Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on ne s’y attendait pas. Cette Brésilienne, avec sa Gibson à pois roses, brise tous les clichés liés à l’islam. Et n’a pas la langue dans sa poche.
Une sensation. «
Une rock star comme vous n’en avez jamais vue », selon le New York Post. Mais il faut absolument aller à sa «
rencontre », clame l’Express Tribune pakistanaise. Brésilienne, elle s’appelle Gisele Marie Rocha, est musulmane et accompagne depuis 2012 le groupe de heavy metal de ses frères,
Spectrus. Certains parlent même de death metal.
Petite-fille de catholiques allemands exilés, elle s’est convertie à l’islam à la mort de son père en 2009.
Mais ce qui est sensationnel, précisément, c’est que le Web vient de la découvrir en train de jouer sur sa Gibson Flying V lors d’un concert à São Paulo… en niqab ! Tout le monde parle de « burqa », mais en réalité, son voile comporte une fente pour les yeux, sans grillage. Mais peu importe, en fin de compte, car il suffit de taper les quatre mots « Gisele Marie heavy metal » sur Twitter pour se rendre compte à quel point cette musicienne pour le moins atypique fait parler d’elle !
Devenue phénomène sur twitter
Son abaya lui «
couvre entièrement » le visage, à l’exception de ses yeux bleu-vert, donc, explique Paris Match, «
aussi bien en concert que lors de l’enregistrement de ses chansons ». Il n’y a que «
ses gants qu’elle enlève pour jouer de la guitare », laissant voir ses mains tatouées. La scène est alors tellement étonnante que la tentation est grande de tourner cela en ridicule, comme le fait par exemple @omarwallace72 sur Twitter, en écrivant, avec moult fautes d’orthographe et de syntaxe ici corrigées: «
Daech n’a rien compris: l’avenir de la burqa est dans le heavy metal ! Ah, celle-là, jamais je n’aurais osé, mais là… » Mais non, répond-elle plutôt.
« Evidemment, c’est plutôt inhabituel, et ça choque beaucoup de gens, mais d’autres trouvent cela plutôt intéressant, voire cool », dit-elle. C’est que cette femme de 42 ans, dit le quotidien de Karachi, «
brise tous les stéréotypes des femmes qui portent le voile ». «
Avec sa Gibson rose à pois […], elle ne ressemble pas vraiment à l’image typique que l’on se fait de ce genre de musicienne », renchérit Le Monde. Ça mérite le respect, comme le twitte cet internaute pakistanais :
Elle tient donc « à porter sur scène ce qu’elle considère comme la marque de sa foi, […] y voit un symbole de tolérance et ne perçoit aucune contradiction entre ses croyances et les thèmes souvent sulfureux de la musique metal ».
D’ailleurs, « dans le groupe, tous sont de confessions différentes ». Et Slayer, par exemple, ajoute-t-elle dans Le Point, « chante sur des sujets satanistes mais tous ses membres sont des chrétiens pratiquants. Ce n’est pas du tout incompatible. C’est mon travail, ma profession et dans le même temps je suis musulmane. L’un n’a rien à voir avec l’autre ».
Qui est-ce que cela regarde ?
N’empêche, qui aurait pensé se trouver face à elle un jour, même virtuellement, sur une scène musicale où l’on voit généralement plutôt « des masques qui donnent la chair de poule et des musiciens ou des chanteurs nus qui se couvrent le corps de sang », écrit Die Welt. Sur sa page Facebook personnelle, où elle souhaite qu’Allah soit avec tous ses amis, elle ajoute que « son intérêt central, c’est la musique, rien que la musique. C’est par hasard que je suis musulmane. Je pourrais aussi être chrétienne, bouddhiste ou agnostique, qui est-ce que cela regarde ? ».
C’est bien vrai, ça. Peu respectueuse des conventions qu’on pourrait attendre d’une musulmane soumise telle que les Occidentaux se la figurent souvent, elle aurait pu aussi répondre : « Mais qu’est-ce que ça peut bien vous f… ».
Article publié sur le site de notre partenaire Le Temps, le 24 septembre 2015