France : les infirmières, "oubliées", sous-payées

Souvenez-vous ... Au temps du Covid, on les a applaudies tous les soirs à vingt heures, ces premières de cordées, ces milliers de femmes au chevet des malades dans les hôpitaux. Aujourd'hui, une enquête révèle qu'en France, près d'une infirmière sur deux raccroche la blouse, au bout de 10 ans de carrière. 

Image
Infirmières oubliées

Les personnes devenues infirmières en France entre 1989 et 2019 sont de moins en moins nombreuses à occuper, au gré des années, un emploi salarié, selon l'étude de la Drees, (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques).

©AP Photo/Jean-Francois Badias
Partager2 minutes de lecture

Avant même l'épidémie de Covid-19, "près d'une infirmière hospitalière sur deux" avait quitté l'hôpital voire changé de métier après dix ans de carrière, selon une étude menée en France, basée sur "trente ans" d'observation, entre 1989 et 2019.

Dix ans après leur premier poste, seules 54% de ces professionnelles sont toujours salariées d'un hôpital public ou privé, et 11 % restent infirmières salariées, mais pour un autre type d'employeur, comme un Ehpad ou une administration publique, selon cette étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Quelque 7 % changent elles de métier tout en restant salariées du secteur hospitalier, par exemple au sein du personnel administratif, la même proportion devenant salariées dans d'autres fonctions et secteur.

Tweet URL

Le cap des dix ans 

L'étude révèle que la part de celles restées à l'hôpital après dix ans a "décru au fil des générations" : il passe de 60% pour les infirmières ayant débuté entre 1990 et 1994 à 50% pour leurs homologues entrées dans la profession entre 2005 et 2009.

Certaines se tournent vers l'exercice libéral : sur un panel observé entre 2006 et 2019, "13% ont un emploi indépendant cinq ans après leurs débuts, et 17% après dix ans", essentiellement en exercice libéral, parfois mixte (libéral et salarié), rarement au sein d'une autre profession.

Parallèlement, 5% de ces professionnelles n'ont plus aucun emploi en France après dix ans (essentiellement chômeuses, inactives ou parties à l'étranger), une proportion qui monte à 11% après dix ans.

Tweet URL

Des infirmières sous-payées

Si le fait de devenir mère "conduit à diminuer son volume de travail salarié", cela "n’explique pas les sorties de l'emploi", analyse la Drees.

Comment s’étonner que des infirmières sous-payées, en sous-effectif (...) ne restent pas à l’hôpital ? Syndicat national des professionnels infirmiers

"Comment s’étonner que des infirmières sous-payées, en sous-effectif (...) ne restent pas à l’hôpital ?", réagit dans un communiqué le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE CGC).

Malgré le Ségur de la Santé, le salaire Français reste inférieur de 10% au salaire infirmier européen, pointe le syndicat. Le ratio de patients par infirmier atteint lui "souvent le double" des normes internationales. "Alors qu’il y a déjà 60.000 postes infirmiers vacants (...) il y a urgence à agir" avec un "plan Marshall" pour l'hôpital, demande le SNPI.

Tweet URL

 

En janvier et février 2023, plusieurs journées de grève ont été menées par les infirmières, et infirmiers. Deux millions, dont 400.000 à Paris, ont participé aux manifestations #greve7fevrier contre la #ReformeDesRetraites. Les prin­ci­pa­les inquié­tu­des des infir­miè­res concer­nent la prise en compte de la péni­bi­lité dans cette loi.... Seon le SNPI, « 20 % des infir­miè­res par­tent en retraite avec un taux d’inva­li­dité » et qui demande que la péni­bi­lité soit reconnue « au tra­vers d’un départ anti­cipé à la retraite ».

Cette profession, très majoritairement féminine (88 % des effectifs), et travaille principalement à l'hôpital public (49 % des effectifs).

Tweet URL

Lire aussi dans Terriennes :