécial de pouvoir faire partie de tout ça. Nous allons travailler avec ardeur, je suis chanceuse", s'est-elle félicitée.
La sélectionneuse de 60 ans, qui a mené les Américaines à deux titres olympiques en 2008 et 2012, a également célébré l'arrivée d'une femme, Duda Luizelli à la coordination des sélections féminines, poste occupé auparavant par un homme.
Et la Confédération a également créé un nouveau poste clé: Aline Pellegrino coordinatrice des compétitions de football féminin, sera chargée de l'organisation des tournois de clubs au Brésil.
"La reine Marta"
Le Brésil compte actuellement 36 clubs professionnels, répartis dans deux divisions.
Mais au pays du Roi Pelé, où la Seleçao détient le record de titres mondiaux, avec ses cinq étoiles sur son maillot jaune et vert, le foot féminin a souvent du mal à se faire une place, malgré la popularité de Marta, élue six fois meilleure joueuse du monde.
Vice-championne du monde en 2007 et médaillée d'argent aux Jeux olympiques de 2004 et 2008, la sélection féminine a été éliminée en 8e de finale par la France (2-1 a.p) lors du dernier Mondial, en 2019. Ce match avait vu Marta et ses coéquipières battre un record d'audience à la télé brésilienne pour un match féminin, avec plus de 35 millions de téléspectateurs.
Une équité loin d'être gagnée à l'échelle mondiale
Ailleurs dans le monde, rares sont les pays où les joueuses gagnent autant que les hommes. Mais cela arrive, parfois par décision d'un club, ou plus largement à un niveau national. C'est le cas en Australie : la fédération nationale de football a annoncé l'égalité salariale entre hommes et femmes, en novembre 2019. En revanche, aux Etats-Unis, le pays du "soccer", les championnes du monde américaines n'avaient pas caché leur immense déception lorsqu'en mai dernier un magistrat avait débouté leur demande d'égalité de rémunération.
En France, c'est la règle des pourcentages qui est appliquée. Les joueurs et joueuses touchent 30% des sommes allouées par la Fifa. Des sommes qui restent bien plus élevées pour les hommes. Pour aller plus haut, les footballeuses françaises doivent se doter d'un statut professionnel.
"Il y a tout un travail à mettre en oeuvre pour imaginer le modèle franco-français, commente Fabien Safanjon, vice-président de l'Union nationale des footballeurs professionnels,
On peut imaginer que dans la construction qu'on peut avoir avec les clubs et avec la fédération, on puisse trouver un modèle adapté qui permette cette évolution et l'émergence de ce football qui est plutôt plaisant à regarder."Alors à quand l'égalité salariale pour toutes et partout ? Pour l'instant, à l'échelle mondiale, le score relève encore du match nul.