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Est-ce un effet "Charlie" ? Dix sept mois après l'attentat meurtrier contre le journal satirique, les élèves qui ont répondu au Concours du CLEMI/TV5MONDE-Terriennes/Causette/Les Nouvelles News, ont envoyé beaucoup plus de dessins que lors des éditions 2015 ou 2014.
A retrouver sur Terriennes les lauréats 2014 et 2015
> Et si les femmes pouvaient tout... Bien sûr répondent les participants au concours du Clemi
> Bleu pour les filles, rose pour les garçons. En finir avec les clichés, dès l'école, grâce au concours du Clemi
Mais ces lycéens, collégiens, écoliers de toute la France ont aussi réfléchi, avec talent, à des thèmes très actuels, parfois polémiques, comme la façon de s'habiller, les filières éducatives, les goûts sportifs, ou encore l'absence d'auteures dans les programmes scolaires. Des sujets sérieux qu'ils ont abordé avec les méthodes journalistiques, mais aussi avec humour, une arme très efficace pour déconstruire les stéréotypes. Le jury composé de Isabelle Motrot, pour Causette, d'Isabelle Germain des Nouvelles News, de Sylvie Braibant pour Terriennes et d'un collectif du Clemi a récompensé huit productions sur les 117 reçues composées de 60 articles et 57 dessins.
Les membres du concours "Déconstruire les stéréotypes sexistes" se réunissent en ce moment au #Clemi pour délibérer pic.twitter.com/yhkIHxql0P
— Clemi (@LeCLEMI) 30 mai 2016
Voici donc les premiers prix des catégories lycées, collèges et écoles :
Les filles revêtent leur jogging et rentrent sur le ring : au quotidien, les filles doivent se battre pour affronter les jugements. Une enquête de terrain pour mieux comprendre le phénomène...
Aujourd’hui, au lycée, tout le monde est généralement habillé pareil. Filles comme garçons nous optons principalement pour une tenue jean-basket. Cependant, parfois les garçons adoptent un style plus décontracté en portant des joggings. Avant, nous n’avions jamais vraiment prêté attention à cela, jusqu’au jour où l’une d’entre nous est-elle-même venue en jogging au lycée. Lorsqu’ Héloïse s’est habillée ainsi elle ne s’attendait pas à autant de réactions et de remarques.
T’es en jogging toi ?
C’est pour les mecs !
Suite à ce genre de réactions, nous en avons parlé entre nous et avons décidé de reproduire la chose afin d’analyser le comportement de nos camarades face à ce style vestimentaire qui ne nous semblait pas si choquant. Nous avons alors mis l’expérience en place (1). Durant deux semaines, chaque jour, une personne de notre classe se mettait en jogging et notait les remarques et les attitudes qu’avaient les personnes à son égard. Nous avons fait attention à distinguer les remarques féminines des masculines.
Nous avons alors pu constater que les garçons et les filles réagissaient différemment lorsqu’une fille portait un jogging : les garçons avaient tendance à exprimer leur jugement par la parole, en cherchant à se moquer ouvertement :
Bah tu as sport aujourd’hui ?
T’as oublié d’enlever ton pyjama ?
Aucune meuf peut se mettre en jogging sauf des moches
C'est désespérant !
Ca choque pour une fille
T'as eu la flemme de t'habiller ?
Oh le swag (ton ironique)
Ca fait wesh-wesh
Les filles, quant à elles regardaient de haut en bas tout en émettant des critiques mais de manière détournée, sans s'adresser directement à la personne. Des élèves de la classe infiltrées parmi les « médisantes » ont pu recueillir les propos tenus dans le dos des cobayes :
C’est quoi cette mode ?
Comment elle est habillée, elle ?
Ca me choque d'elle qu'elle mette des joggings !
Ces réactions nous semblent étonnantes dans le sens ou les filles sont à la fois victimes et bourreau: les filles sont critiques envers les autres filles qui sortent de leur « rôle social acceptable », alors qu’elles sont elles-mêmes les premières victimes de ce stéréotype. Le contrôle social est d'autant plus fort qu'il touche des personnes qui nous ressemblent.
Nous avons également remarqué que les garçons de notre classe ayant participé à l’expérience n’avaient suscité aucune réflexion de la part de leurs pairs.
Suite à l’analyse de ces remarques, nous avons conclu qu’il existait bel et bien un code vestimentaire différent selon notre sexe et qu’il y avait des normes et valeurs à respecter si nous ne voulions pas être stigmatisées comme garçon manqué, fille négligée ou encore « racaille ». Les normes et les valeurs de notre société font paraître la fille comme « déviante » lorsqu'elle porte un jogging. C'est-à-dire que l’on est caractérisé comme différent et ne rentrant pas dans un cadre donné.
Ca fait gitan, pouilleux !
On dirait une racaille !
En mode bat les couilles !
Nous pouvons affirmer que l’élégance vestimentaire est un critère dans le rôle social de la femme. Ainsi a pu s'en rendre compte Cécile Duflot en juillet 2012 quand elle arriva à l'assemblée nationale vêtue d'une robe printanière et non en « tailleur » tel que l'impose la panoplie de la ministre. Sifflée par les députés masculins , on lui a rapidement rappelé le « rôle » qu'elle avait à tenir. On peut ainsi penser que l’homme peut se permettre plus de chose que la femme : dans notre cas, porter un jogging sans être jugé.
Nous avons tenu tête face aux remarques reçues, mais n'avons pas réussi à faire changer d'avis ceux qui nous jugeaient. Les normes évoluant avec la société, c'est peut être le temps, notre patience, et surtout le fait de ne pas « céder » qui modifieront le regard porté sur la femme.
Il faut donc être armée d'une bonne dose de courage pour boxer les stéréotypes hors du ring quand on veut être une fille qui s'assume !
Catégories Collèges, 1er prix à Alexandre Alcaïde de 3èmeA, Collège R. Bugatti, 67120 (Bas-Rhin) Molsheim
Les auteurs et auteures, n’ont qu’une différence : leur sexe. Et pourtant, dans beaucoup de cas, les femmes sont désavantagées, ce que je trouve sexiste et inégal. De grandes écrivaines sont connues à partir du XIXe siècle et certaines d’entre elles sont encore connues aujourd’hui (par exemple les sœur Brontë ou Emily Dickinson). Elles étaient au début surtout affectées à la rédaction de romans à l’eau de rose, même si les hommes en écrivaient plus à cette époque. De nos jours, on retrouve les auteures dans tous les domaines d’écriture : livres politiques, sociaux, fantastiques ou encore thrillers. Certes, certaines sont étudiées en cours, telles que Madame de Sévigné, Christine de Pisan, Marguerite de Valois, mais peu arrivent jusqu’aux examens du baccalauréat où on retrouve Flaubert, Balzac et tant d’autres hommes. Pourquoi ? Parce que les professeurs d’aujourd’hui ont étudiés ces auteurs-là ? On pourrait tout aussi bien étudier un roman de Justine Lévi parlant de la relation mère-fille, de la même façon que l’on s’intéresse à Marion Montaigne en sciences, et qui est judicieusement passée par internet. Mais non. C’est ainsi que les enfants reçoivent alors une éducation sexiste qui ne leur fait découvrir que rarement des écrivaines, sauf celles sous pseudonyme (George Sand) ou celles citées plus haut, curieusement sauvées de l’oubli. Tant il est évident que les femmes comprennent mieux les femmes et écrivent donc des livres avec des héroïnes féminines ! Les auteures actuelles sont parfois très connues, comme J.K. Rowling pour n’en citer qu’une, mais ce n’est pas toujours le cas, et je pense qu’une femme peut être libre d’écrire sous son vrai nom. Sinon, pourquoi les hommes ne pourraient-ils pas prendre des pseudonymes féminins ? Mais il y a d’autres cas comme par exemple celui de la dessinatrice Béatrix Potter qui n’a pas été publiée tout de suite, car elle c’était une femme, et que donc son travail n’était pas vraiment sérieux !
Les écrivaines sont payées moins, c’est un fait. Mais pourquoi personne ne leur rajouterait-on pas le tiers du salaire masculin qui leur manque ? Certes, il est vrai que la qualité de leurs écrits est moindre ! Mais malgré cela, l’humanité a évolué, car il y a encore un siècle et demi, aucune femme n’aurait été publiée sans un nom masculin sur la couverture pour lui servir de garant, ou alors son livre serait passé inaperçu, ce qui est tout simplement de l’injustice.
Depuis le début du XXe siècle, 108 prix sur 663 en tout ont été décernés à des femmes et seulement 24% des auteures actuelles ont eu au moins un prix contre plus de 60% pour les hommes : injustice ou mauvais livres ? Je pencherais plus pour la première solution et je pense que cette injustice restera encore longtemps ancrée dans nos mémoires, malheureusement pour elles.
Alors nous, lecteurs d’aujourd’hui, pouvons affirmer que les livres des écrivaines valent autant que ceux des écrivains masculins, par exemple Delphine de Vigan, qui a porté l’attention sur les femmes SDF, dont le nombre augmente énormément de nos jours, grâce à un livre en particulier, intitulé « No et moi ».
C’est aussi l’une des auteures les plus connues aujourd’hui.