Affaire Nicolas Hulot ou pas, les accusations de harcèlement et de violences sexuelles contre le ministre français de la Transition écologique continuent de faire grand bruit dans la sphère politique et médiatique. Réfutant ces accusations, le ministre a décidé de porter plainte pour diffamation contre le magazine qui a publié ces informations. Le magazine réaffirme de son côté qu'il s'agit bien d'une affaire et non d'une rumeur.
La médiatisation est d'autant plus forte que celle qui a porté plainte pour viol en 2008 contre le Ministre d'Etat est la petite fille de l'ancien président Mitterrand...
C'est une enquête du
nouveau magazine Ebdo qui a tout déclenché. Mais avant même sa parution, dès jeudi 8 février 2018, Nicolas Hulot lui-même a pris les devants et démenti les accusations à paraître le lendemain.
De quoi s'agit-il ? L'hebdomadaire évoque deux accusations de harcèlement et d'agressions sexuels datant de plusieurs années. La première concerne une ancienne salariée de sa fondation. Le ministre de la Transition écologique a rejeté cette première mise en cause et déclaré que la personne en question avec laquelle il était en contact dirait exactement la même chose
Jointe par la rédaction de France 2 cette ancienne collaboratrice écrit "J
e démens formellement les rumeurs me concernant".
La deuxième accusation concerne Pascale Mitterrand. Aujourd'hui âgée de 40 ans, elle est la petite fille de l'ex-président de la République française
Celle-ci a déposé une plainte en 2008, c'est à dire l'année suivant la prescription de dix ans en vigueur dans ce type de crimes. Il s'agissait pour elle que «
soit dressé un procès-verbal racontant sa version des faits ».
Mais le ministre se défend et affirme que cette plainte a été classée sans suite car les gendarmes qui l'ont auditionné, à sa demande précise-t-il, ont considéré qu'il n'y avait rien qui permettait de poursuivre cette affaire.
Jeudi 8 février, Nicolas Hulot quittait l'Élysée avec le soutien du chef de l'État.
Il n'y a pas d'affaire, il y a des rumeurs. Donc le président de la République a assuré Nicolas Hulot de son entier soutien, tout comme l'a fait le Premier ministre et je crois l'ensemble des membres du gouvernement.
Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement
Du côté de l'Élysée pour le moment on assure que la démission ne sera pas évoquée tant qu'il n'y aura pas de mise en examen.
Ce dimanche 11 février, enfin, la secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, s'est porté au secours du ministre. Dans une tribune publiée par
le JDD ( Le Journal du Dimanche), elle juge "irresponsable" l'article du magazine
Ebdo.
"Cet appel est irresponsable pour les hommes accusés, peut-être innocents mais condamnés a priori par des articles, et pire : c'est irresponsable pour les réelles victimes de viols", qui doivent ainsi
"supporter la médiatisation à l'extrême, le déballage de leur vie intime dans les journaux", dénonce Mme Schiappa.
La secrétaire d'État considère que
"parler d'une agression sexuelle pour la première fois doit pouvoir se faire dans un cadre sécurisé, pour le bien de la victime, auprès de personnes formées ou empathiques qui n'ont aucun intérêt personnel à l'orienter vers tel ou tel point". "De surcroît, comme je l'ai toujours dit, la justice se rend dans les tribunaux, pas les médias", ajoute-t-elle.
"Je le trouve irresponsable, cet article. Quand j'entends sur un plateau de télévision l'une des auteurs dire solennellement qu'elle appelle les femmes victimes de viol, par lui ou un autre, à contacter la presse, je trouve cela abject"
Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'Égalité entre les femmes et les hommes dans le JDD
La secrétaire d'État assure par ailleurs n'avoir pas été
"contrainte au silence" ces derniers jours sur cette affaire, mais rappelle que le Premier ministre a
"parlé au nom de tout le gouvernement en étant très clair: le gouvernement fait confiance à Nicolas Hulot".
Il y a une « affaire » Nicolas Hulot.
Patrick de Saint-Exupery co-fondateur et directeur de la rédaction Ebdo
Depuis Nicolas Hulot a décidé de porter plainte pour diffamation contre le magazine Ebdo. Mais l'affaire n'en reste pas là. Face à cette campagne de dénigrement qui le vise depuis plusieurs jours, le magazine Ebdo répond dans
un article publié sous le titre "Une information, pas une rumeur" .
"Pourquoi prendre en compte la parole d’une femme qui, onze ans après les faits, avait osé franchir la porte d’une gendarmerie pour déposer plainte pour viol, tout en sachant que les faits étaient prescrits ? Son parcours, sa sincérité et les faits nous ont convaincus", explique
Patrick de Saint-Exupery, le directeur de la rédaction, qui ajoute
" La couverture porte le titre « L’affaire Nicolas Hulot ». Cette une nous est reprochée avec des qualificatifs tournant autour de l’idée de « racolage ». Elle dit ce qu’il en est, il y a une « affaire » Nicolas Hulot. L’actuel numéro trois du gouvernement a été mis en cause pour viol par la petite-fille d’un président de la République."