La nouvelle Marianne dévoilée par le chef de l'Etat français aura eu droit, comme il est d'usage pour chacun de ces baptêmes philatéliques particuliers, à un communiqué de presse enflammé. Cette Marianne, surnommée "L’Engagée", se veut donc "fonceuse", "déterminée", "jeune" et... "féministe" !
INFO France Bleu Périgord : découvrez le visage de la nouvelle Marianne des timbres français https://t.co/oxpST4aLBn pic.twitter.com/2c0Xbb16VU
— France Bleu Périgord (@Bleu_Perigord) 19 juillet 2018
Bien vu.

Une oeuvre présentant une femme prostrée, l'oeil vitreux et la tête baissée aurait été moyennement appréciée. Emmanuel Macron a ensuite complimenté l'artiste, figure reconnue de la scène du street-art. : "Vous avez su marier la référence du bonnet phrygien et la liberté de la chevelure". Voici donc "Marianne l'engagée", "le nouveau visage de la République", qui n'est qu'"une bataille de chaque jour" et qui, rappelle-t-il, "n'est jamais acquise".
Dès ce lundi 23 juillet, les timbres français auront son visage.
Ce n'est pas parce qu'elle a les cheveux détachés qu'elle est féministe. Mais ça ne serait pas une mauvaise idée de mettre un peu plus de diversité dans les Mariannes puisque la France a une population métissée.
Mathilde Larrere, historienne
Mais en quoi cette Marianne, cuvée 2018 et cheveux au vent serait-elle féministe ?
"Une Marianne féministe ? Une icône féministe ? Cela n'a aucun sens historiquement. ! Telle qu'elle est représentée, elle existe sous cette forme-là dans des époques où la question du féminisme n'existait pas. Ce n'est pas parce qu'elle a les cheveux détachés qu'elle est féministe. Mais ça ne serait pas une mauvaise idée de mettre un peu plus de diversité dans les Mariannes puisque la France a une population métissée" remarque Mathilde Larrere, spécialiste des révolutions et de la citoyenneté et maître de conférences à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée.
Dévoilement en cours de Marianne l’engagée.... pic.twitter.com/nw0m8uObeA
— S. Bastide-Bernardin (@sophie_2Leko) July 19, 2018
Une politique pas ambitieuse sur le droit des femmes
Mélanie, étudiante et sympathisante du rassemblement féministe "Nous toutes" et qui s'exprime "à titre personnel" est beaucoup plus acide.Pour la communauté féministe, la Marianne représente beaucoup de choses. Peu importe le Président. On y voit la liberté de la femme et ce personnage est très important.
Mélanie, du collectif Nous Toutes

En 2014, la Marianne choisie par François Hollande avait fait polémique. Les dessinateurs, David Kawena et Olivier Ciapa, avaient expliqué s'être inspirés du visage d'une des fondatrices de l'organisation féministe Femen, Inna Shevchenko.
La Marianne que je préfère sur un timbre restera celle inspirée, par la #femen @femeninna , d'autant plus quelle avait été choisie par un jury de lycéens et avait fait hurler la fachosphère #Périgueux #laïcité pic.twitter.com/8aZfdnJ8ll
— Max R φ(@Max2Jets) July 19, 2018
La nouvelle Marianne est arrivée ! Ce n'est pas @lindagiguere1 mais l'oeuvre d'un artiste de rue. #lhumeurdelinda pic.twitter.com/qkfzXgpWrV
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) July 19, 2018

En France, l’utilisation, comme symbole de la Liberté puis de la République, d’une femme drapée à l’antique portant un bonnet phrygien, trouve son origine à la fin du XVIII ème siècle. Quand éclate la Révolution de 1789, Marianne, « Déesse » de la Liberté, arbore le bonnet phrygien sur une pique avant de le coiffer , un bonnet rouge porté dans l’antiquité par les esclaves nouvellement affranchis. Marianne, nouveau symbole de la liberté prend donc la place du roi sur les monnaies et autres insignes officiels.

C'est à partir de 1870, avec la troisième république et ensuite avec l'arrivée des républicains au gouvernement jusqu’au début du 20 ème siècle, que Marianne va se retrouver dans les mairies, les écoles et les batiments publics.
Au cours du XXème siècle, de nombreuses actrices, voire des miss France, ont servi de modèles pour le buste de la Marianne nationale, de Michèle Morgan en 1972 , Catherine Deneuve en 1985, en passant par Laetitia Casta en 2000, ou la plutôt dénudée Brigitte Bardot, il faut dire que l'on était en 1969, à l'époque des premiers combats féministes, où l'on brûlait son soutien-gorge. Un autre symbole... de liberté!