Deux tiers des domestiques victimes de violences
Et pour cause, Hong Kong compte 300 000 domestiques. Elles sont pour la plupart originaires de Philippines, de Thaïlande et surtout d'Indonésie. Selon
Amnesty International, elles sont recrutées dans leur pays par des agences qui leur font miroiter des salaires élevés. Arrivées à destination, elles sont à la merci des agences de placement qui les privent de leurs droits : confiscation de leurs papiers d'identité, endettement forcé pour payer leur formation, injection de produits contraceptifs, restriction de leur liberté, sous-alimentation, etc. De leurs patrons, elles subissent des violences physiques graves et travaillent en moyenne 17h par jour. Amnesty International a comparé ces conditions de travail à de "l'esclavage moderne". Dans la dernière
étude sur les domestiques indonésiennes à Hong Kong publiée en novembre 2014 par l'ONG, deux tiers des migrantes interrogées disent avoir été victimes de violences physiques et psychologiques de la part de leurs employeurs.
De "l'esclavage moderne" impuni
Jusqu'ici les autorités fermaient les yeux sur ces délits qu'elles considéraient comme de faible gravité. L'indignation des manifestantes, puis de la presse locale et internationale autour du cas d'Erwiana, a poussé la police de Hong-Kong à agir. Elle a lancé une enquête criminelle fin janvier et a arrêté l'employeuse incriminée alors qu'elle s'apprêtait à fuir vers la Thaïlande. Pourtant Hong Kong, territoire semi-autonome chinois considéré comme protégeant le mieux les domestiques en Asie du Sud-Est, reste une destination prisée par les candidates homosexuelles au travail d'entretien de maison. Pour elles, venues de pays voisins conservateurs (Indonésie et Philippine), Hong Kong est un lieu de liberté, malgré les mauvais traitements infligés.
Pendant ce temps au Maroc
La condition des domestiques n'est pas seulement pointée du doigt en Asie. Au Maghreb, le Maroc est invité à concrétiser son projet de réglementation de ce secteur, afin de renforcer la lutte contre le fléau des "petites bonnes", récemment mis en lumière par la condamnation d'une employeuse pour la mort d'une adolescente victime de sévices.
Fatima, une domestique de 14 ans, était morte en mars 2013 de brûlures aux mains et au visage. En janvier 2014, à Agadir, au Sud du pays, son employeuse a été condamnée à 20 ans de prison. Cette affaire a été perçue comme un symbole du calvaire parfois vécu par les dizaines de milliers de "petites bonnes" marocaines. Le Parlement marocain a inscrit à son agenda un projet de loi du gouvernement visant à réglementer le secteur : salaire minimum (environ 100 euros par mois), jour de repos hebdomadaire, congés annuels ou encore sanctions financières envers les employeurs - jusqu'à 5000 dirhams (450 euros) - en cas d'infraction. Reste que ce texte n'interdirait pas d'exploiter des mineures de 15 ans.